Travail au noir : 3.000 étrangers « sans papiers »

24 août 2007 - 20h28 - Maroc - Ecrit par : L.A

Lorsqu’on parle travail au noir, l’on pense généralement « emplois précaires », aux ressortissants de pays d’Afrique noire. Rarement aux « cols blancs », et rarement aussi à quelques nationalités que l’on pensait au-dessus de tout soupçon. Les résultats d’une enquête du ministère de l’Emploi bat en brèche quelques idées reçues.

Ainsi près de 3.000 étrangers travailleraient au noir. Au total, les inspecteurs du travail ont recensé 45 nationalités dont des Anglais, des Libanais, des Coréens et des Saoudiens. Mais les Chinois et les Français demeurent plus nombreux. Tous les secteurs d’activités sont concernés, avec une forte concentration de travailleurs étrangers dans l’hôtellerie et la restauration.

Deuxième constat, non moins inquiétant, la fraude touche même les entreprises structurées. Pourtant le code du travail est clair. Dans son article 516, il stipule que « tout employeur désireux de recruter un salarié étranger doit obtenir une autorisation de l’autorité chargée du travail ». Le contrat de travail établi avec le salarié étranger doit être visé par le ministère de l’Emploi. Un visa qui n’est pas automatique puisque le profil engagé doit être rare et non disponible au niveau local. Une disposition mise en place depuis 2005 par arrêté ministériel pour protéger le marché de l’emploi.

La preuve de la rareté du profil est, quant à elle, déléguée à l’Anapec (Agence nationale pour la promotion de l’emploi et des compétences). L’agence doit vérifier qu’effectivement il n’existe aucune demande locale pour l’emploi concerné. Sur le terrain, l’inspection du travail a découvert que des entreprises emploient des étrangers même pour des postes qui ne requièrent aucune expertise particulière. Le plus souvent aussi les employeurs justifient l’emploi d’étranger au noir par leur méconnaissance de la réglementation. Du moins si l’on se réfère aux déclarations d’un inspecteur du travail.

En réalité, ce qui rebute les employeurs c’est le risque d’une application rigide de la loi. Il est vrai que la procédure est contraignante, mais le ministère de l’Emploi tient compte des contraintes des entreprises. C’est le cas pour les franchises auxquelles le cahier des charges impose certains profils. Idem pour les entreprises étrangères qui remportent des marchés au Maroc et qui préfèrent confier des postes « sensibles » à leurs concitoyens : comptabilité ou direction financière et parfois même la gestion des ressources humaines.

Aujourd’hui, ces étrangers qui travaillent au noir ont été sommés de se conformer à la réglementation. Selon nos informations, un délai leur a été accordé pour régulariser leur situation. Dans le cas contraire, des procès-verbaux seront établis et les dossiers seront transférés au parquet. Ils seront donc contraints de quitter le territoire.

Les dispenses

"IL m’a fallu attendre plusieurs mois avant d’avoir le OK de l’Anapec. Et mon dossier n’est pas bouclé pour autant", soutient une salariée d’une PME. Si cette salariée de nationalité étrangère cherche à régulariser sa situation, d’autres étrangers préfèrent contourner la loi et monter une SARL. Les propriétaires, les fondés de pouvoir, les gérants, les associés et les actionnaires de sociétés étant dispensés de l’attestation délivrée par l’Anapec. Cette dispense est également valable pour les natifs du Maroc et les descendants de mère marocaine. Idem pour les époux et épouses des nationaux, les détachés pour une période limitée auprès de sociétés étrangères adjudicataires de marchés publics ou auprès des filiales de sociétés mères.

L’Economiste – K.M.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Emploi - Fraude

Ces articles devraient vous intéresser :

Royal Air Maroc recrute

Royal Air Maroc (RAM) veut recruter 96 élèves officiers pilotes de ligne afin d’accompagner sa nouvelle stratégie d’expansion. Les candidats retenus bénéficieront d’une formation rigoureuse avant d’intégrer son personnel de la compagnie.

Médecins maghrébins en France : l’exil comme solution ?

Après une percée au premier tour des législatives françaises, la perspective de voir le Rassemblement national (RN) présidé par Jordan Bardella, qui place l’immigration au cœur de la campagne électorale, remporter la majorité absolue le 7 juillet,...

Maroc : fin de l’impunité pour les squatteurs ?

La direction des Domaines de l’État relevant du ministère de l’Économie et des finances a adopté une nouvelle politique aux fins de récupérer les propriétés foncières publiques spoliées par des réseaux mafieux.

La douane marocaine en alerte

Les services de contrôle central de l’administration générale des douanes et des impôts indirects en coordination avec les banques renforcent les opérations de surveillance aux points de passage frontaliers et des aéroports concernant les transactions...

Maroc : des entreprises dans le collimateur de la direction des impôts

La direction générale des impôts mène une vaste opération visant les entreprises qui ne sont plus actives et n’ont plus soumis de déclaration fiscale pour certaines, depuis de nombreuses années.

TVA : la fraude qui coûte très cher au Maroc

La fraude à la TVA coûte chaque année entre 1 et 1,2 milliard de dirhams à l’État, a révélé Younes Idrissi Kaitouni, le directeur général des Impôts (DGI), lors de la présentation de son plan stratégique pour la période 2024-2028.

Le Maroc en manque d’ouvriers

Le secteur de la construction au Maroc est confronté à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. En cause, les nombreux chantiers d’infrastructures lancés dans la perspective de la Coupe du monde 2030.

L’Europe délivre un nombre record de permis de travail aux Marocains

Eurostat, institution relevant de la Commission européenne chargée de produire et diffuser des statistiques communautaires, a dévoilé le nombre de Marocains ayant obtenu les permis de travail temporaire en 2023.

Une bonne moisson pour le fisc marocain

Les services de contrôle et de recouvrement relevant de la Direction générale des impôts (DGI) mènent une vaste opération de contrôle ciblant de milliers d’entreprises et leurs gérants ayant opéré des retraits d’argent douteux. L’opération rapporte...

La Banque mondiale analyse en détail le tourisme marocain

Le tourisme représente environ 7 % du PIB et génère plus de 500 000 emplois directs, soit environ 5 % de la population active marocaine. C’est ce qui ressort du dernier rapport de la banque mondiale sur la situation économique du Maroc.