Crise dans le secteur immobilier ?

27 mars 2009 - 15h26 - Economie - Ecrit par : L.A

Le secteur immobilier vit-il une crise au Maroc ? La réponse à cette question demeure des plus délicates en l’absence de baromètres officiels qui pourraient renseigner sur la situation des ventes dans les différentes régions du pays. Par ailleurs, d’autres indicateurs existent et peuvent répondre, ne serait-ce que de manière partielle, sur l’existence ou non d’une crise dans le secteur immobilier.

Le plus important et le plus utilisé par les économistes est le niveau de vente du ciment. Pour le mois de janvier 2009, les ventes se sont en moyenne maintenues. La consommation de ce mois a avoisiné 1,1 million de tonnes, soit une variation de 0,45% par rapport à janvier 2008 et une augmentation de 45% par rapport au mois de décembre 2008. Ce dernier est à mettre en relation avec les longues vacances de l’Aïd, qui constituent, comme chacun le sait, le congé annuel des ouvriers du bâtiment.

Pour un cimentier, les chiffres disponibles pour l’année 2009 ne peuvent être révélateurs. Et pour cause, la pluviométrie enregistrée durant ces dernières semaines. « On ne peut avoir une idée précise sur l’existence ou non de crise sans connaître le comportement du marché sur plusieurs mois. Les deux mois précédents ont connu des précipitations dans les quatre coins du pays. Or, le ciment ne se vend pas quand il pleut parce que les chantiers sont tout simplement à l’arrêt », explique-t-il.

Cependant, selon les professionnels, la plus grande baisse a touché le marché de l’acier, avec des baisses qui ont frôlé les 30% pour les deux premiers mois de l’année 2009 dans certaines régions du pays. Il faut dire que le secteur avait très bien profité du boom immobilier que le pays a connu depuis le début des années 2000. La consommation de l’acier a enregistré une augmentation de 71,3% pour la période 2002-2006. Par ailleurs, et toujours selon les professionnels, certains secteurs s’en tirent plutôt bien, à l’instar du marché des carreaux de céramique qui se maintient un peu partout dans le pays.

Le coup de pouce de l’Etat

Les professionnels de l’immobilier sont donc unanimes. Ils ne disposent pas encore de données pour statuer sur l’existence d’une crise dans le secteur. Certes, le discours officiel est très rassurant. Le ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement de l’espace, Ahmed Taoufik Hejira, ne manque aucune occasion pour rassurer les opérateurs. Il s’est même engagé, à plusieurs reprises, à déclarer lui-même l’existence de crise si cette dernière se profilait à l’horizon.

Réelle volonté ou manière de rassurer à bon compte ? Il peut néanmoins mettre en avant les leviers qui permettent de grandes marges de développement pour le secteur immobilier comme la mise à disposition des promoteurs immobiliers privés d’une large assiette foncière publique destinée à l’habitat à très faible VIT.

Au total, ce sont 3853 ha qui seront cédés à des privés à des prix très préférentiels pour y bâtir des logements à 140.000 DH. Il y a quelques semaines, s’est tenue devant le souverain la cérémonie de signature de deux conventions d’un montant global de 52 milliards DH à cet effet. Il s’agit d’un programme national, bénéficiant d’exonérations fiscales et de facilités administratives, pour construire près de 129.000 logements dont le prix ne dépasse pas les 140.000 DH l’unité.

Le ministre de tutelle affirme d’ailleurs que le programme a démarré. Dans les quatre coins du pays, ce ne sont pas moins de 22.500 logements qui sont actuellement en construction. Leur commercialisation démarrera à la fin de l’année en cours. « La croissance extraordinaire que notre pays a connue ces huit dernières années est due au développement d’un segment particulier, l’habitat social en l’occurrence. L’Etat y a instauré des incitations fiscales et a ouvert son foncier public aux promoteurs. Ceci a drainé une dynamique qui a permis l’émergence de grands mastodontes de l’habitat social comme Addoha par exemple », explique ce promoteur immobilier. Et d’ajouter : « Tant que l’Etat s’investit, cela rassure beaucoup les opérateurs privés ».

Source : L’Observateur - K. R.

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