L’enfer des Marocains bloqués aux îles Maldives

21 mai 2020 - 11h30 - Maroc - Ecrit par : I.L

Les Îles Maldives, un lieu paradisiaque, sont devenus un enfer pour ces 35 Marocains qui y sont bloqués à cause de la pandémie du covid-19. S’estimant oubliés par le Maroc, ils lancent un appel de détresse aux autorités compétentes, après plusieurs tentatives infructueuses de rentrer au pays.

Après plus de deux mois d’attente à espérer un rapatriement, les 35 Marocains, répartis dans quatre petites îles, séparées par des centaines de kilomètres, ne savent plus à quelle porte frapper, rapporte Médias24. Alors qu’ils attendaient tous une solution du chef du gouvernement marocain, lundi dernier devant la chambre des représentants, ils ont perdu tout espoir après l’omission (volontaire) de leur cas dans l’intervention d’El Othmani au parlement. Quatre Marocains parmi les 35 bloqués dans les Îles Maldives racontent l’enfer vécu au quotidien. Khawla, Sara, Oussama et Badr sont unis par ce destin commun, même s’ils vivent à plusieurs dizaines de kilomètres l’un de l’autre.

Khawla, 28 ans, est originaire de Safi. Elle est réceptionniste dans un hôtel situé dans une île de 1,5 km2 depuis 2 ans. Sara, 26 ans, pour sa part, travaille dans la relation client dans un autre Resort. Diplômée en Risk Management de la Faculté de Ain Sbaâ de Casablanca, elle est arrivée aux Maldives en août dernier. Badr est directeur Sales & Marketing d’un établissement hôtelier et assure pour son entreprise la région Europe, depuis Agadir où il vit avec son épouse et sa fille de 2 ans. En déplacement aux Maldives pour des réunions avec le staff dirigeant, le 13 mars dernier, deux jours avant la décision du Maroc de fermer ses frontières au reste du monde, il n’est plus rentré. Quant à Oussama, 25 ans, il est diplômé en Dessin de bâtiment de l’OFPPT. Après plusieurs expériences à l’international, il a atterri aux Maldives en novembre 2019 pour travailler dans l’événementiel.

Ils sont désormais seuls sur l’île avec des Sri Lankais, des Indiens et quelques citoyens du Bangladesh qui n’ont pas pu quitter l’archipel. Condamnés à rester en dépit du congé accordé à tout le personnel pour cause de covid-19, les quatre Marocains continuent de vivre dans les hôtels où ils travaillent, logés dans les chambres réservées au staff et non les luxueuses réservées à la clientèle richissime de l’État insulaire, assurent-ils. Ils estiment avoir été abandonnés par leur pays alors que le Népal, pays pauvre, a affrété tout récemment un avion militaire pour rapatrier tous ses concitoyens.

"Égyptiens, Tunisiens, Allemands, Français, Japonais, Chinois, Malais… Tous nos collègues ont eu droit à des vols spéciaux pour rentrer chez eux. Mais pas nous. Je me suis sentie humiliée par cette situation. Un sentiment de honte. Je n’arrivais pas à expliquer à mon patron pourquoi le Maroc ne voulait pas nous rapatrier. Il ne comprenait pas. Il était choqué autant que moi", se désole Khawla. Ils sont obligés de subir les affres de la faim et vivent sans le minimum de soins sanitaires. "Depuis la fermeture des hôtels et de leurs cuisines, des petites cantines ont été improvisées pour nourrir les quelques dizaines de personnes restées sur place. Au menu de tous les jours : des omelettes, du riz au curry ou du riz blanc et du thon. C’est ce qu’on mange tous les jours. C’est insipide. Surtout pour le f’tour du ramadan. Je donnerai tout ce que j’ai pour une harira…", lâche, toute désespérée, Sara.

Lassés d’avoir tant attendu, ils ont fait appel à l’ambassade du Maroc en Inde. Elle avait proposé une solution qui n’a plus abouti : réunir le groupe dans un hôtel en Inde. "J’ai appelé un jour notre contact à l’ambassade pour le supplier de nous envoyer juste de la nourriture. Car, on ne mange rien. J’étais en pleurs. Mais là aussi, il n’y avait pas de solution", raconte Sara… On ne peut plus continuer à vivre comme ça. C’est l’enfer", poursuit-elle. Pour Sara, l’annonce du prolongement du confinement au 10 juin les a encore plus découragés. "3 semaines de confinement de plus au Maroc, c’est au moins 3 mois d’exil supplémentaire pour nous", confie Sara, toute attristée.

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