Les travaillistes néerlandais durcissent leur discours sur l’immigration

26 décembre 2008 - 20h09 - Monde - Ecrit par : L.A

Dans une note intitulée "Passé séparé, avenir partagé", la présidente du parti travailliste néerlandais (PVDA), Lilianne Ploumen, plaide pour de nouvelles règles censées favoriser l’intégration dans son pays. Rompant avec la tradition du PVDA et s’inscrivant dans un mouvement général de la société néerlandaise, Mme Ploumen prône la fin du modèle de "tolérance" qui, selon elle, "n’a pas fait de bien à l’intégration des immigrés". Elle souligne que les dirigeants des Pays-Bas ont commis une faute qu’ils ne pourront "plus jamais répéter" : "Ravaler nos critiques sur les religions et les cultures au nom de la tolérance."

La responsable du deuxième parti du pays, actuellement associé au pouvoir, prône l’apprentissage obligatoire du néerlandais ainsi que la fin du principe de double nationalité. "La loyauté n’a rien à voir avec la nationalité mais (...) pour devenir Néerlandais, il faut renoncer à sa nationalité d’origine", écrit Mme Ploumen, qui relance ainsi un débat étouffé par son propre parti il y a quelques mois. Le populiste Geert Wilders avait attaqué deux secrétaires d’Etat travaillistes. Parce que l’un a conservé sa nationalité marocaine et l’autre sa nationalité turque. Une troisième personnalité du PVDA, d’origine marocaine, fait partie d’un conseil d’avis au roi Mohammed VI.

Entre la tolérance et la multiculturalité d’un côté, l’intégration obligatoire et la "confrontation" de l’autre, Mme Ploumen opte résolument pour la deuxième option. Les nouveaux arrivants doivent choisir "sans réserve" les valeurs démocratiques. L’Etat doit être le garant du droit, de la sécurité publique, de la liberté d’expression. En échange, il doit offrir des possibilités d’émancipation et de promotion sociale grâce à un système scolaire performant, une offre de travail satisfaisante et une politique de la jeunesse efficace.

"Éviter la survictimisation"

Liberté d’expression, droit de critiquer - voire d’offenser -, lutte résolue contre les pratiques du crime d’honneur : tout cela n’est pas négociable, souligne le rapport. Les questions de l’égalité entre homme et femme ou de la séparation entre les églises et l’État ne le sont pas davantage mais peuvent être débattues en vue de convaincre. Le port du voile ou la construction de nouvelles mosquées doivent toujours être tolérés, affirme, en résumé, la dirigeante travailliste. Elle souligne la nécessité de lutter contre les discriminations mais "les allochtones doivent éviter la survictimisation", écrit-elle.

Ce texte, qui devrait être voté en mars par le PVDA, désigne surtout, sans les nommer, les jeunes d’origine marocaine et turque ainsi que les tenants d’un islam fondamentaliste. Il confirme, pour la gauche sociale-démocrate néerlandaise, un virage amorcé en novembre avec l’éviction de la ministre de l’intégration, Ella Vogelaar, qui prônait une "approche douce" de problèmes qui perturbent les Pays-Bas depuis des années. Le film anti-islam Fitna du député Wilders avait, au printemps, relancé le débat sur la caricature, le blasphème et la liberté de critiquer une religion. Sur ces questions, la coalition au pouvoir a affiché des opinions souvent contradictoires.

Le Monde - Jean-Pierre Stroobants

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Sujets associés : Pays-Bas - Intégration - Immigration - Double nationalité

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