On écrit à Libé : Lettre ouverte à Mme la ministre chargée des MRE

11 octobre 2003 - 11h09 - Maroc - Ecrit par :

Je vous narre ci-après la mésaventure qu’a dû endurer une M.R.E. venue d’Italie début août de cette année pour passer 30 jours de congé avec son mari et ses 2 enfants.

Ledit mari l’emmène chez ses parents et 3 jours plus tard, il part pour soi-disant visiter ses propres parents. Et puis silence radio !
Après 3 semaines, l’épouse reçoit une citation à comparaître devant le juge en vue du divorce.
Il est à noter que ce couple est marié depuis presque 10 ans, que l’épouse réside en Italie et que leurs enfants sont nés là-bas. A noter également que le mari, en quittant sa belle-famille, a pris le passeport et la carte de séjour de son épouse, documents sur lesquels figurent également les enfants. Vers la fin du même mois, le mari quitte tranquillement le Maroc et rejoint l’Italie. Voilà comment ces femmes sans histoire sont embarquées ainsi que leurs familles dans un cycle infernal.
Commence alors le parcours du combattant qui les conduira du commissariat du quartier au ministère de l’Intérieur en passant par le bureau du procureur du Roi, aux locaux de la PJ, au consulat d’Italie, à la préfecture, aux fondations Mohamed V et Hassan II et j’en passe … Il s’agit en fait de renouveler les documents subtilisés.
Mais là où le bât blesse, c’est qu’aucun de ces organismes ne semble, à quelques exceptions près, réellement affecté par la détresse des victimes.
Pourtant, au début de chaque période estivale, tous les Marocains sont témoins devant leur petit écran de la sollicitude de notre Roi envers ces MRE et tous les témoignages diffusés sur les 2 chaînes nationales donnent l’impression que tout baigne !! Le message du Souverain est à chaque fois clair et précis : les M.R.E. doivent être épaulés dans toutes leurs démarches. La réalité est tout autre. Il y a bien un sous secrétariat chargé des M.R.E, mais si ce ministère n’est pas en mesure de trouver des solutions rapides et efficaces aux problèmes de cette catégorie de Marocains, ce « ministère des 3 mois d’été » n’a plus sa raison d’être.
Nous avons entendu parler d’un guichet unique pour les investisseurs. L’idée est là.
Et un guichet unique dans ce ministère, en étroite collaboration avec les différents consulats et ambassades à forte densité d’immigrés marocains ainsi qu’avec les autres départements concernés serait un atout. Car pour le consulat d’Italie par exemple, un cas comme celui-ci est un problème maroco-marocain alors que ce n’est pas vrai. Les enfants de ce couple sont italiens puisque nés sur le sol italien, leur mère dispose d’une carte d’identité italienne, d’un permis de conduire italien et d’une carte de séjour italienne et ce depuis 9 ans et demi.
Les multiples démarches entreprises dans les différents services et administrations cités plus haut, nous ont d’une part édifié sur le marathon qui attend les Marocaines et Marocains dans cet Etat et nous ont permis d’autre part de côtoyer des hommes et des femmes dont les situations sont sinon plus inquiétantes, voir dramatiques.
En fait, cette jeune femme dont il est question dans cet article, c’est ma fille.

B. ALAOUI-Casa

Libération, Maroc

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Administration - Famille - Moudawana (Code de la famille) - Femme marocaine - Enfant

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : crise du célibat féminin

Au Maroc, le nombre de femmes célibataires ne cesse d’accroître, avec pour conséquence la chute du taux de natalité. Quelles en sont les causes ?

Maroc : 20 affaires de détournement de fonds publics devant la justice

Le président du ministère public a été saisi par le procureur général du Roi près la Cour des comptes de 20 affaires de détournement de deniers publics au titre de l’année 2021.

Maroc : conflit au sein des cabinets ministériels

Les membres de cabinets ministériels au Maroc se déchirent sur les prérogatives. À l’origine de ce conflit, le retard observé dans la nomination de nouveaux secrétaires généraux.

Un ancien ministre interdit de quitter le Maroc après ses propos sur le roi Mohammed VI

Les autorités marocaines ont interdit à l’ancien ministre Mohamed Ziane de quitter le royaume, après ses déclarations contre le roi Mohammed VI dont il dénonçait l’absence prolongée.

Maroc : Une vague d’embauches publiques attendue en 2024

L’État marocain prévoit en 2024 la création de 30 034 postes dans les ministères et institutions publiques, révèle le Projet de loi de finances (PLF) 2024.

L’humoriste Taliss s’excuse après avoir insulté la femme marocaine

L’humoriste Taliss de son vrai nom Abdelali Lamhar s’est excusé pour la blague misogyne qu’il a faite lors d’une cérémonie organisée en hommage aux Lions de l’Atlas qui ont atteint le dernier carré de la coupe du monde Qatar 2022. Il assure n’avoir pas...

Plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Maroc

La lutte contre l’abolition de la peine capitale est toujours d’actualité au Maroc. En témoigne la récente participation des réseaux et militants marocains contre la peine de mort, à la 8ᵉ édition du congrès mondial qui s’est tenu à Berlin du 18 au 25...

Des ennuis judiciaires pour deux anciens ministres (15 milliards de DH en jeu)

L’Association marocaine de la protection des deniers publics vient de déposer une plainte devant la justice contre deux anciens ministres de la Jeunesse et des sports et d’autres responsables pour avoir dilapidé environ 15 milliards de dirhams.

Achraf Hakimi : « Ma mère était une femme de ménage. Mon père était un vendeur ambulant »

Le Maroc a remporté dimanche son match face à la Belgique (2-0) lors de la 2ᵉ journée du groupe F de la Coupe du monde. Achraf Hakimi a dédié la victoire à sa mère qu’il est allé embrasser dans les tribunes à la fin du match. L’image de la scène est...

Au Maroc, les médecins sont des mauvais payeurs d’impôts

Au Maroc, peu de médecins s’acquittent de leurs impôts. Fort de ce constat, le gouvernement opte désormais pour la retenue à la source pour les revenus de l’ensemble des professions libérales, la déclaration annuelle fiscale ayant montré ses limites.