Sport et Harragas : les autorités marocaines dans l’embarras

La disparition d’au moins sept handballeurs marocains en Italie puis en Pologne où ils ont pris part fin juin à la Coupe du monde des moins de 21 ans, ramène sur le tapis la question du chômage endémique qui pousse de nombreux jeunes Marocains à émigrer.

Sans doute à la recherche d’un avenir meilleur, cinq joueurs de l’équipe des moins de 19 ans ont quitté le camp d’entrainement en Pologne, sans donner de nouvelles. Avant eux, deux autres de l’équipe des U21 ont manqué à l’appel lors d’une escale à Bologne en Italie. Les autorités marocaines ont ordonné l’ouverture d’une enquête sur ces disparitions des handballeurs marocains qu’elles considèrent comme un « scandale sportif et diplomatique », rappelle El Pais. L’Instance nationale de lutte contre la corruption dans le sport a appelé le ministre de l’Éducation et des sports, Mohamed Saad Bedarra, à situer les responsabilités dans cette affaire qui « ternit l’image du Maroc à l’étranger ».

L’Instance soupçonne un homme d’une trentaine d’années ayant des liens avec des réseaux d’immigration clandestine d’avoir infiltré la délégation marocaine à la Coupe du monde de handball. Selon les recoupements, les deux joueurs U21, dont les visas ont expiré, ont contacté leurs familles avant de disparaître, ce qui laisse supposer que l’acte a été planifié. Les autorités compétentes marocaines ont annoncé que le contrôle des joueurs lors des compétitions à l’étranger sera renforcé afin d’éviter la survenue de nouvelles disparitions. Les gouvernements polonais et italien tentent de localiser les handballeurs marocains disparus dans leurs pays respectifs. Sans succès pour le moment.

Ce n’est pas la première fois que des joueurs de l’équipe nationale marocaine disparaissent lors d’une compétition à l’étranger. En 2023, des athlètes marocains avaient disparu lors d’un tournoi en Croatie, sans qu’une enquête officielle ne soit ouverte, selon l’Autorité de lutte contre la corruption. En 2022, trois footballeurs handicapés avaient également disparu en Pologne. La même année, huit mineurs marocains se sont enfuis du camp d’entraînement de leur équipe lors d’un championnat scolaire en Slovaquie.

Selon le Baromètre arabe 2024, plus de 55 % des Marocains de moins de 30 ans souhaitent émigrer. Plus de la moitié d’entre eux se disent prêts à émigrer illégalement. La cause ? Le taux de chômage croissant. L’étude révèle qu’un titulaire d’un diplôme universitaire sur cinq ne trouve pas d’emploi au Maroc. « Des investissements sont nécessaires pour la qualification professionnelle des jeunes Marocains âgés de 15 à 30 ans. Les initiatives actuelles ne donnent pas de résultats suffisants. Un million et demi de jeunes, soit un sur quatre entre 15 et 24 ans, n’étudient pas et ne travaillent pas, selon un récent rapport du Conseil économique, social et environnemental », explique un expert en démographie de l’Université de Louvain (Belgique).