L’agence russe Sputnik a utilisé le terme de « front séparatiste » pour désigner le Front du Polisario dans un de ses rapports analytiques. Ce changement linguistique et politique laisse libre cours à plusieurs interprétations : la Russie qui affiche jusque-là une position neutre va-t-elle marcher dans le sillage des États-Unis, de la France et de l’Espagne en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara ? L’article récemment publié par l’agence russe Sputnik, qui a qualifié le Front Polisario de « front séparatiste », ne peut être lu comme un simple événement passager, mais comme un signal réfléchi qui pourrait marquer le début d’un changement stratégique dans la position de Moscou vis-à-vis du conflit, commente l’expert marocain Ahmed Nourreddine auprès du site Al3omk.
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Selon ses explications, les agences de presse officielles dans tous les pays n’agissent pas indépendamment des orientations politiques de l’État, mais elles sont considérées comme une extension de leur politique étrangère, ce qui fait de l’adoption de termes favorables à la position marocaine un message politique calculé émis par le Kremlin. Ce signal médiatique ne vient pas de nulle part, mais il est le produit direct d’un contexte géopolitique pressant que connaît le Kremlin, a souligné l’expert.
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L’isolement croissant imposé par les sanctions occidentales, l’affaiblissement de ses alliés traditionnels au Moyen-Orient et le besoin urgent d’assurer de nouveaux partenariats économiques et stratégiques poussent la Russie à réévaluer son réseau d’alliances. Dans ce processus de recherche de nouveaux alliés, le Maroc émerge comme un partenaire incontournable, estime l’expert en relations internationales.
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La Russie a intérêt à se tourner vers le royaume. Le projet de port de Nador West Med offre au pays de Vladimir Poutine une opportunité d’établir un stock stratégique de céréales et d’énergie pour sécuriser ses exportations vers l’Afrique, contournant ainsi les perturbations de la mer Noire et le blocus occidental. Cette position stratégique, en tant que porte d’entrée vers l’Atlantique et vers les profondeurs du continent africain, ajoutée à la stabilité politique, la crédibilité internationale et les solides alliances du Maroc, en font un partenaire fiable capable de jouer des rôles complexes, fait remarquer Nourreddine.