Le Maroc priorise-t-il le sport au détriment de la santé ? Les ouvriers du projet de construction de l’hôpital Ibn Sina d’une capacité de dépassant les 1 000 lits pour un coût d’environ 6 milliards de dirhams (600 millions de dollars) ont été temporairement transférés, ou « empruntés », pour accélérer les travaux au stade Prince Moulay Abdellah à Rabat, rapporte Morocco World News. Une mesure qui vise à respecter les délais de livraison promis par Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF). Le stade Moulay Abdellah, récemment reconstruit, d’une capacité de près de 68 500 places, est fermé depuis 2023 pour une rénovation complète. Le délai initial d’achèvement fixé par Lekjaa au 31 juillet n’a pas été respecté. L’inauguration officielle de l’infrastructure aura finalement lieu le 5 septembre avec un match de qualification pour la Coupe du monde 2026 entre le Maroc et le Niger.
À lire : Stades, LGV, hôtels… Le Maroc construit son rêve mondial, mais à quel prix ?
Cependant, donner priorité à la rénovation du stade en retardant le projet de construction de l’hôpital universitaire Ibn Sina, lancé par le roi Mohammed VI en mai 2022, suscite des réactions de la part des observateurs. Selon bon nombre d’entre eux, la question clé est de savoir s’il est logique de privilégier une infrastructure sportive plutôt qu’un projet stratégique de santé au service de milliers de citoyens. L’image du Maroc en tant qu’organisateur d’événements sportifs performants est-elle prioritaire au détriment des droits fondamentaux comme l’accès aux soins de santé ?, questionnent-ils. Aux yeux des observateurs, le projet de l’hôpital Ibn Sina est considéré comme une priorité absolue, mais la décision de réduire ses effectifs au profit du stade reflète une contradiction douloureuse entre la focalisation sur « l’apparence » et les besoins fondamentaux des citoyens.
À lire : Mondial 2030 : le Maroc veut briller sur le terrain… et sur ses infrastructures
Les questions fusent sur les priorités nationales. Le Maroc s’oriente-t-il vers une stratégie qui concilie efficacement ses besoins fondamentaux de développement et son image internationale ? Ou sommes-nous encore prisonniers de la logique d’un « Maroc à deux vitesses », où un stade est achevé en prolongations tandis que l’ouverture d’un hôpital pourtant indispensable est reportée ?, s’interrogent les observateurs.