Sous un soleil de plomb, le combat des vignobles marocains

28 octobre 2023 - 17h00 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Face au défi du réchauffement climatique qui sévit au Maroc, les vignerons rivalisent d’ingéniosité pour protéger leurs vignobles. Ces gardiens du raisin, confrontés aux assauts du chergui, ce vent saharien, expérimentent de nouvelles techniques pour préserver leurs précieuses vignes.

Le domaine de la Zouina, piloté par Christophe Gribelin et conseillé par Vincent Hudon, est un exemple de cette lutte, avec ses innovations en viticulture sur les versants de l’Atlas. Mais le combat est ardu, les conditions climatiques ayant évolué au point de renforcer les phénomènes extrêmes comme la grêle, auparavant plus cléments, rapporte le site spécialisé vitisphere.com.

A lire : Des viticulteurs français s’intéressent au marché marocain

L’irrigation goutte à goutte est une pratique répandue dans les vignobles marocains, un legs indispensable face à la rigueur du climat. Mais ce n’est pas tout. Pour contrecarrer les effets dévastateurs du chergui, Gribelin a érigé des haies protectrices autour de ses vignes. Mais ces remparts verts luttent eux-mêmes pour leur survie, leurs besoins hydriques rivalisant avec ceux des vignes qu’ils sont censés protéger.

Les couverts végétaux, une autre stratégie adoptée, présentent à la fois promesses et défis. En semant de l’orge et de la féverole entre les rangs, Gribelin cherche à protéger le sol, bien que cette technique ait parfois des conséquences inattendues, comme la réverbération des rayons solaires, préjudiciable aux grappes. Face à un avenir incertain, l’idée de replanter à des altitudes plus élevées fait son chemin, avec une préférence pour des variétés résistant mieux à la sécheresse, comme la syrah, le carignan et, de manière surprenante, le chardonnay.

A lire : Le vin marocain cartonne à l’international

Plus loin au sud, le tableau est encore plus sombre. Charles Mélia, fondateur du domaine du Val d’Argan, endure des conditions de plus en plus extrêmes, avec une pluviométrie qui a chuté dramatiquement et des températures atteignant des sommets. Innovant, il cultive ses vignes à ras du sol et expérimente des associations de plantes pour offrir de l’ombre aux raisins. Malgré ces efforts, la sécheresse fait rage, tarissant les puits et réduisant drastiquement sa récolte, le poussant à diversifier son activité vers l’œnotourisme.

Cependant, dans cette atmosphère presque apocalyptique, l’ingéniosité humaine brille. Mamoun Belcaid, exploitant à Nzalat Laadam, a déployé des filets d’ombrage sur ses vignes, une initiative qui non seulement protège les plants, mais réduit également leur consommation d’eau. Malgré des températures avoisinant les 50 °C, sa récolte n’a pas fléchi. Mais au-delà de ces victoires individuelles, le chergui reste un adversaire formidable, réduisant les rendements de manière spectaculaire et rappelant aux vignerons leur combat quasi quotidien.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Agriculture - Météo Maroc - Alcool

Aller plus loin

Des viticulteurs français s’intéressent au marché marocain

L’association des vignerons, le Cellier des demoiselles, situé Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans les Corbières, a commencé à exporter ses produits au Maroc, après la reprise...

Viticulture : 200 millions de dirhams par an pour l’exportation par le Maroc

La production totale moyenne de raisin par le Maroc s’établit à 357.000 tonnes par an et génère quelque 200 millions de dirhams, indique un point détaillé du Ministre de...

Le vin marocain cartonne à l’international

Le vin marocain pourrait devenir dans les prochaines années un sérieux concurrent pour les producteurs historiques comme la France ou encore l’Italie.

Le Maroc deuxième exportateur de vin en Afrique

Le Maroc est le deuxième plus gros exportateur de vin du continent africain après l’Afrique du Sud, d’après l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV).

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : appels à interdire la culture de la pastèque

Au Maroc, les défenseurs de l’environnement appellent à l’interdiction totale de la culture de la pastèque, très gourmande en eau.

Casablanca : des champs irrigués aux eaux usées

Les éléments de la Gendarmerie royale de la préfecture de Nouaceur relevant de la région de Casablanca-Settat ont procédé dimanche à la saisie des pompes à eaux illégalement installées par certains agriculteurs pour irriguer leurs terres agricoles avec...

Du nouveau pour la culture de pastèque au Maroc

Le gouverneur de la province de Zagora, au Maroc, a récemment pris une décision pour réglementer la culture de la pastèque rouge et jaune, afin de préserver les ressources en eau. Cette mesure, qui restreint les surfaces cultivables et interdit la...

Les dattes algériennes dangereuses pour la santé ?

L’inquiétude enfle quant à la qualité des dattes algériennes importées au Maroc. Dr. Hassan Chtibi, président de l’Association de protection du consommateur, alerte sur les risques sanitaires liés à la consommation de ce produit prisé par les Marocains.

Les archéologues font une étonnante découverte au Maroc

Des archéologues ont découvert au Maroc le plus ancien site agricole qui date de la période de la préhistoire.

Intermarché bannit la fraise marocaine

Afin de valoriser des produits de saison et du terroir français, le groupement Les Mousquetaires, qui chapeaute les enseignes Intermarché et Netto, a pris une décision radicale : bannir les fraises et les cerises de ses étals durant les mois de...

Le Maroc en guerre contre la cochenille

Au Maroc, le ministère de l’Agriculture a mis en place des mesures pour limiter la propagation de la cochenille, un insecte ravageur des cultures de cactus.

Pastèques : le Maroc perd du terrain sur le marché européen

Au premier semestre 2024, les exportations marocaines de pastèques vers l’Europe ont baissé de 50,31 % par à la même période de l’année dernière.

Huile d’olive au Maroc : enfin la baisse des prix ?

Le Maroc est en passe de surmonter la crise oléicole. Après années de sécheresse, la filière oléicole se remet doucement en ordre de marche, mais il y a à craindre d’autres risques et aléas.

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...