Tétouan : De hauts responsables impliqués dans le trafic de drogue

27 août 2003 - 12h20 - Maroc - Ecrit par :

Le ministre de la Justice, M. Mohamed Bouzoubaâ, a indiqué, hier à Rabat, que l’enquête menée dans le cadre de l’affaire du réseau de trafic de drogue démantelé dernièrement à Tétouan a révélé l’implication de plusieurs hauts responsables appartenant à différents corps de l’Etat.

L’enquête, menée par la police judiciaire sur instructions du Parquet général a montré l’implication de hauts responsables des Forces de l’ordre, de la Gendarmerie Royale, de l’administration des douanes, d’hommes d’affaires, d’un président de commune rurale et de magistrats, a expliqué le ministre lors d’une conférence de presse destinée à informer l’opinion publique des développements de cette affaire.

Le ministre a retracé les péripéties de l’affaire depuis son déclenchement.

Suite au démantèlement de ce réseau, a ajouté le ministre, le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Tétouan a décidé de déférer au juge d’instruction le dénommé « Mounir Erramach » et 17 autres accusés exerçant dans la fonction publique. Il s’agit d’un préfet de police, d’un contrôleur général, de deux commissaires principaux, de quatre officiers de police principaux, d’un commissaire, d’un officier de police, de cinq magistrats, d’un adjudent -chef et de deux chefs de gendarmerie, d’un agent technique à l’Administration des douanes et d’un greffier de justice, a dit M. Bouzoubaâ, faisant aussi état de l’implication aussi de trois hommes d’affaires et de cinq intermédiaires dont le président d’une commune rurale. Selon le ministre, ces individus sont poursuivis notamment pour association de malfaiteurs, trafic de drogue dans le cadre d’un réseau international, tentative d’homicide avec préméditation et détention d’armes sans autorisation. Le ministre a retracé les péripéties de cette affaire depuis son déclenchement le 2 août, affirmant que c’est une affaire de règlement de comptes entre trafiquants qui a révélé ces complicités.

Aussitôt informé de l’affaire, le ministère a dépêché sur place une commission d’enquête composée de magistrats qui ont rédigé un rapport préliminaire, lequel s’est avéré suffisamment étayé pour ordonner à la police judiciaire de diligenter l’enquête sur cette affaire, a ajouté M. Bouzoubaâ.

Tous les mis en cause, qui ont été déférés au juge d’instruction près la Cour d’appel de Tétouan et le juge d’instruction de la Cour spéciale de justice ont été interrogés, à titre préliminaire, a indiqué le ministre, affirmant que toutes les garanties juridiques ont été accordées aux prévenus. L’enquête se poursuit pour identifier d’autres personnes impliquées, a-t-il dit.

Le ministre a fait remarquer que c’est la première fois qu’un certain nombre de fonctionnaires de haut rang sont déférés à la Cour spéciale de justice en concrétisation des principes de l’égalité devant la loi et par attachement à la sacralité et à l’honneur de la mission dont ils sont chargés.

D’autre part, le ministre a déploré le fait que l’implication de magistrats ait une telle ampleur, puisque « la moitié des magistrats de la Cour d’appel de Tétouan ait été soit mutée, soit suspendue, soit traduite en justice » dans le cadre de l’enquête. Il a affirmé que la stratégie de lutte contre la corruption s’inspire des Hautes orientations de S.M. le Roi Mohammed VI dans lesquelles le Souverain ne cesse d’insister sur le contrôle rigoureux et la bonne gestion de la chose publique.

A ce propos, le ministère ne ménagera aucun effort pour aller de l’avant dans le processus de mise en application des Hautes instructions Royales, a souligné le ministre. Interrogé sur l’affaire du journaliste d’Al Alam, Houcine Majdoubi, le ministre a indiqué que ce dernier a été relâché lundi après avoir été entendu par le juge d’instruction près la Cour d’appel de Tétouan pour implication dans la corruption et non-dénonciation d’un délit. Selon le ministre, le nom du journaliste a été cité par certains accusés en rapport avec un article de ce dernier qui contient des informations erronées en relation avec cette affaire.

MAP

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