Esclavage moderne d’une marocaine : elle réclame 150.000 €

9 septembre 2008 - 16h46 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Selon son avocat, Zoubida travaillait dix-sept heures par jour sans rémunération. Cette Marocaine aurait été exploitée deux ans par un couple à la Grande-Borne.

Thénardier des temps modernes ou couple hospitalier victime d’une manipulation ? Les juges du tribunal d’Evry trancheront le 22 septembre prochain. En attendant, l’opinion du procureur Tony Skurtys est faite. Pour le magistrat, il ne fait aucun doute que l’affaire appelée hier à la barre est un cas emblématique d’"esclavage moderne".

Sur le banc des prévenus : Mohamed, sa soeur Aziza et sa femme, Natacha. Quinze mois de prison ont été requis contre le premier, douze et quatorze mois avec sursis contre les autres. Tous les trois sont poursuivis pour avoir exploité pendant deux ans Zoubida, dans leur appartement de la Grande-Borne, à Grigny, puis dans la maison du couple à Charmont-en-Beauce (Loiret).

Exploitation ou manipulation ?

Deux ans pendant lesquels la jeune femme, marocaine analphabète, « a été utilisée comme un objet, dénonce David Desgranges, avocat du comité contre l’esclavage moderne (CCEM), qui s’est porté partie civile. En tout et pour tout, seulement 150 € ont été envoyés à sa famille restée au Maroc. Une somme ridicule ». Au titre du préjudice moral et d’arriérés d’un salaire dont Zoubida n’a jamais vu la couleur, il a demandé 150 000 €. Pour l’accusation, Zoubida a été ramenée du Maroc par Mohamed et sa femme au terme d’un accord avec sa famille. Du côté des prévenus, on assure être allé chercher la jeune femme dans le Nord, où elle résidait chez une tante qui ne pouvait plus l’accueillir. Immédiatement, « ils m’ont confisqué mon passeport », raconte Zoubida via un interprète. Ses tâches quotidiennes : se lever pour le biberon du petit dernier, faire la cuisine, travailler le week-end pour nettoyer les chantiers de Mohamed, entrepreneur dans le bâtiment, et laver le linge. « A la main, décrit Zoubida. La machine, c’était que pour les jeans. »

Sa chambre : le salon familial. Et quand elle sort c’est pour aller remplacer Aziza, qui fait le ménage dans un bâtiment du conseil général. Zoubida récure. Aziza encaisse l’argent. Elle est poursuivie pour escroquerie. « La famille a pressé le citron, et elle, elle a fait craquer les pépins », décrit Tony Skurtys. « Elle travaillait dix-sept heures par jour », estime David Desgranges.

« C’est pas possible, c’est pas un Hercule cette fille, s’agace l’avocate de la défense, Jeanne Thom Mbeleg. Tout ce dossier est truffé de mensonges. Cette fille est une manipulatrice. Elle a oublié toutes les dates. Mes clients sont victimes de leur générosité. Ils l’ont accueillie. Elle a donné un coup de main. C’est normal. »

Source : Le Parisien - Nicolas Jacquard

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Faits divers - Droits et Justice - Le Havre - Esclavage moderne

Ces articles devraient vous intéresser :

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

Litige en copropriété au Maroc : la justice donne raison au résident

La justice marocaine a débouté un syndic de propriétaires qui demandait d’enjoindre un résident à s’acquitter de la somme de 5 700 dirhams correspondant aux cotisations mensuelles.

Blanchiment d’argent : la justice marocaine frappe fort

Le Maroc a réalisé des avancées significatives dans sa lutte contre le blanchiment d’argent. C’est ce qui ressort du septième rapport annuel de la présidence du ministère public, publié le 6 mars 2024. Ce document officiel montre une évolution positive...

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.

Tarik Tissoudali condamné

Décidément, la semaine est décidément noire pour Tarik Tissoudali. Après s’être attiré les foudres de son club, La Gantoise, pour des critiques acerbes suite à la défaite contre le Standard, l’attaquant de 30 ans a été condamné vendredi par le tribunal...

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

Hassan Iquioussen vs Gérald Darmanin : la justice se prononce aujourd’hui

Le tribunal administratif de Paris examine l’arrêté d’expulsion de Hassan Iquioussen, pris par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en juillet 2022. Cette audience déterminante permettra de statuer sur la possibilité de l’imam de revenir en...

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Autoroutes du Maroc sous le feu des critiques

La Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) a été condamnée à plusieurs reprises pour négligences dans l’entretien des routes et la protection des usagers. Des décisions de justice qui font suite à des accidents causés par des animaux errants,...