Tourisme : le Maroc monte en gamme, voit grand et veut tripler les arrivées de France

Achraf Fayda, directeur général de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) a dévoilé lors du congrès des Entreprises du Voyage (EDV) à Taghazout, le plan ambitieux du royaume à l’horizon 2030 où il espère atteindre les 30 millions de voyageurs.

« Vous arrivez dans un Maroc, qui dans sa globalité se transforme et ce dans plusieurs domaines. Nous avons terminé 2024, avec 17,4 millions de touristes, soit la première destination d’Afrique. C’est une position inédite. Une fois que nous avons décroché cette place, nous avons regardé ce que pouvait être notre prochain défi. Nous regardons le bassin méditerranéen », a déclaré Achraf Fayda devant les 400 participants au congrès des EDV. Le prochain objectif de l’ONMT, c’est de franchir la barre des 26 millions, à la faveur de la Coupe d’Afrique des nations (CAN Maroc 2025), puis des 30 millions à l’horizon 2030, année où le Maroc organisera la Coupe du monde de football, conjointement avec l’Espagne et le Portugal.

Le directeur général de l’ONMT explique : « Notre offre est beaucoup plus proche de celle du Portugal, de l’Espagne ou de la Grèce que de l’Afrique. Sauf que nous avons encore beaucoup de marge de progression. Nous accueillons un demi-touriste par habitant. À titre de comparaison, le ratio est de trois touristes par Portugais ou Grec, et de deux en Espagne. » Désormais, le Maroc veut miser sur le marché français. L’année dernière, quelque six millions de touristes français ont visité le royaume. L’ONMT ambitionne de doubler ce chiffre. « La proximité qui unit nos deux peuples, tant sur le plan linguistique que culturel, renforcée par l’hospitalité marocaine, constitue un atout précieux. Tout cela explique pourquoi nous ne sommes pas satisfaits de ce chiffre de 6 millions de Français. Nous voulons le doubler, voire le tripler. La France n’est pas un marché mature. Il faut absolument sortir de cette idée reçue », indique-t-il.

Dans cette perspective, la connectivité entre les deux pays sera renforcée. La semaine dernière, l’ONMT a signé un partenariat avec Transavia qui lancera 14 nouvelles liaisons vers le Maroc dès l’été prochain. Pour accroître sa desserte, le Maroc mise également sur la Royal Air Maroc. « Dans les prochains 12 mois, nous allons réceptionner 18 nouveaux avions. Pour le marché français, notre premier à l’international, nous comptons très rapidement doubler notre offre sur Casablanca, et de la quadrupler sur les lignes point à point, pour répondre à cette demande touristique en forte croissance », annonce Ilham Kazzini, directrice du pôle commercial monde de la compagnie aérienne marocaine. Ces nouveaux appareils vont desservir essentiellement des villes françaises au départ de Marrakech, d’Agadir et de Dakhla.

La RAM verra sa flotte augmenter de 50 avions en 2023 à 130 d’ici 2030, et à 200 en 2037. Ceci en vue de faire du Maroc une destination incontournable et d’attirer le maximum de visiteurs notamment français lors de la CAN 2025 et de la Coupe du monde 2030. « Nous voulons organiser la meilleure CAN de l’histoire. Nous visons 500 000 supporters étrangers entre le 21 décembre 2025 et le 18 janvier 2026. Or, la majorité des diasporas des équipes qualifiées vit en France. A cette occasion, nous allons multiplier les lignes entre nos deux pays. Nous leur proposerons donc de venir voir un match, faire un stop ici avant de poursuivre pour ceux qui le souhaitent vers leurs pays d’origine », détaille la responsable.

Le Maroc s’emploie à doubler ses capacités aéroportuaires d’ici 2029, passant de 32 à 74 millions de passagers. « Par le passé, notre offre touristique se concentrait essentiellement sur deux ou trois destinations : Fès, Agadir et Marrakech. Aujourd’hui, nous voulons faire émerger un nouveau Maroc, une nouvelle destination. Les 6 villes qui accueilleront ces grands évènements bénéficient d’un portefeuille dédié, spécifiquement alloué aux infrastructures et à l’animation touristique », renchérit Achraf Fayda. De même, le royaume travaille à augmenter ses capacités hôtelières et à « réglementer la location de logements touristiques, dans l’esprit du modèle d’Airbnb, mais aussi l’hébergement en bivouac dans le désert ou chez l’habitant. Nous voulons plus que doubler les lits », informe le directeur général de l’ONMT.