Aux yeux de Mohamed Choukair, chercheur en affaires sociales, ce phénomène, qui s’est répandu au Maroc, interroge sur l’État de droit. Il illustre ses propos en évoquant plusieurs dossiers concernant les « fils à papa ». Il cite l’exemple de l’époux d’une princesse qui a tiré sur un policier sans être ni arrêté ni jugé, parce que sa non-responsabilité pénale a été justifiée par des troubles psychiques. Il évoque également le cas d’un accident impliquant la fille d’un conseiller du roi défunt Hassan II. Celle-ci avait renversé une policière de la circulation. Elle avait été arrêtée grâce à l’intervention du directeur de la sûreté marocaine, qui a insisté pour que les mesures légales soient prises. Mais elle n’a pas purgé toute sa peine avant d’être libérée. Elle a entre-temps bénéficié d’une grâce royale.
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Si ces affaires, dont les protagonistes sont les enfants de l’élite économique, politique et administrative influente, sont généralement suivies de près par l’opinion publique et la presse, c’est parce qu’elles constituent un « thermomètre » de l’indépendance du pouvoir judiciaire, ainsi que du degré d’ancrage des institutions d’un État de droit dans un pays où les législations s’appliquent sans tenir compte de l’origine sociale, de l’influence politique ou de la fortune économique de l’auteur du crime, explique Choukair.
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Le « fils à papa » ou « l’enfant riche gâté » se base généralement sur les richesses qu’il possède, lui et sa famille, dans son interaction avec autrui, notamment avec les « enfants des pauvres », commente pour sa part un chercheur en sciences du comportement social, nuançant que ce constat ne s’applique pas à tous les « fils à papa ». Pour étayer son argumentation, il fait savoir qu’il existe des enfants de familles aisées qui respectent les lois, font preuve d’humilité et s’intègrent aisément dans le tissu social, y compris parmi les couches sociales les plus modestes économiquement et financièrement.
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Le comportement social, voire psychologique, explique la vision négative qu’a le « fils à papa » des autres, car il pense avoir le droit de les mépriser et de les dominer, que ce soit par la force matérielle ou par l’achat des consciences, uniquement pour échapper à la justice lorsqu’il commet des infractions, délits ou crimes, a-t-il ajouté, insistant sur le fait que la société saine est celle où les classes sociales s’effacent, où il n’existe ni enfants de notables ni enfants de pauvres lorsqu’il s’agit d’appliquer les lois.