UE/Méditerranée : Une bien déséquilibrée balance commerciale

13 juillet 2007 - 02h49 - Economie - Ecrit par : L.A

Après dix ans de mise en œuvre du partenariat euromed, l’objectif affiché d’une « zone de prospérité partagée » ressemble de plus en plus à un mirage. Selon une récente étude de l’Office statistique de la Commission européenne, l’excédent commercial annuel de l’UE vis-à-vis des pays Meda, en progression constante, a culminé à 46,5 milliards d’euros en 2005. Un chiffre à comparer et à méditer avec les 9 milliards d’euros de subventions annuelles…

A l’exception notable de l’Algérie, qui affiche des excédents croissants sur la période 2000-2005, tous les autres pays sud-méditerranéens(1) enregistrent un déficit commercial avec l’UE. Si certains voient leur déficit s’atténuer entre 2000 et 2005 (Tunisie et Israël), d’autres voient celui-ci s’élargir (Maroc, Jordanie et Turquie). Le Maroc est ainsi passé d’un déficit de -4,4 milliards d’euros en 2000 à – 6,2 milliards en 2004 et à -7,7 milliards d’euros en 2005 (voir tableau).

Les plus gros excédents commerciaux étant enregistrés par l’Allemagne (+ 8,2 milliards d’euros en 2005) et la France (+ 5,3 milliards d’euros). L’Espagne, le Royaume-Uni et le Portugal ont par contre enregistré des déficits en 2005 (respectivement -3,3 milliards d’euros, -1,5 milliard et -1,1 milliard). Le commerce des pays Meda avec les 10 nouveaux Etats membres qui ont adhéré en 2004 reste en général très limité même si certains ont connu un rythme de croissance des flux commerciaux non négligeable, en particulier pour leurs exportations (Pologne, Hongrie et Tchéquie). Avec la Turquie, l’Algérie et Israël, le Maroc fait partie des partenaires les plus importants de l’UE dans la mesure où ces quatre pays réalisent plus de 75% du commerce de l’UE avec les pays Meda. La croissance des importations de l’UE a été particulièrement vive avec la Turquie (+ 84,6% entre 2000 et 2005), le Maroc (+ 48%) et l’Egypte (+ 47,5%), alors que les importations ont enregistré une baisse avec Israël et la Syrie. De leur côté, les exportations de l’UE ont connu une croissance importante avec l’Algérie (+ 67,7%), le Maroc (+ 50,7%) et la Turquie (+ 36,5%) alors qu’elles étaient en baisse avec Israël.

Le commerce entre les pays méditerranéens eux-mêmes est assez modeste et a atteint à peine 4,5% des importations totales et 6,2% des exportations totales durant l’année 2004. « Cette faiblesse », souligne l’Office statistique de la Commission européenne, « pourrait constituer une difficulté transitoire dans le cadre de la création d’une zone de libre-échange avec l’UE ».

A titre comparatif, le commerce intra-zone de l’UE représentait 66,7% du total des exportations et 64,6% du total des importations en 2005.

Les échanges concentrés sur les produits industriels

Pour l’ensemble de la zone des 10 pays partenaires méditerranéens, les produits industriels constituent la part dominante des échanges extérieurs, proche des 2/3 des produits exportés et de 70 % des produits importés. Les produits alimentaires et les matières premières (autres que les produits énergétiques) ne représentent qu’une part assez modeste du commerce des pays Meda. Cet aperçu global recouvre cependant des situations nationales très diverses.

Pour ce qui est des exportations, le contraste est important entre les pays dont la structure par produit est très concentrée, en particulier sur les produits du secteur de l’énergie, et les pays où les produits sont plus diversifiés, avec un poids plus important des produits industriels. L’Algérie est le pays le plus représentatif du premier groupe, l’énergie représentant en 2004 plus de 98% des exportations (dont 64% pour le pétrole et 34% pour le gaz.). Cette forte concentration, soulignent les auteurs de l’étude, « génère une forte dépendance de la balance commerciale algérienne aux variations de prix du pétrole et du gaz ». Les autres pays méditerranéens, comme le Maroc, qui ne sont que peu ou pas producteurs de matières premières énergétiques, ont des exportations plus différenciées, avec une part majoritaire pour les produits industriels. La part des produits industriels dans le total des exportations est particulièrement élevée dans le cas d’Israël (94,8%), de la Turquie (85 ,9%) et de la Tunisie (77,7%). Ces pays ont des exportations assez différenciées, avec cependant un poids notable pour les exportations de diamants taillés pour Israël (36% des exportations) et de l’industrie textile-habillement pour la Tunisie (37%) et la Turquie (28%).

Les produits agroalimentaires constituent une part non négligeable des exportations du Maroc (18,1%) et de la Palestine (17,0%). A l’exception de la Palestine, les importations des pays Meda sont composées en majorité par des produits industriels. La part des produits industriels dans les importations est particulièrement élevée pour Israël (80,4% en 2004), la Tunisie (76,9%), l’Algérie (74,9%) et le Maroc (67,6%). Par rapport à la moyenne des pays Meda (7,4% en 2004), le poids des importations de produits agroalimentaires est sensiblement plus important pour la Palestine (24,4% en 2004), l’Algérie (19,6%) et l’Egypte (18,8%), contre 8,7% pour le Maroc.

L’Economiste - Aziz Ben Marzouq

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Union européenne - Politique économique - Pologne - Office des changes - Hongrie

Ces articles devraient vous intéresser :

Tourisme au Maroc : les MRE dépensent bien plus que les touristes nationaux

Le Maroc a réalisé des recettes touristiques record en 2024. Selon l’Office des changes, ces revenus ont atteint 112,5 milliards de dirhams, soit une augmentation de 7,5 % par rapport à l’année précédente.

Maroc : les revenus d’Airbnb traqués

L’Office des changes vient de lancer une vaste opération d’audit visant les transferts financiers internationaux entre propriétaires et bénéficiaires des locations de biens immobiliers via Airbnb.

Maroc : les duty free font leur révolution

Du changement en vue pour les magasins de vente sous douane, communément appelés « Duty free shops ». L’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) et l’Office des changes ont fixé de nouvelles règles relatives à leur gestion et fonctionnement.

Maroc : du nouveau pour dotation pour voyage d’affaires

Au Maroc, la dotation pour voyage d’affaires passe de 60 à 100 000 dirhams, selon la version actualisée de l’Instruction générale des opérations de change (IGOC) qui est entrée en vigueur le 2 janvier 2024.

Les transferts des MRE menacés : l’Europe suscite l’inquiétude des banques marocaines

Les banques marocaines présentes en Europe sont confrontées à de nouveaux défis avec la mise en vigueur annoncée d’une directive européenne visant à mettre fin aux transferts de fonds des étrangers vers leurs pays d’origine, dont les Marocains de la...

Tomates marocaines : l’Europe durcit le ton

Les producteurs et exportateurs marocains de tomates expriment des inquiétudes quant à l’adoption annoncée d’une nouvelle réglementation modifiant les conditions d’importation des fruits et légumes vers l’UE.

Le Maroc se met à la taxe carbone

Des experts livrent leurs réflexions sur l’impact que la mise en place de la taxe carbone pourrait avoir sur l’économie marocaine ainsi que l’industrie marocaine.

Transferts d’argent des MRE : une année 2024 record

L’année 2024 aura été faste pour les transferts d’argent des Marocains résidant à l’étranger (MRE), selon les derniers chiffres publiés par l’Office des changes.

Avocat : le Maroc a un redoutable concurrent

Les avocats produits au Maroc sont très prisés en Europe en raison de plusieurs avantages concurrentiels. Mais le royaume a désormais un redoutable concurrent.

Déficit commercial du Maroc : les chiffres qui inquiètent

Le déficit commercial du Maroc s’est accentué de 6,5 % fin novembre 2024, atteignant 275,74 milliards de DH contre 261,36 milliards de DH à la même période de l’année précédente, selon les chiffres de l’Office des Changes. Les exportations marocaines...