Serbie : les Marocains au cœur des affrontements entre gangs de passeurs

4 septembre 2023 - 21h00 - Monde - Ecrit par : S.A

Le nord de la Serbie est devenu le théâtre d’affrontements entre des gangs de passeurs marocains, afghans et syriens. Chaque gang se bat pour contrôler le trafic de migrants dans cette partie du pays. De nombreux décès et de blessés ont été enregistrés ces derniers mois.

Un mort, sept blessés, dont une jeune fille de 16 ans. C’est le bilan d’une bataille entre des gangs de passeurs rivaux, tous deux ayant leurs racines en Afghanistan, déclenchée le matin du 2 juillet 2022, dans la forêt de Makova sedmica, une colonie calme située juste à côté de la frontière nord de la Serbie avec la Hongrie, devenue un champ de bataille. Ces personnes sont des victimes collatérales. Des affrontements du genre sont légion au nord de la Serbie. En novembre de la même année, une fusillade a éclaté entre Marocains et Afghans en plein centre de la ville frontalière d’Horgos. Le bilan fait état de six blessés. En juin et juillet de cette année, un Afghan a été tué et cinq autres ont été blessés lors d’affrontements armés entre gangs de passeurs.

À lire : Serbie : un passeur marocain établit "un royaume" et délivre de faux passeports aux migrants

Des groupes criminels albanais, dont celui des Xhemshiti, des jumeaux, Amir et Amar, de Pristina, la capitale du Kosovo, qui ont déjà enfreint la loi, sont les principaux fournisseurs de pistolets et de kalachnikovs utilisés par ces gangs de passeurs actifs dans le nord de la Serbie, rapporte BIRN, qui dit avoir fait une enquête pendant six mois sur ce dossier. Dans une photo, on voit d’ailleurs Amir Xhemshiti posant avec des membres du gang marocain de passeurs « Tetwani » opérant à Horgos, tous armés de kalachnikovs. Joint par le site BIRN (Balkan Investigative Reporting Network), Amir Xhemshiti a nié toute implication dans le trafic d’armes ou de personnes dans le nord de la Serbie. Selon ses explications, cette photo a été prise au moment où il tentait d’entrer illégalement dans l’UE, comme tout « autre Albanais confronté à beaucoup de difficultés et d’inquiétudes », avant d’être attrapé par des Marocains. « Après qu’ils m’ont attrapé, je leur ai donné de l’argent ; J’ai vu qu’ils avaient des armes et je leur ai demandé si nous pouvions prendre une photo ensemble », a-t-il déclaré’, assurant qu’il n’a aucune sorte de relation avec eux.

À lire :Les Marocains parmi les migrants illégaux transitant par la Serbie

“Tetwani” figure parmi les plus violents gangs de passeurs. Il serait dirigé par Mohammed Tetwani, également connu sous le nom de Mohammed Maghrebi, et basé à Horgos. Il aurait quitté la Serbie pour la Belgique. Il apparaît dans une vidéo de rap réalisée par les artistes tunisiens Lady Miro & Dadlee, filmée à Subotica et au QG du gang à Horgos. Dans une autre vidéo, on voit le lieutenant en chef de Tetwani, Hamza, dirigeant un groupe de réfugiés sous la menace d’une arme près de la frontière avec la Hongrie. Récemment, un autre gang marocain qui serait dirigé par un natif de Casablanca connu sous le nom de « Kazawi », a supplanté Tetwani au nord de la Serbie, rapportent des sources sur le terrain autour de Srpski Krstur, une colonie près de la rivière Tisa. Ce groupe contrôle désormais le trafic illicite de réfugiés et de migrants nord-africains. Son leader « Kazawi » s’est fait une solide réputation au point d’être célébré dans une chanson du rappeur tunisien Tati G13 ou par Google Maps qui présente une épingle « Kazawi » déposée à un point près de la rivière Tisa.

À lire :Immigration irrégulière : 150 réseaux de passeurs démantelés au Maroc

Les gangs de passeurs assureraient le trafic de migrants avec la complicité de policiers corrompus. « Je crois que la corruption au sein de la police serbe pourrait aider les passeurs à se procurer des armes et faciliter leurs opérations », a déclaré Fatjona Mejdini, directrice de l’Observatoire des économies illicites en Europe de l’Est et du Sud de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC). Et d’expliquer : « Les passeurs se battent pour un marché qui s’est considérablement développé depuis 2022, et qui continue de croître chaque jour. Ainsi, le conflit entre eux s’est intensifié et pourrait encore s’intensifier. Dans ce type de commerce illégal, les armes sont un élément qui va de pair. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Afghanistan - Syrie - Serbie - Décès

Aller plus loin

Serbie : un passeur marocain établit "un royaume" et délivre de faux passeports aux migrants

Un passeur marocain a établi « un royaume » en Serbie, décrit comme un faux État. Il délivrait de faux passeports aux migrants clandestins désireux de rallier l’Europe.

Immigration irrégulière : 150 réseaux de passeurs démantelés au Maroc

Cette année, les services de sécurité marocains ont réussi à démanteler 150 réseaux de passeurs très actifs dans l’organisation de la migration irrégulière et arrêté 12 000...

Des visas pour la France vendus à 7 000 euros

Soupçonné d’être un membre actif du réseau de passeurs « Khadija » du nom d’une Marocaine qui en est la patronne, un Marocain résidant en France a été arrêté, mis en examen en...

France : un passeur marocain écroué pour trafic de personnes

Alors qu’il transportait des migrants clandestins de la Grande-Bretagne vers l’Espagne, un passeur marocain a été arrêté en France puis écroué pour trafic de personnes et aide...

Ces articles devraient vous intéresser :

L’actrice marocaine Fadila Benmoussa annoncée morte

Sur la toile, des rumeurs font état du décès de la célèbre actrice marocaine Fadila Benmoussa. Qu’en est-il réellement ?

Chute mortelle à Tanger

Un drame s’est produit jeudi matin sur le chantier de réhabilitation de la Plaza de Toros, célèbre arène de taureaux de Tanger. Un ouvrier, âgé de 22 ans, a perdu la vie après une chute de sept mètres.

Mort de Naïma Samih : les paroles fortes du roi Mohammed VI

Le roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances à la famille de l’artiste marocaine Naïma Samih, décédée samedi des suites d’une longue maladie.

Hassan II, 25 ans après sa mort : une légende toujours vivante

25 ans après son décès, le roi Hassan II reste une figure centrale dans l’imaginaire collectif marocain. En témoignent les vidéos documentant ses discours et conférences de presse qui cumulent des millions de vues sur YouTube, Facebook et X...

Ayoub, 16 ans : l’impossible deuil après le séisme au Maroc

Ayoub, 16 ans, est l’un des survivants du puissant et dévastateur séisme qui a touché une partie du Maroc dans la nuit du 8 septembre. Il a perdu cinq membres de sa famille dans la catastrophe.

Le Maroc perd un grand journaliste : Reda Dalil n’est plus

Reda Dalil, directeur de publication du magazine TelQuel, éditorialiste, journaliste et romancier, s’est éteint à l’âge de 45 ans, des suites d’une longue maladie.

Abdelaziz Barrada : le football marocain pleure l’un des siens

Coup dur pour le football marocain et français. Abdelaziz Barrada, ancien international marocain passé par l’Olympique de Marseille et le Paris Saint-Germain, nous a quittés à seulement 35 ans. Le joueur aurait succombé à une crise cardiaque en France.

Une Marocaine meurt après avoir pris des pilules achetées sur Instagram

Une Marocaine de 28 ans est décédée après avoir pris des pilules amincissantes achetées auprès d’une inconnue qui faisait la promotion de ces produits sur Instagram.

Mort tragique du joueur marocain Mehdi Dghoughi

Mehdi Dghoughi est décédé dans la nuit de mercredi à l’âge de 28 ans, victime d’un accident de la route. Son frère Amine a annoncé la triste nouvelle sur Facebook.

Maroc : des soupçons d’adultère conduisent à un drame

Le corps sans vie d’une jeune femme a été retrouvé au domicile de sa famille dans les environs de Berrechid. Soupçonné d’homicide, son mari en fuite a été arrêté par les éléments de la Gendarmerie royale relevant du centre territorial de Deroua.