Meurtre de Soufiane Benali à Forest (Belgique) : des policiers impliqués dans une fuite d’informations

Trois ex-membres de la brigade de proximité Silva à Forest, dont deux toujours employés à la zone de police Bruxelles-Midi (Anderlecht, Forest et Saint-Gilles) risquent la prison pour avoir notamment envoyé la photo de Mohamed-Amine Dardour, présumé auteur de l’assassinat de Soufiane Benali, jeune homme de 23 ans, surnommé « Nana » tué en juillet 2020 à Forest, aux délinquants du quartier connus sous le nom de « shérifs ».

Des soucis pour Philippe N., son fils Dorian N., policiers en fonction et David F., ancien policier. Ils sont poursuivis pour faux et usages de faux, violation du secret professionnel et de l’instruction, ainsi que d’association de malfaiteurs. Ces trois ex-membres de la brigade de proximité Silva à Forest ont comparu mardi devant la chambre des affaires spéciales du tribunal correctionnel de Bruxelles. Faits reprochés : établissement d’un faux procès-verbal ne mentionnant pas des coups reçus par un des suspects de l’assassinat de Soufiane Benali, le 5 juillet 2021, rue Alfred Orban à Forest ; envoi de la photo du présumé tireur à l’époque, Mohamed-Amine Dardour, à des délinquants du quartier connu sous le nom des « shérifs ».

Il leur est reproché de les avoir incités à pourchasser le suspect jusqu’à Marseille alors même que l’un d’eux se trouvait sous surveillance électronique. La semaine dernière, le magistrat a requis entre 15 et 20 mois de prison à leur encontre. Leurs avocats reprochent, à leur tour, au ministère public « un manque de clarté quant aux préventions qu’il reproche aux trois ex-membres de la Silva et dès lors l’impossibilité pour leur client de comprendre et de se défendre correctement », rapporte La Dernière Heure. Ils penchent pour l’obscuri libelli, soit une irrecevabilité des poursuites. Ils plaident en outre l’acquittement pour l’ensemble des préventions.

« Je ne suis pas ce flic ripou pour lequel on veut me faire passer. […] Quel intérêt aurais-je eu à laisser des petites frappes du quartier, que je ne connais pas, aller chasser d’autres petites frappes ? Tout juste pour la gloriole ? », interroge Philippe N. lors de son dernier mot. Il reconnaît tout de même avoir commis une erreur de discernement – en envoyant la photo BNG de Dardour aux shérifs – qu’il assume et qu’il regrette profondément.

Le verdict est attendu le 13 juin prochain.