Aïd al-Adha : la vente du mouton interdite au Maroc ?

1er juin 2025 - 22h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Au Maroc, des mesures visant à empêcher des citoyens d’acheter des bêtes à sacrifier lors de l’Aïd al-Adha, ont été observées. Ils sont orientés vers l’abandon du sacrifice.

Fin février, le roi Mohammed VI avait lancé un appel, invitant les Marocains à s’abstenir de sacrifier des moutons à l’occasion de l’Aïd al-Adha cette année en raison de la sécheresse persistante qui frappe le royaume depuis six ans et a réduit le cheptel national. À l’approche de l’Aïd al-Adha, des mesures visant à empêcher des citoyens d’acheter des bêtes à sacrifier, en les orientant vers l’abandon du sacrifice ont été observées par Hespress. Information confirmée au site le président de la Fédération marocaine des acteurs du secteur de l’élevage.

« Nous n’avons reçu aucune décision imposant l’interdiction de vente. Mais en tant que professionnels, nous ne vendons pas le bétail en respect du décret royal. Toutefois, la majorité de ceux qui veulent acheter se rendent au marché, les marchandises y arrivent, et jusqu’à présent, il n’existe aucun communiqué officiel du ministère de l’Intérieur ou du ministère de l’Agriculture. Mais il y a des instructions orales pour inciter les gens à respecter la décision royale et à arrêter la vente dans certains marchés », a-t-il déclaré.

À lire Maroc : les festivités de l’Aïd al-adha interdites ?

Le président de la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’homme en explique le bien-fondé : « Suite à la décision prise d’interdire à certains citoyens l’abattage du sacrifice de l’Aïd dans le cadre des mesures liées à la protection du cheptel national, et en lien avec les hautes directives royales appelant à préserver le patrimoine animal en tant que levier stratégique de sécurité alimentaire, nous, à la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’homme, considérons que cette mesure s’inscrit dans le cadre légal et réglementaire de l’État. C’est une mesure légitime et fondée sur les principes de protection des droits collectifs, qui peuvent, dans certains cas, exiger de restreindre ou de suspendre temporairement l’exercice de certains droits individuels, de manière temporaire et proportionnée, afin de réaliser un intérêt général majeur. »

Il ajoutera : « Nous affirmons que les droits individuels, tels que garantis par les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, y compris le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (articles 18 et 19), ne sont pas absolus, mais peuvent être restreints conformément à la loi, et sans porter atteinte à leur essence, en particulier lorsqu’il s’agit de protéger la santé publique, l’environnement ou l’ordre public. Ce sont les mêmes principes qui s’appliquent à cette décision. » Pour le responsable, « le droit au sacrifice, malgré sa symbolique religieuse et sociale, ne peut être considéré comme un droit non susceptible de restriction, surtout lorsqu’il s’agit d’une prévention nationale collective contre un danger menaçant la richesse animale, et d’éviter le retour d’épidémies ayant déjà causé des effets économiques et sociaux dévastateurs, comme la fièvre aphteuse ou la peste des petits ruminants. »

À lire :Aïd al-Adha : les Marocains suivront-ils l’appel du roi Mohammed VI ?

Le chercheur et écrivain Mountassir Hamada dira pour sa part : « Ce qui s’est passé, en pratique, quelques semaines après la lecture par le ministre des Habous et des Affaires islamiques du contenu du message royal à ce sujet, c’est que nous avons observé des comportements non conformes dans la façon d’interagir avec les exigences du message. Cela aurait nécessité l’émission d’instructions de la part du ministère de l’Intérieur pour inciter les citoyens à respecter collectivement ces exigences. Les institutions médiatiques et les plateformes numériques auraient également dû être présentes de manière beaucoup plus marquée pour appuyer les contenus du message royal et renforcer le respect de ses dispositions. »

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