Forte augmentation du discours anti-musulman en Espagne

L’islamophobie continue de se développer en Europe et en Espagne. C’est ce que révèle le rapport européen sur l’islamophobie (EIR) qui analyse la situation de la communauté musulmane sur le continent.

Sergio Gracia, directeur du Centre de recherche de l’extrême droite (CINVED) et Inés Bolaños Somoano ont étudié l’évolution de la haine contre la population musulmane en Espagne en 2021 sur la base de ce rapport. Leurs conclusions sont pour le moins inquiétantes, car elles révèlent une montée de l’islamophobie dans le pays. Au cours des cinq dernières années, les crimes haineux ont augmenté de 41 %, dont 37,6 % étaient motivés par la race ou la xénophobie.

Le rapport de l’Observatoire espagnol du racisme et de la xénophobie (OBERAXE) note pour sa part une augmentation de 9,5 % à 14,7 % du discours de haine islamophobe sur les réseaux sociaux. En 2021, deux meurtres (de Mimoun Koutaibi à Alhama de Murcia et du Marocain Younes Bilal à Mazarrón) et une agression au couteau (un Marocain de 40 ans à Carthagène) ont été commis sur des musulmans dans la région de Murcie, précise le rapport.

Dans la même ville de Murcie, la mosquée de San Javier a été vandalisée, a subi des tags islamophobes du genre « Mort à l’islam » et a finalement été incendiée. Des incidents plus violents ont été enregistrés dans une autre ville, comme l’agression d’un homme à Madrid à qui on a demandé « Croyez-vous en Allah ? », avant de l’abattre. Pour les deux chercheurs, la pandémie a contribué à augmenter les crimes de haine, surtout sur les réseaux sociaux où ce discours islamophobe a été « renforcé et légitimé par le mouvement croissant d’extrême droite » en 2021.

Les chercheurs rappellent les discours islamophobes visant directement la communauté musulmane espagnole développés par Vox avec sa campagne « Stop Islamisation » lors des dernières élections catalanes, ce qui a finalement conduit Twitter à fermer temporairement son compte Twitter officiel ; ou avec ses affiches contre les mineurs étrangers non accompagnés lors des élections municipales de Madrid ; ou encore les propos d’une députée du parti présentait les musulmans de Sebta comme une menace pour la « culture chrétienne ».

Le rapport soulève aussi les problèmes de port du hijab, soulignant que les femmes et filles musulmanes souffrent de « discriminations multiples : en tant que femmes, parfois en tant que migrantes, et toujours en tant que musulmanes ». Gracia et Bolaños concluent que « le plus grand défi de l’Espagne dans la lutte contre les crimes de haine est le manque grave de plaintes. Très peu de personnes victimes de ces actes discriminatoires les dénoncent ».

¿Hay racismo en España ? Y a du racisme en Espagne ?