Accusations de terrorisme maintenues contre Saïd Namouh

11 juin 2009 - 11h01 - Monde - Ecrit par :

Un juge a rejeté une requête visant à faire tomber des accusations de terrorisme à l’endroit d’un Québécois d’origine marocaine qui prétendait avoir été privé de sa liberté d’expression.

Le juge Claude Leblond, de la Cour du Québec, a rendu sa décision mercredi matin à l’endroit de Saïd Namouh, accusé d’avoir produit et distribué de la propagande reliée au djihad sur Internet.

L’avocat de M. Namouh, René Duval, a fait savoir qu’il en appellerait de la décision.

La Couronne et la défense ont toutes deux présenté leurs plaidoyers finaux, mercredi.

M. Namouh, qui est né au Maroc, fait face à quatre chefs d’accusations reliés à des actes terroristes - soit complot pour faire exploser un engin explosif, d’avoir participé à un acte terroriste, d’avoir facilité et d’avoir commis de l’extorsion pour le compte d’un groupe terroriste.

La Couronne soutient que M. Namouh est un membre du "Global islamic media front" (GIMF), une organisation impliquée dans la propagande et le recrutement pour le compte du djihad et qui est décrite comme étant un outil médiatique d’Al-Qaïda.

M. Namouh a d’abord été arrêté en septembre 2007 à Maskinongé, en Mauricie, pour son présumé rôle dans la planification d’attentats terroristes en Allemagne et en Autriche, visant à sévir contre les deux pays en raison de leur présence militaire en Afghanistan.

Les enquêteurs de la GRC en crimes informatiques ont par la suite découvert des éléments de preuve dans l’ordinateur de l’accusé, soit des dizaines de vidéos et d’autre matériel de propagande. L’ordinateur contenait également des centaines de pages de transcriptions de discussions tenues sur des sites de clavardage et des forums de discussion, qui révélaient que M. Namouh était un membre actif des forums sur le djihad.

Saïd Namouh est soupçonné d’avoir passé d’innombrables heures à créer, distribuer et redistribuer de nombreuses vidéos de propagande, qui contenaient notamment des images des décès de soldats occidentaux et d’attentats-suicides à la bombe.

Les vidéos, que la Couronne présume avoir été produites par l’accusé, incluent l’enlèvement du journaliste de la BBC Alan Johnston, à Gaza par un groupe connu sous le nom d’Armée de l’islam, un groupe associé au GIMF.

Dans son plaidoyer final, le procureur de la Couronne, Dominique Dudemaine, a décrit les vidéos comme étant "le pain et le beurre" de M. Namouh.

Saïd Namouh, 36 ans, n’a pas témoigné lors de l’exposé de la défense et Me Duval n’a présenté aucun argument autre que la contestation constitutionnelle.

Me Duval a par ailleurs insisté pour plaider qu’il n’y avait pas eu de conspiration, qualifiant les discussions tenues entre M. Namouh et son interlocuteur autrichien, Mohammed Mahmoud, de conversations unilatérales.

"Une simple manifestation d’intérêt n’équivaut pas à une conspiration, a souligné l’avocat. Il faut qu’il y ait une entente entre deux personnes."

L’accusé a en outre également appelé le juge Leblond à se pencher sur la question de savoir si le GIMF est réellement un groupe terroriste, et si la publication de propagande pour le compte d’Al-Qaïda ou de propagande djihadiste violente est un crime au Canada.

M. Mahmoud, qui a été décrit comme étant un dirigeant du GIMF, a été condamné en mars 2008, en Autriche.

Quant à M. Namouh, qui a le statut de résident permanent au Canada, il est en détention depuis son arrestation, en 2007.

Source : Sidhartha Banerjee - La Presse Canadienne

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Canada - Terrorisme - Droits et Justice

Ces articles devraient vous intéresser :

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...

Coup de filet au Maroc contre une cellule terroriste planifiant des attaques

Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Blanchiment d’argent : la justice marocaine frappe fort

Le Maroc a réalisé des avancées significatives dans sa lutte contre le blanchiment d’argent. C’est ce qui ressort du septième rapport annuel de la présidence du ministère public, publié le 6 mars 2024. Ce document officiel montre une évolution positive...

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

Hassan Iquioussen vs Gérald Darmanin : la justice se prononce aujourd’hui

Le tribunal administratif de Paris examine l’arrêté d’expulsion de Hassan Iquioussen, pris par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en juillet 2022. Cette audience déterminante permettra de statuer sur la possibilité de l’imam de revenir en...

Maroc : un ministre veut des toilettes pour femmes dans les tribunaux

Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, s’est indigné face à l’absence de toilettes pour les femmes dans les tribunaux, ce qui selon lui constitue un « véritable problème » pour les détenues.

Corruption : Rachid M’barki reconnaît les faits

Après avoir juré, sous serment, en mars dernier devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, n’avoir jamais perçu de rémunération occulte en contrepartie de la diffusion d’informations erronées ou très orientées pour...