
Eurostat, institution relevant de la Commission européenne chargée de produire et diffuser des statistiques communautaires, a dévoilé le nombre de Marocains ayant obtenu les permis de travail temporaire en 2023.
Au port de Tanger, impossible de rater les tristes scènes de tentatives d’immigration clandestine. Le visage pâle de frayeur, le torse nu défiant la température glaciale du petit matin, un jeune prendra ses jambes à son cou quand il sera démasqué sous ce camion au poste frontière. Il ne s’arrêtera même pas pour constater qu’aucun des douaniers ne s’est lancé à sa poursuite. D’autres dominent bravement le mur du port, attendant une bonne occasion pour se glisser en douce dans un des paquebots traversant le Détroit.
Secoué par la vitesse du ferry, une heure à bord, suffit pour se retrouver à Algésiras. Ou presque. Car dans l’avenue Marina qui ceinture le gigantesque Puerto Bahia Algesiras, on se sent toujours chez soi. Entre les agences vendant des billets pour Tanger, les restaurants - bars portant des noms arabes, il est impossible de ressentir un quelconque dépaysement. Dans les épiceries tenues par des Marocains, il est inutile de baragouiner espagnol, et en insistant, on peut même régler ses courses en dirhams. Cela est aussi valable dans la dizaine de télé-boutiques où les prix des communications vers le Maroc donneraient des cheveux blancs à Ahizoune. L’ambiance ramadanesque ne fait pas défaut d’ailleurs. Pour rompre le jeûne, des centaines de Marocains viennent envahir les restaurants marocains pour déguster une harira bien marocaine, les yeux scotchés sur RTM ou 2M. A Algésiras, c’est une heure sacrée où les gens du bled aiment se croiser même si chacun a son propre rythme de vie.
Certains termineront la soirée sur la grande place (Plaza Alta). Ils se mélangeront sans complexe avec les jeunes et moins jeunes espagnols qui investissent ce centre névralgique de la ville. Devant les commerces chics et les bars à tapas branchés, ils troqueront la théière contre la shope de bière. D’autres compatriotes se contenteront de traverser à contrecœur ce « lieu de débauche ». Mais au passage, ils succomberont tout de même à la tentation d’un regard perçant sur les resplendissantes Espagnoles aux silhouettes de sirènes. Celles-ci sillonnent, en groupes, les étroites ruelles au style andalou de la ville et engagent la conversation sur une aimable invitation à prendre un verre. À l’avenue Marina, repaire des Marocains, en revanche, il est inutile de tester la méthode. Une Marocaine se mettra dans tous ses états pour une simple allusion à sa djellaba. Ce n’est donc pas dans cette avenue que le visiteur risque de faire la fête jusqu’au petit matin, heure de la première correspondance pour rentrer au pays.
À bord du paquebot, il n’y a plus d’illusions. Le Maroc avec ses formalités administratives typiques est déjà là. Une queue peu ordonnée rassemble des dizaines de voyageurs attendant pour faire viser leur passeport par l’officier de police des frontières à l’humeur lunatique. Là, les discussions tournent autour d’une idée fixe : les désagréments possibles si l’on omet d’allonger une grande coupure aux postes frontières marocains. Une façon comme une autre de souhaiter la bienvenue aux véhicules ployant sous le poids des marchandises.
Fahd Iraqi - Le Journal
Ces articles devraient vous intéresser :