Ces cétacés procèdent souvent de la même manière. Ils attaquent la coque des voiliers, réussissent à s’emparer du safran, une partie du gouvernail, et retournent au fond de l’océan. C’est le modus operandi de ces orques depuis trois ans. D’après les scientifiques, les « interactions » de ce type se multiplient dans le détroit et le long des côtes portugaises ou dans le golfe de Gascogne. Le Groupe de travail sur les orques de l’Atlantique (GTOA) en a recensé plus de 500 depuis 2020, relate Le Parisien.
Mais qu’est-ce qui pousse ces orques, encore appelés épaulards, à s’en prendre aux bateaux ? Les chercheurs essaient de trouver une réponse à la question. Pour Mónica González, biologiste marine à la CEMMA, il pourrait s’agir d’un acte de vengeance des orques, après le choc subi par « Gladis Bianca », un orque femelle qui aurait été percuté par un navire dans le détroit en 2020. Elle aurait transmis aux autres orques le traumatisme de cet accident dont elle porte la cicatrice.
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Christophe Guinet, directeur de recherche au CNRS, n’est pas convaincu par cette thèse. « Les orques sont des animaux prudents de nature. Leurs comportements, toujours maîtrisés, visent à minimiser les risques », explique-t-il. Dans la même veine, Renaud de Stephanis, directeur de l’organisation CIRCE (Conservation, Information et Étude des Cétacés), rappelle que les premières « interactions » entre orques et bateaux remonteraient à 2017, bien avant l’accident de « Gladis Bianca » en 2020.
D’autres chercheurs évoquent plutôt la théorie du « jeu ». « Une fois qu’ils ont cassé le safran, on voit parfois les orques, assez loin du bateau, continuer à jouer avec… », développe pour sa part Paul Tixier, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Ce comportement, propre aux jeunes orques en quête de divertissement, a été ensuite noté chez certains adultes orques, détaille-t-il, rappelant que des orques s’amusaient avec des casiers de pêcheurs au Canada. Un comportement « temporaire qui a fini par disparaître, comme un effet de mode. Il est possible que l’on assiste à la même évolution ».