Originaire de Tanger, Miss Raisa, 26 ans, est une rappeuse qui s’est révélée il y a trois ans, peu avant le confinement. Elle avait sorti à l’époque ses premières chansons qui ont connu un franc succès sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, elle compte plus d’un demi-million de followers. Il y a quelques mois, la jeune femme a décidé de retirer son voile, une décision qui a suscité une avalanche de critiques et d’insultes de la part des internautes qui ne la considéraient plus comme une musulmane. Harcelée et menacée, elle a dû bénéficier d’une protection policière, fait savoir El Confidencial.
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Miss Raisa, mère d’une fille née d’un mariage arrangé, étudie aujourd’hui la psychologie, participe à des émissions de radio et assiste à des rencontres comme le récent Forum culturel de Valladolid consacré à la haine. C’est dire à quel point sa voix compte dans les médias. « J’aime quand les gens ne sont pas d’accord avec moi. Mais le problème est que la haine monte au fur et à mesure que vous gagnez en visibilité et que votre message devient de plus en plus important. Et le gérer n’est pas une tâche facile. Il faut s’entourer des gens qui vous aiment et rester dans un environnement qui garantisse votre sécurité, sinon vous pouvez être affectés psychologiquement », explique-t-elle.
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La rappeuse confie avoir vécu un moment très difficile après sa décision de retirer le voile. « J’ai dû changer d’école à ma fille, je savais qu’il y avait des patrouilles de police à côté de chez moi… L’humour m’a aussi beaucoup aidé à faire face à tout ça, sinon j’aurais sombré dans la misère », avoue-t-elle, ajoutant qu’elle a pris du recul pour analyser la situation sans passion et de façon plus rationnelle. « Une des choses qui m’attriste, c’est qu’au final on ne se focalise jamais sur la personne mais sur ce que tu portes… Et oui, avant j’étais la femme voilée, puis maintenant celle qui a enlevé le voile. En tant qu’artiste, je pense que je suis un être humain et que mon intention est bonne », précise Miss Raisa.
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La jeune Marocaine partage l’avis de l’écrivaine Najat El Hachmi qui est contre le port du voile par les femmes musulmanes. « Oui, les musulmanes sont utilisées pour instrumentaliser l’Islam, pour mesurer l’islam et le pouvoir masculin dans la société […] Il y a des débats que je n’ouvre pas avec ma famille, car je sais qu’ils n’aboutiront à aucune conclusion… J’adore vivre en Espagne. Il y a des gens qui sont racistes en Espagne comme partout dans le monde, mais ma condition d’être dans deux cultures et deux pays m’autorisent à affirmer qu’il y a autant de racisme au Maroc qu’en Espagne. Je dirais même qu’au Maroc, il y a plus de racisme qu’en Espagne », a-t-elle conclu.