D’autant que l’enjeu mérite bien qu’elles fassent quelques sacrifices : devenir LA star qui représentera, selon les termes de l’agence, notre pays durant une année dans toutes les manifestations internationales : Miss World, Miss Europe, Miss Monde, réceptions diplomatiques et œuvres de charité, et la liste des avantages s’allonge. Alors que nos Miss rêvassent déjà à un avenir de strass et de paillettes, les organisateurs, eux, s’emmêlent à régler les derniers détails pratiques, à savoir, mettre en place la politique de l’entonnoir pour ne garder que 24 candidates qui représenteront aussi bien les principales villes que le monde rural. Tandis qu’entre les deux souffle le vent inévitable de la contestation. Le PJD, exploitant ces moments de confusion, en profite pour attirer l’attention sur lui. Les islamistes voient en ce festival une véritable insulte à la femme musulmane et un outrage à l’Islam.
A travers leur organe de presse " Attajdid ", ils accusent Anas Jazouli, l’organisateur du festival, d’être Le " Salman Rushdie du Maroc ". Que M. Jazouli tire le diable par la queue en maintenant son festival, ne semble nullement déranger les 14.000 diablesses qui ont répondu à son appel, fermement décidées à se pavaner sur les planches afin d’être retenues pour le 27 avril prochain. D’ailleurs, pour l’une des candidates, il s’agit là d’une déviation du sens de l’Islam. Et ce n’est pas parce qu’elles vont parader devant un parterre hétéroclite d’hommes et de femmes qu’elles ne seront plus musulmanes.
Le patron du festival ne prête pas non plus grand intérêt à la diatribe des islamistes. Dans une déclaration à un journal espagnol, M.Jazouli réitère son désir de maintenir la manifestation coûte que coûte. " Les islamistes ne vont pas nous vaincre. Nous sommes disposés à aller jusqu’au bout. Le concours de Miss Maroc est plus qu’un festival, c’est la liberté individuelle et la tolérance qui sont en jeu. Il y a des milliers de jeunes filles marocaines qui nous ont confié leurs illusions ".
Pour lui, il est clair que les propos de ses détracteurs ne reflètent en rien les sentiments de notre société. Il s’agit là du simple discours préélectoral.
Heureusement pour lui, car sinon, il devra gérer 14.000 désillusions. Ce qui, en soi, n’est pas une mince affaire.
L’indépendant