Orphelinat : des jeunes marocaines en détresse

13 juillet 2002 - 18h05 - Maroc - Ecrit par :

En plein cœur de Casablanca, près de 200 orphelines vivent dans des conditions précaires. Privées d’hygiène et de soins, elles en appellent aux dirigeants de la ville pour un sort meilleur.

Dans cet ancien couvent de sœurs, situé Boulevard Moulay Idriss Ier à Casablanca, vivent près de 200 filles âgées de 6 à 39 ans. En principe, le règlement de l’endroit fixe la limite d’âge des pensionnaires à 18 ans car, au-delà de cet âge, elles sont censées avoir trouvé un emploi ou encore un mari.

Mais la réalité est autre. Ici, il s’agit surtout pour ces filles de lutter contre le quotidien avant de songer à un avenir meilleur. Un quotidien marqué par la saleté et les privations. Un petit tour au sein de l’établissement en témoigne.

Dans une immense cour centrale, des jeunes femmes traînent sans but. La plupart d’entres elles sont appuyées à des murs, le regard fixe et l’air désabusé. A notre passage, elles hurlent à l’unisson qu’elles cherchent un travail mais personne ne semble s’en préoccuper. Et pour cause ! L’état de leur gîte le confirme. Des odeurs suffocantes s’échappent des toilettes et des douches. L’eau courante a été coupée depuis des mois pour non règlement de la facture.

Motif : en face de l’établissement, sans mur de séparation, une mosquée est en cours de construction ainsi que de nouveaux locaux pour les orphelines et une bibliothèque. A cause de l’utilisation abusive de l’eau par les ouvriers, un montant de plus de 60 000 Dirhams a été envoyé à l’orphelinat.

Aujourd’hui, l’Association Société Musulmane de bienfaisance,prenant en charge la gérance de l’établissement ainsi que la construction de la mosquée et des nouvelles bâtisses, n’a pas les moyens de rétablir la situation.

Pourtant, un budget de 6 millions de dirhams a été réservé pour le lieu de culte. Sa construction avance à pas géant contrairement à la nouvelle aile des pensionnaires. En attendant, ces dernières subissent les conséquences de ces négligences.

L’une d’entres elles a été violée par les ouvriers, sans compter les nombreuses maladies de peau contractées par la majorité des orphelines à cause du manque d’eau. Pour laver leurs linges et faire leur toilette, les 200 pensionnaires n’ont droit qu’à un robinet avec de l’eau du puits placé en plein air, à quelques mètres des ouvriers.

Quant à l’eau potable, celle-ci provient également du puits malgré son taux élevé de calcaire. Les pensionnaires sont bien loin de l’époque où cet orphelinat était cité comme exemple. Un passé récent où elles avaient encore droit à un bain maure, à des repas équilibrés, et surtout au droit à la santé et à l’éducation.

Des dizaines de bénévoles leur garantissaient une dignité désormais passée aux oubliettes. Aujourd’hui les toits des dortoirs ne les protégent ni de la pluie ni des autres intempéries et les fillettes ne disposent plus de leur école dépendante de l’établissement.

Elles sont obligées de se rendre à pied dans une autre école du quartier malgré le peu d’éducatrices les accompagnant et surtout malgré leurs guenilles les protégeant à peine du froid. Leurs bienfaitrices d’hier ont été découragées par la mauvaise gestion de l’endroit. A l’ère où le pays prône de plus en plus les valeurs de droits de l’homme, aurait-il oublié le sort des orphelines du boulevard Moulay Idriss Ier ?

Abla Ababou pour menara.ma

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Casablanca - Enfant - Kafala

Ces articles devraient vous intéresser :

Au Maroc, les hommes font du baby-sitting, et ça ne plaît pas à tout le monde

Outre les femmes, les hommes proposent eux aussi des services de baby-sitting via des applications. De quoi inquiéter bon nombre d’internautes marocains qui s’interrogent sur la protection de l’enfance et la légitimité de ces services.

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

Au Maroc, les élèves fêtent la fin d’année scolaire en déchirant leurs cahiers

Au Maroc, des scènes des élèves déchirant leurs cahiers et livres pour annoncer la fin de l’année scolaire, se sont reproduites.

Booder : « cet enfant ne passera pas l’hiver »

L’humoriste franco-marocain Booder dont le troisième épisode de sa série Le Nounou est actuellement diffusé sur TF1 se confie sur son début de vie pas facile.

Maroc : un « passeport » pour les nouveaux mariés

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à la mise en place d’un « passeport » ou « guide » pour le mariage, dans lequel seront mentionnées les données personnelles des futurs mariés, ainsi que toutes les informations sur leurs...

« Le mariage avant l’école »

Les propos d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), et par ailleurs ancien chef de gouvernement sur le mariage et l’éducation des jeunes filles font polémique.

Alerte sur les erreurs d’enregistrement des nouveaux-nés au Maroc

L’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) a alerté le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au sujet du non-enregistrement des nouveau-nés à leur lieu de naissance, l’invitant à trouver une solution définitive à ce problème.

Mariage des mineurs au Maroc : des chiffres qui font froid dans le dos

Au Maroc, le chemin vers l’éradication du mariage des mineurs reste encore long et parsemé d’embûches. De quoi inquiéter le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qui plaide pour des mesures législatives plus strictes.

Samira Saïd : la retraite ?

La chanteuse marocaine Samira Saïd, dans une récente déclaration, a fait des confidences sur sa vie privée et professionnelle, révélant ne pas avoir peur de vieillir et avoir pensé à prendre sa retraite.

Quand la rentrée scolaire pousse les Marocains à l’endettement

L’approche de la rentrée scolaire et la fin des vacances d’été riment souvent avec le recours aux prêts bancaires devant permettre aux parents marocains de subvenir aux besoins de leurs enfants. Et, les banques se livrent une concurrence très forte.