Maroc : cette ville veut changer de nom

5 juillet 2025 - 23h30 - Maroc - Ecrit par : S.A

Au Maroc, des voix s’élèvent pour réclamer le changement du nom de la ville de Souk El Arbaa du Gharb, située dans la province de Kénitra. Cette revendication intervient après que la députée de l’Union socialiste des forces populaires Aïcha El Karji a soumis une question écrite au ministre de l’Intérieur à ce sujet. Quid du bien-fondé de cette démarche ?

« La demande concerne le changement du nom de la ville, car elle n’est plus un souk comme son nom l’indique, mais une ville à part entière, et que le nom actuel entrave son développement », explique à Hespress un acteur associatif dans la ville de Souk El Arbaa du Gharb et président de l’Association de la jeunesse pour le développement humain. Selon lui, si la majorité des habitants soutiennent cette initiative, c’est parce qu’ils la considèrent comme un moyen d’accélérer le développement, « bien que la procédure ne soit pas aussi simple qu’on pourrait le croire, puisque des tentatives précédentes ont échoué dans ce même objectif ». Pour l’ancien coordinateur de l’Union des associations de la société civile de la même ville, « continuer à utiliser le même nom perpétue une perception négative de cette zone urbaine, ce qui freine son développement ».

À lire : Agadir : la suggestion de noms juifs pour les rues fait polémique

Un spécialiste en gouvernance territoriale et en politiques d’inclusion, abonde dans le même sens : « Le débat sur les revendications de changement de noms de certaines villes ou collectivités territoriales, sous prétexte que le nom actuel ne reflète plus le développement urbain ou démographique, est important et légitime. Les citoyens ont le droit d’interagir avec ce débat, qu’ils y soient favorables ou non, car cela exprime leur sentiment d’appartenance ». Selon lui, ce débat doit s’inscrire dans une dynamique participative n’excluant aucune partie concernée, qu’il s’agisse des élus ou des acteurs économiques, afin de formuler une vision qui reflète un consensus aussi large que possible.

« Le nom d’une ville en particulier n’est pas un détail anodin, et son changement aurait un impact important tant sur les aspects immatériels (image, perception) que matériels (fiscalité locale, documents administratifs et de communication émis avant le changement du nom, etc.) », a-t-il précisé. Il indique la démarche à suivre : il est nécessaire que ces revendications passent par les mécanismes de plaidoyer prévus par la loi (pétitions, motions), afin de les transmettre aux conseils concernés, qui devront inscrire la demande de changement dans les procédures légales afférentes aux modifications de noms de villes ou de collectivités territoriales, à commencer par leur approbation lors des sessions du conseil.

À lire : Appel à la suppression des noms français des rues marocaines

« À mon avis, dans le cas d’un changement de certains mots dans les noms de collectivités, comme ‘Souk de…’, il vaudrait mieux intégrer ce changement dans une démarche globale qui concernerait également les autres collectivités ayant le même cas, évidemment dans une approche participative et concertée avec les conseils concernés », estime le spécialiste en gouvernance territoriale et en politiques d’inclusion. Selon lui, cela permettrait d’assurer la cohérence administrative, le respect des lois, et la préservation de l’identité historique et culturelle des lieux tels qu’ils sont perçus par les habitants et les administrations concernées (comme le ministère de la Culture, par exemple).

Il suggère en outre d’aborder ce sujet avec sérieux, en gardant à l’esprit que changer l’image d’un territoire et sa capacité d’attractivité nécessite plus qu’un simple changement de nom. Il est « également nécessaire d’améliorer la gouvernance locale, d’encourager un comportement civique responsable, de se soucier de l’environnement durable, de promouvoir les dynamiques culturelles et sociales, de miser sur l’attractivité économique et de renouveler les élites politiques locales, afin que le nouveau nom (de la ville ou de la collectivité territoriale) reflète une nouvelle réalité positive », a-t-il conclu.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Souk Larbaa - Ministère de l’Intérieur (Maroc)

Aller plus loin

Agadir : la suggestion de noms juifs pour les rues fait polémique

La proposition d’une association de rebaptiser certaines rues et installations publiques de la ville d’Agadir en hommage à des personnalités juives marocaines passe mal.

Un première médicale à l’hôpital Mohammed VI de Bouskoura

L’Hôpital universitaire international Mohammed VI de Bouskoura vient de réaliser une nouvelle prouesse chirurgicale. Le 15 septembre dernier, une équipe de chirurgiens a réussi...

Appel à la suppression des noms français des rues marocaines

Le parti de l’Istiqlal (PI) appelle à la suppression des appellations françaises des rues marocaines. Son groupe parlementaire à la chambre des représentants demande au ministre...

Un prénom marocain gravé à jamais sur la peau d’Evenepoel

Le cycliste belge, Remco Evenepoel, a désormais son épouse marocaine dans la peau. Il vient de tatouer son prénom Oumaïma « Oumi ».

Ces articles devraient vous intéresser :

Piscines : le Maroc impose des règles strictes

Abdelouafi Laftit, le ministre de l’Intérieur, a assuré que les Walis des régions et les gouverneurs des préfectures et provinces sont instruits aux fins de veiller au respect strict des mesures visant à rationner l’eau, notamment l’interdiction du...

Taxis : le Maroc veut tourner la page du chaos

Au Maroc, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit a décidé de mettre fin au chaos des chauffeurs de petits et grands taxis à travers la mise en place de mesures administratives et organisationnelles mais aussi la prise de mesures coercitives à...

La viande consommée par les Marocains dangereuse pour la santé ? un ministre répond

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a assuré du bon état des abattoirs et de la qualité de la viande qui en est issue. Ceci, en réaction aux propos d’un conseiller parlementaire qui a dénoncé l’absence de maintenance des équipements et de...

Maroc : des nouveaux bus dans tout le pays

Le ministère de l’Intérieur a annoncé le lancement d’un vaste plan de modernisation du secteur des transports urbains dans les collectivités du pays. Doté d’une enveloppe de 11 milliards de dirhams, ce programme promet de transformer en profondeur les...

Taxis au Maroc : Fini les arnaques ?

Au Maroc, de nombreuses licences ont été retirées aux chauffeurs de taxi qui ne sont pas en règle. Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, assure que son département s’évertue à soutenir et à accompagner diverses initiatives visant à moderniser les...

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...

Les restaurateurs marocains accusés d’empoisonner leurs clients

Les propriétaires des cafés et restaurants ont rejeté les accusations de fraude formulées contre eux par une députée du Rassemblement national des indépendants (RNI). Celle-ci a adressé une question écrite au ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit...

Maroc : gardiens illégaux et parkings saturés, les autorités appelées à réagir

Le groupe Haraki à la Chambre des représentants a interpellé le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, sur l’organisation des parkings dans les grandes et moyennes villes comme Marrakech où, le stationnement est devenu compliqué.

Maroc : hammams fermés, SPA ouverts, le grand paradoxe

La décision du ministère de l’Intérieur de fermer les hammams trois jours par semaine aura des conséquences négatives sur les employés du secteur, a alerté Fatima Zahra Bata, la députée du Parti de la justice et du développement (PJD).

Maroc : des promoteurs immobiliers sous haute surveillance

Le ministère de l’Intérieur dirigé par Abdelouafi Laftit mène une lutte contre l’évasion fiscale dans le secteur de l’immobilier. Dans son viseur, les promoteurs immobiliers qui ne paient pas la taxe sur les terrains non bâtis (TNB) et certains...