Mauvais traitement des mineurs immigrés en Espagne

16 août 2003 - 19h33 - Espagne - Ecrit par :

Angeles Ramírez, professeur d’anthropologie sociale de l’université de Madrid, vient de dénoncer, encore une fois, le mauvais traitement que subissent les émigrés mineurs en Espagne, rapporte Europa Press.

Après plusieurs critiques essuyées par le gouvernement espagnol de la part de plusieurs ONG de renommée internationale, pour sa gestion désastreuse du dossier des mineurs non accompagnés vivant sur son territoire, le professeur universitaire constate que bien que la loi leur garantisse le droit à leurs papiers donc à la régularisation automatique de leur situation et à un accueil adéquat, ces enfants continuent d’être traités comme des illégaux.
Le professeur universitaire qui dirige un séminaire sur “L’autre immigration : l’immigration des mineurs non accompagnés”, initié au début de la semaine par l’Université internationale de l’Andalousie, estime que la situation de ces mineurs présente un double aspect d’étude dicté par leur état d’émigrés et leur statut de mineur.

Ramírez dénonce ainsi les irrégularités commises à l’encontre des mineurs. Leurs droits sont bafoués, et ils sont expulsés de leur pays d’accueil sans garantie aucune, s’insurge la directrice du séminaire. La loi garantit pourtant aux enfants mineurs le droit à ce que des enquêtes soient menées pour que soient identifiés leurs parents et le gouvernement espagnol doit s’assurer que ces mineurs seront accueillis dans les meilleures conditions une fois décidé leur retour dans leur pays, le Maroc.

Le professeur espagnol réfute également les stéréotypes et les préjugés dont sont victimes ces mineurs. Les mineurs non accompagnés résidant en Espagne, dénonce-t-elle, sont tous considérés non comme des enfants vivant au sein de leurs familles et que des conditions de vie précaire les ont obligés à tenter l’aventure de la traversée, mais comme des enfants de rues.

Angeles Ramírez, constate, par ailleurs, un changement dans les relations maroco-espagnoles en matière d’émigration. Le Maroc est devenu, affirme le professeur, une terre de transit pour les émigrés subsahariens, et de ce fait, assume un rôle plus important au niveau du contrôle de l’émigration illégale.

Aussi, assure le professeur madrilène, des mesures importantes ont été entreprises dans notre pays pour endiguer le phénomène en procédant notamment à l’arrestation de centaines de candidats à l’émigration. Effort qui demeure toutefois insuffisant vu que des mesures similaires n’ont toujours pas été entreprises à l’encontre des réseaux du trafic des vies humaines, l’essentiel de ces efforts étant concentré sur l’interception des candidats à la traversée clandestine.

Dans le même contexte et concernant la criminalité au sein des groupes des émigrés en Espagne, une étude réalisée récemment indique que le nombre des délits commi par les émigrés en situation irrégulière sont équivalents à ceux des membres régularisés de la communauté des émigrés. Les statistiques publiées par le “Plan permanent du contrôle de l’émigration” de la Guardia Civil, concernant le premier semestre de l’année en cours, estime, rapporte Europa Press, le nombre des délits commis les émigrés à 10.385 dont 52% sont reprochés aux résidants illégaux.

Selon les mêmes statistiques, les émigrés ont perpétré durant cette même période, entre autres, 4.706 vols, 1.320 délits de trafic de drogue et 822 agressions.

Les mêmes chiffres indiquent que les membres de la communauté marocaine occupent la tête de liste des malfaiteurs avec 3.228 délits dont 57% reprochés aux “sans-papiers”, suivent les Romains avec un peu plus de 1500 délits. La Guardia Civil a opéré pendant ces six premiers mois, quelque 22.000 détentions, dont plus de la moitié pour infraction à la loi des étrangers.

Libération

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