« Cette crise a été imposée au CFCM par les quatre fédérations (FFAIACA, GMP, MF, RMF) pour des raisons obscures et non clairement avouées », a-t-il déclaré dans une interview accordée à Saphirnews. Il dit s’être abstenu de réagir à leur sortie, car il y voyait une forme d’indécence. Selon lui, cette période de crise sanitaire ne s’y prête pas. « Nos concitoyens pourraient voir dans cette énième crise une forme d’indécence et ils auraient raison. Le slogan du “tous pourris” a frappé l’instance représentative du culte musulman et j’en suis triste », a-t-il fait remarquer, avant de faire savoir que ces fédérations lui reprochent.
« Elles m’ont attaqué d’avoir organisé une réunion du bureau du CFCM pour nommer un nouvel aumônier national des prisons. Or le principe de cette nomination a été acté à l’unanimité en mars 2020, au même titre que la nomination du nouvel aumônier en chef des armées, intervenue sans heurts en janvier 2021 », a expliqué Mohammed Moussaoui, rappelant que le CFCM s’est engagé auprès du ministre de la Justice en octobre 2020 à restructurer l’aumônerie musulmane des prisons et à mettre en place un plan de lutte contre la radicalisation dans le milieu carcéral.
« Plus surprenant encore, la veille même de la réunion contestée, l’ambassadeur de Turquie a été invité à un déjeuner à la Grande Mosquée de Paris. Certains attribuent au recteur des déclarations selon lesquelles c’est l’ambassade de Turquie qui aurait donné l’ordre aux deux fédérations de ne pas signer la charte des principes de l’islam. Où est la cohérence dans tout cela ? », s’interroge le président du CFCM, soulignant que ces crises successives sont les symptômes d’un mal profond qu’il convient d’identifier. « Il faut en chercher les causes en dehors de ces prétextes qu’aucune personne sensée ne peut prendre au sérieux », a-t-il martelé.
Selon lui, l’annonce de la création d’une nouvelle instance par ces fédérations pour représenter le culte musulman relève d’une stratégie pour bloquer la réforme du CFCM. Cette réforme induira la mise en place des assises de la départementalisation et l’abolition du système de cooptation. « Un système qui leur permet de désigner d’office 30 cooptés des 87 membres du CFCM. L’aberration est d’autant plus flagrante que ces quatre fédérations toutes confondues ne disposent que de 12 élus sur ces 87 membres. En revanche, une fédération comme l’UMF, qui a obtenu à elle seule 18 élus, n’a le droit à aucun coopté », a souligné Mohammed Moussaoui.
Afin de régler ces crises à n’en plus finir, il y a lieu de refaire maintenant le CFCM différemment. « Pour cela, il faut faire repartir la machine de la départementalisation en accélérant la création de nouveaux Conseils départementaux du culte musulman (CDCM), partout sur le territoire, et faire émerger une nouvelle instance représentative, libérée de l’emprise des fédérations », a-t-il ajouté, martelant que « le CFCM, sous tutelle des fédérations, est arrivé à son terme. »