
Patrimoine : l’Algérie tente de dribbler le Maroc
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Le Club des Avocats au Maroc adresse une correspondance à l’ambassadrice des États-Unis en Algérie, pour dénoncer une atteinte à l’authenticité du patrimoine marocain.
Le Club des Avocats au Maroc est choqué par la diffusion sur les réseaux sociaux à travers le compte personnel certifié de l’ambassadrice des États-Unis en Algérie d’une publication faisant la promotion d’un livre culinaire intitulé « Taste of Algeria », avec en couverture un tajine marocain présenté comme un élément du patrimoine algérien. Il adresse une correspondance à Elizabeth Moore Aubin pour exprimer ses inquiétudes face à ce qu’il considère comme une erreur symboliquement lourde, rapporte Hespress. « Le tajine n’est pas un plat générique du Maghreb, mais un marqueur culturel fort du Maroc, doté d’une valeur patrimoniale reconnue et protégée », rappelle l’association présidée par l’avocat Mourad Elajouti, évoquant ainsi une forme d’appropriation culturelle qui s’inscrit dans un climat régional marqué par des tentatives répétées de réécriture identitaire.
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Le Club des avocats a également rappelé que le tajine marocain est enregistré auprès de l’Organisation Mondiale de la Protection Intellectuelle (OMPI) par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, sous la marque collective « Maroc Patrimoine Tajine Marocain / Moroccan Heritage Moroccan Tajine » et qu’il est juridiquement encadré dans les domaines des ustensiles, des produits culturels et de leur valorisation économique. Appuyant ses propos, l’association cite des références académiques, notamment les travaux de Gil Marks, auteur de l’ouvrage « Encyclopedia of Jewish Food ». L’historien américain attribue l’origine du tajine aux populations amazighes du Maroc. Sans manquer de souligner sa transmission à travers les générations, notamment au sein des communautés juives marocaines.
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Les figures diplomatiques sont tenues à une rigueur exemplaire dans leurs communications, particulièrement lorsqu’il est question de symboles culturels, rappelle encore le club, invoquant à ce titre la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, qui impose un devoir de réserve et de respect dans la représentation des cultures étrangères. Aux yeux des avocats marocains, associer, même de manière indirecte, un élément aussi emblématique que le tajine à un pays autre que le Maroc constitue une atteinte à l’authenticité du patrimoine marocain.
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