Maroc : le cri de détresse des éleveurs de Fès-Meknès face à la sécheresse
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La région du Souss-Massa est secouée par une grave sécheresse qui, si rien n’est fait, risque de saper totalement l’agriculture pourtant considérée comme étant l’activité principale de cette partie du pays.
« Le déficit en eau de surface est de 94 %. Nous n’avons jamais observé pareille chose à l’échelle du bassin : c’est inquiétant ». Ainsi s’est exprimé Abdelhamid Aslikh, responsable à l’Agence des bassins hydrographiques pour la région. A Agadir, tout comme dans plusieurs autres communes de la région Souss-Massa, dont entre autres, Dchira, Inzegane, Ait Melloul, Drarga, Taghazout, le phénomène a atteint un seuil inquiétant.
Les agricultures qui sont les plus touchés, ne savent plus à quel saint se vouer. Confrontés au manque d’irrigation par les barrages, ils sont obligés d’attendre les pluies qui se font rares ou de puiser dans une nappe phréatique surexploitée depuis des années, constate La Croix. Face une situation aussi critique, les dégâts économiques ne se comptent plus. « Certains agriculteurs se retrouvent à arracher certaines variétés d’agrumes pour ne se concentrer que sur celle qui est le plus rentable », explique Lhoussaine Bouchaou, professeur à l’Université Ibn Zohr à Agadir et affilié à l’Institut International de Recherche en eau de l’Université Mohammed VI Polytechnique. « C’est le seul moyen pour eux de ne pas se retrouver sur la paille », appuie-t-il.
Première activité génératrice de revenus dans la région, avant même la pêche maritime et le tourisme, l’agriculture a permis à Agadir et sa région de s’imposer comme leader dans l’exportation d’agrumes et de primeurs au Maroc. L’intense activité agricole est la cause fondamentale de la sécheresse actuelle que connaît la région, d’après Lhoussaine Bouchaou. En effet, « 90 % de notre eau est consommée par l’agriculture. C’est dû à l’important export des fruits et légumes, notamment les agrumes, que vous retrouvez dans vos supermarchés », fait-il observer. Parmi les mesures expérimentées pour corriger ce déficit en eau, la région a décidé de réduire l’accès à l’eau de ses millions d’habitants. Ainsi, en coupant l’eau dans tous les foyers, de 22 heures à 5 heures du matin, la région a pu économiser 20 % de l’eau gaspillée la nuit. Cependant, il s’agit là d’une « mesure de précaution qui ne saurait être prise pour une solution durable dans le temps. Il faut apporter une réponse concrète », insiste Lhoussaine Bouchaou.
Le phénomène de la sécheresse que connaît la région n’est pourtant pas inconnu du gouvernement qui depuis des années, multiplie les stratégies pour corriger la situation. C’est ainsi qu’en 2008 déjà, une grande mesure pour le secteur agricole dénommé « le Plan Maroc Vert », avait été lancé avec pour ambition d’améliorer les moyens de production et les revenus des petits agriculteurs, souligne le ministère de l’Agriculture, notant que cette stratégie « a permis l’économie de deux milliards de mètres cubes d’eau d’irrigation ». Cette année, le gouvernement a introduit le plan « Génération Green 2020-2030 » – accompagné du plan « Forêts du Maroc » – visant à investir davantage dans ce même secteur, en multipliant au passage la création d’emplois.
L’année prochaine, le gouvernement compte finir avec la sécheresse dans la région Souss-Massa, où le déficit annuel des ressources souterraines est estimé à 90 millions de m3. La solution envisagée par les autorités, est l’installation notamment à Agadir, d’une usine de dessalement de l’eau de mer. Selon les prévisions, ladite usine devrait « combler le déficit en eau potable de la région et permettre d’irriguer de nouveau une partie des terres agricoles », indique la même source.
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