Un homme de 53 ans, de nationalité française, a tué l’un de ses voisins, de nationalité tunisienne, et en a blessé un autre, de nationalité turque, à Puget-sur-Argens (Var) samedi 31 mai dans la soirée, a indiqué le procureur de la République de Draguignan le lendemain. Le suspect avait pris la fuite à bord de son véhicule après son passage à l’acte. Il n’ira pas loin. Suite à un signalement de sa compagne, il sera arrêté par le GIGN puis placé en garde à vue. Plusieurs armes ont été retrouvées dans son véhicule, « de type pistolet automatique, fusil à pompe et arme de poing », a ajouté le magistrat, Pierre Couttenier. Lundi, le Parquet national antiterroriste (Pnat) s’est saisi de l’enquête après avoir pris connaissance des vidéos racistes que le suspect avait publiées sur les réseaux sociaux avant et après les faits.
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Cet adepte du tir sportif voulait « troubler l’ordre public par la terreur ». L’individu, au nom d’une « allégeance au drapeau français », a, dans l’une des vidéos visionnées par franceinfo, d’abord insulté « les islamiques et les bicots », puis appelé les Français à aller les chercher là où ils sont et à voter ce qu’il faut voter. « Ce soir, on va faire un carton, poursuit le suspect. Ce soir, je vais mourir. Tous les sans-papiers, je vais les cartonner », affirme le quinquagénaire. « Seul le GIGN m’arrêtera », conclut-il. L’enquête est ouverte pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste, commis en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion », « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, commis en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion » et « association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes ».
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Sur BFM TV, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dénoncé un crime raciste et prémédité. « Le racisme en France est un poison qui tue », a-t-il ajouté. Le crime est « le fruit d’une atmosphère qui existe dans le pays depuis maintenant quelques mois, quelques années, et qui se durcit chaque jour un peu plus », estime l’avocat de la famille, Mourad Battikh sur France Info. Il ajoute : « Personne n’est dupe sur le contexte et le climat politique qui règnent aujourd’hui en France ». Celui qui se charge aussi de l’affaire du meurtre, fin avril, d’Aboubakar Cissé dans la mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard, a salué la saisine du Pnat dans le meurtre survenu à Puget-sur-Argens : « J’avais dit au Parquet national antiterroriste : attention, ce n’est pas un cas isolé, ce n’est pas un fait divers, ce qui se passe est le fruit de quelque chose de plus large qui est en train de nous dépasser. Aujourd’hui, malheureusement, les faits me donnent raison. » De son côté, la mairie de Puget-sur-Argens appelle à l’apaisement en attendant les conclusions de l’enquête en cours.
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En Tunisie, le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri, a fait part de sa tristesse et de son mécontentement. Aussi, a-t-il demandé « d’assurer la protection de la communauté tunisienne sur le territoire français » et appelé les autorités françaises à « adopter une approche proactive pour éviter de tels crimes et garantir qu’ils ne se reproduisent pas ».