Au Maroc, les agences de voyage en péril ?

31 décembre 2024 - 12h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Au Maroc, les inquiétudes sont de mise au sein des agences de voyage. En cause, la récente mise en conformité à la loi 11-16, encadrant l’exercice de cette activité.

La loi 11-16 encadrant l’activité des agences de voyage passe mal. Mohamed Semlali, président de la Fédération nationale des associations des agences de voyages du Maroc, se désole du fait que son organisation n’ait jamais été associée à l’élaboration de cette loi, ni à la discussion des décrets d’application. « La loi 11-16 ne prend pas en compte les défis auxquels sont confrontées les agences de voyages. Nous ne sommes pas de simples distributeurs. Nous apportons une valeur ajoutée que la législation actuelle semble ignorer », réagit-il auprès de Challenge. Il estime que cette situation risque de causer des dommages dramatiques aux agences de voyages.

« Actuellement, n’importe qui peut ouvrir une agence en seulement 48 heures, sans aucune compétence ni connaissance du secteur. Il suffit de déposer une caution de deux cents mille dirhams à la CDG et le tour est joué », explique-t-il, soulignant que cela nuit à la crédibilité des agences établies qui investissent dans la formation et la qualité de service. Il a tenu à rappeler que dans l’ancienne loi, « on imposait des standards clairs pour les agences de voyages, comme la nécessité d’avoir un directeur agréé par le ministère. »

À lire :Au Maroc, les agences de voyage retrouvent le sourire

« Cette exigence apportait une garantie de professionnalisme et de compétence dans le secteur. Aussi, la loi précédente stipulait également qu’il fallait embaucher un minimum de cinq personnes pour exploiter une agence. Cela favorisait le développement de l’emploi et garantissait que chaque agence dispose d’une équipe qualifiée pour offrir un service de qualité », explique Semlali, déplorant par ailleurs que des obligations claires n’aient pas été définies dans le nouveau texte. Selon lui, cela désavantage les agences de voyages locales par rapport à leurs concurrents internationaux. De plus, l’absence d’exigences claires favorise une certaine forme de déréglementation, rendant les agences vulnérables face à la concurrence déloyale.

Les professionnels du secteur ont toutefois salué certaines mesures consignées dans la nouvelle loi. « Malgré les préoccupations soulevées par la loi 11-16, il est important de reconnaître qu’elle pourrait également constituer une opportunité pour réglementer le secteur et lutter contre l’informalité. En effet, de nombreuses personnes proposent des services de voyage en ligne sans jamais les déclarer. Cette nouvelle législation pourrait aider à mettre de l’ordre dans ce marché en permettant aux agences de voyages qualifiées de rivaliser avec ces offres informelles. En favorisant une concurrence saine, on pourra également garantir une meilleure protection des consommateurs », souligne Semlali.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Tourisme - Administration - Gouvernement marocain - Parlement marocain

Aller plus loin

Une majorité des agences de voyage a fait faillite au Maroc

La pandémie de Covid-19 a provoqué la fermeture de 80 % des agences de voyage exerçant au Maroc. Pour sauver le secteur, Khalid Benazzouz, président de l’Association régionale...

Au Maroc, les agences de voyage retrouvent le sourire

Après deux ans de perturbations en raison de la crise de Covid-19, les agences de voyages marocaines retrouvent le sourire, tant les réservations de voyages explosent.

Maroc : quinze agences de voyages sanctionnées

Après des plaintes déposées à leur encontre, quinze agences de voyages ont été sanctionnées par le comité consultatif technique des agences de voyage.

Ces articles devraient vous intéresser :

Hausse historique du prix du gaz au Maroc, une première en 30 ans

La bonbonne de gaz vendue au Maroc devrait voir son prix augmenter progressivement pendant trois ans, vient de révéler le Premier ministre Aziz Akhannouch.

Cri d’alarme des enseignants marocains en France

Des professeurs de langue arabe et de culture marocaine, officiant à la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger, dénoncent le retard dans le traitement de leurs demandes de « mise en disponibilité administrative ».

Maroc : des aides publiques détournées

Malgré les efforts déployés par l’État, les détournements des aides publiques se multiplient au point d’aggraver les conditions de vie des couches sociales défavorisées.

Les MRE pas près de voter

Interpellé par un groupe parlementaire sur le droit des Marocains résidant à l’étranger (MRE) à participer aux élections au Maroc, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a répondu sans détour.

Maroc : du nouveau pour la kafala (adoption)

Présenté par le Groupe socialiste-opposition Ittihadie, le projet de loi N°5.171.22 modifiant l’article 19 de la loi N°15.01 relative à la kafala (adoption) des enfants abandonnés a été adopté à l’unanimité lundi par la Chambre des représentants.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Copropriétés au Maroc : les impayés qui ruinent l’immobilier

Au Maroc, la copropriété fait face à de graves difficultés, notamment le non-paiement des cotisations. De quoi impacter négativement le secteur de l’immobilier marocain.

Jeux de hasard au Maroc : mauvaise nouvelle pour les joueurs

Au Maroc, les bénéfices tirés des jeux du hasard seront désormais soumis à l’impôt sur le revenu. C’est la conséquence directe de certains amendements du Projet de Loi de Finances 2025 par la Chambre des conseillers.

Maroc : changement majeur chez Airbnb

La plateforme américaine Airbnb interdit désormais toutes les caméras de surveillance à l’intérieur des logements mis en location. Cette nouvelle règle entrera en vigueur en avril dans tous les pays, y compris le Maroc.

Le gouvernement marocain accusé de gonfler les chiffres du tourisme

Les députés de l’opposition ont chargé le gouvernement lundi au parlement, lui reprochant notamment d’avoir pris en compte 50 % des Marocains résidant à l’étranger (MRE) dans les 17,4 millions de touristes arrivés dans le royaume en 2024.