Le sentier de l’ignorance, premier roman de Rachida Khalil

"Le Sentier de l’ignorance" est le titre du premier roman de la comédienne marocaine Rachida Khalil, paru mercredi aux Editions "Anne Carrière" à Paris.

Dans le Maroc des montagnes arides du Rif et des villages isolés, pétrifiés par le temps, où les touristes ne vont pas, une enfant naît du mauvais côté — celui des filles. Son destin est déjà écrit par l’histoire qui, là-bas, ne se renouvelle jamais. Mais Rosenas, cette fille des montagnes et du vent, porte en elle un mauvais gène, celui de la différence, du recul et du refus, celui de l’insolence et de la révolte.

Son histoire au Maroc sera courte mais indélébile, et les racines de son « mal incurable » s’y développeront et se raffermiront à chaque retour au pays.

La petite fille du Maroc, damnée par le mauvais esprit, deviendra le cauchemar de ses parents, du corps enseignant et de tous les bien-pensants de Mantes-la-Jolie. Elle y sera une très mauvaise élève mâtinée de garçon manqué, une idéaliste amoureuse de tous les plaisirs défendus, une excellente voleuse, une fugueuse inconsciente mais, toujours, une idéaliste.

Échappant par miracle à un mariage forcé à 14 ans, elle tombera dans ce piège à 18 ; elle sera figurante et comédienne cachée dans une troupe de saltimbanques durant l’adolescence, militante, amoureuse prolifique mais déçue, épicurienne, enfin auteur et interprète de sa propre histoire avec une consécration tant attendue mais tellement éphémère.

Ce roman, parfois onirique, souvent autobiographique, est avant tout un cri contre le poids des traditions, contre la tentation d’abdiquer, contre la petite mort induite par nos modes de vie. Comme dans un spectacle de théâtre, on sourit, on rit, on est surpris, ému, transporté ou horrifié.