Gardiens de parking : l’arnaque continue à Casablanca

12 juillet 2025 - 22h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Au Maroc, la fin du diktat des gardiens de parking illégaux communément appelés « gilets jaunes » n’est pas pour demain. Les automobilistes continuent de payer des tarifs illégaux. Un énorme manque à gagner pour les conseils communaux.

Les citoyens continuent de subir la loi des « gilets jaunes ». Ils paient quotidiennement des frais allant de 10 à 20 dirhams pour stationner leurs véhicules dans des parkings organisés ou anarchiques, au lieu de 5 dirhams fixés par les conseils communaux. « Le chantage est devenu une règle quotidienne, certains gardiens réclament 10 dirhams ou plus pour quelques minutes seulement, et certains vont jusqu’à menacer ouvertement : « “Si tu la laisses sans payer, tu la retrouveras rayée” », raconte à Al3omk un délégué commercial dans une entreprise pharmaceutique. Un calvaire pour cet homme qui s’arrête dans des dizaines d’endroits chaque jour lors de ses visites dans des cliniques et centres de santé à Casablanca.

À lire : Gardiens de parkings : la colère des Marocains monte

Selon une enquête télévisée, le marché du gardiennage des voitures génère un chiffre d’affaires quotidien dépassant les 8 millions de dirhams, soit plus de 3 milliards de dirhams par an, circulant hors des circuits officiels et sans aucun suivi fiscal. Le nombre de véhicules circulant au Maroc dépasse les quatre millions, dont les propriétaires paient quotidiennement entre 2 et 5 dirhams, précise l’enquête. Un petit calcul donne : si chaque propriétaire de véhicule ne versait que 2 dirhams par jour, le volume des transactions atteindrait environ 8 millions de dirhams par jour, soit 240 millions de dirhams par mois, ce qui équivaut à 13 % du budget du ministère de la Santé pour l’année 2021.

À lire : Casablanca met fin au diktat des gardiens de parking

Selon le professeur Jawad Elasri, enseignant en finances locales à l’université Hassan II, le chaos autour de l’exploitation des biens communaux a atteint des niveaux inacceptables. « Des individus s’organisent en bandes se partageant les quartiers, les routes et les trottoirs sans aucun fondement juridique, et sous les yeux des autorités », fait-il observer. À l’en croire, certaines personnes sont allées jusqu’à ériger des barrières, notamment dans les environs de Kénitra, pour empêcher le passage des voitures et des motos, et ce, en violation flagrante de la loi.

À lire : Marrakech : autour de Jemaa el-Fna, des gardiens de voiture arrêtés

« Où est l’État ? Où est le ministère de l’Intérieur ? Où sont les autorités territoriales ? Où est le ministère des Finances ? Comment permet-on à des parties de s’approprier les biens communaux et de percevoir des redevances sans aucune intervention ? », questionne Elasri, insistant sur le fait que ces pratiques constituent une atteinte grave à l’autorité de l’État, un blocage de la volonté du législateur, et qu’elles contribuent à l’évasion fiscale et sapent le principe de justice fiscale. Les conseils communaux ne possèdent pas la compétence juridique pour louer les ruelles et voies publiques, et ne peuvent obliger les citoyens à payer des redevances pour leur usage, a précisé pour sa part un avocat au barreau de Rabat.

À lire : Fès se débarrasse des gardiens de voitures

Selon ses explications, le principe de base pour ces espaces est la gratuité, à l’exception des parkings aménagés à vocation commerciale. La perception de redevances par ceux que l’on appelle les « porteurs de gilets » sans base légale constitue un acte assimilable à une escroquerie, du chantage et une fraude, a souligné l’homme de droit, appelant les victimes à saisir le parquet. Selon ce dernier, seul le législateur fixe les tarifs. Quant aux collectivités locales, elles ne peuvent imposer de nouvelles tarifications qui alourdissent les charges des conducteurs.

À lire : Le racket des gardiens de voitures au Maroc dénoncé

Le site a recueilli le témoignage d’un gardien de voitures à Casablanca. Il dit travailler sous les ordres de « personnes invisibles » qui contrôlent tout, et qu’il ne bénéficie pas réellement des sommes importantes perçues. À l’en croire, les revenus quotidiens atteignent parfois 10 000 dirhams dans certains points névralgiques, notamment durant les vacances, alors que sa part ne dépasse pas 300 à 500 dirhams. « Les gros bénéfices ne nous reviennent pas, nous travaillons sans aucune protection juridique, sans retraite ni couverture médicale, et notre avenir devient de plus en plus précaire », a-t-il précisé.

À lire : Casablanca veut en finir avec le racket des gardiens de voitures

Ce témoin appelle à organiser et à réglementer ce secteur. « Les gardiens de voitures ne sont pas toujours les bourreaux, mais souvent des victimes d’un système injuste qui les oblige à travailler dans l’ombre », a-t-il conclu.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Transport en commun - Administration - Automobile

Aller plus loin

Casablanca met fin à l’anarchie des gardiens de voitures

Les autorités de Casablanca travaillent à mettre fin au chaos des gardiens de voitures qui sont devenus plus nombreux dans les différentes rues et quartiers. Ceux-ci imposent...

Gardiens de parking escrocs : prison ferme à Fès

La Cour d’appel de Fès a confirmé la condamnation de trois personnes à une peine d’emprisonnement ferme d’un an, dont un gardien de parking.

Maroc : gardiens illégaux et parkings saturés, les autorités appelées à réagir

Le groupe Haraki à la Chambre des représentants a interpellé le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, sur l’organisation des parkings dans les grandes et moyennes villes...

Gardiens de voitures : Casablanca met fin à l’anarchie

La ville de Casablanca réorganise le secteur du gardiennage automobile, afin de mettre fin à l’anarchie qui le caractérisait jusqu’ici. Du moins c’est ce qu’elle tente de faire...

Ces articles devraient vous intéresser :

La voiture marocaine “NamX” s’attaque au marché américain

NamX, le constructeur automobile fondé par Faouzi Annajah, débarque aux États-Unis ! Après avoir fait ses armes en Europe et au Maroc, l’entreprise s’attaque au marché américain avec sa technologie révolutionnaire : des capsules d’hydrogène.

Colère à Marrakech : les chauffeurs de taxis accusés de harcèlement à l’aéroport

De nombreux Marrakchis et touristes sont en colère contre les chauffeurs de taxis au niveau de l’aéroport de Marrakech-Ménara. Ils affirment avoir été régulièrement harcelés par ces derniers qui cherchent à savoir s’ils utilisent l’application Indrive.

Voitures électriques : le Maroc, future puissance industrielle ?

Lentement mais sûrement, le Maroc s’impose comme un pays émergent en matière de production, d’exportation et d’écoulement de batteries et de véhicules électriques.

Des voitures de luxe acquises par le ministère de la Transition numérique ?

Ghita Mezzour, ministre déléguée en charge de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, a démenti l’acquisition d’une voiture de luxe pour 2,48 millions de dirhams et d’une autre pour 1,27 MDH.

Le Maroc lance la révolution du transport urbain

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, s’active pour la mise en place d’un nouveau modèle de gestion du transport urbain, afin de réorganiser le secteur et d’en assurer le fonctionnement plus rationnel.

Booking dicte sa loi aux hôtels marocains

La plateforme de réservation en ligne, Booking.com continue de dicter sa loi aux hôteliers marocains, ainsi qu’aux agences de voyages, provoquant d’énormes pertes économiques.

Maroc : des visites mystères dans les hôtels

Au Maroc, les professionnels de l’hôtellerie ont bien accueilli la décision d’organiser des visites mystères dans tous les établissements touristiques, conformément aux dispositions de la nouvelle loi 80-14 visant à renforcer la qualité et la gestion...

Salaires : bonne nouvelle pour certains fonctionnaires marocains

Bonne nouvelle pour les agents d’autorité au Maroc. Leurs salaires connaitront une augmentation allant jusqu’à 2 000 dirhams supplémentaires dès ce mois d’août 2025.

Immobilier au Maroc : des changements pour le transfert de propriété

Au Maroc, le transfert de propriété ne se fera plus comme avant, la loi de finances 2025 ayant revisité les conditions applicables à l’inscription des actes et conventions à l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du Cadastre et de la...

Cession de véhicules par les MRE : ce que dit la douane marocaine

La douane marocaine autorise les Marocains résidant à l’étranger (MRE) à introduire leurs véhicules au Maroc dans le cadre de l’admission temporaire (AT). Ce régime douanier permet d’importer un véhicule sans payer de droits de douane, sous certaines...