Maroc : des élus corrompus fuient à l’étranger

25 août 2025 - 21h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Impliqués dans des affaires de corruption et de malversations financières, plusieurs présidents et élus locaux marocains destitués ou non encore destitués ont fui à l’étranger, notamment en Espagne et aux États-Unis, afin d’échapper aux poursuites judiciaires.

L’opération d’assainissement que mène le ministère de l’Intérieur fait fuir plusieurs présidents de communes et responsables, mais aussi des fonctionnaires territoriaux récemment destitués ou frappés par des jugements d’inéligibilité ou d’exclusion. Bon nombre d’entre eux sont partis à l’étranger pour des motifs prétendus de vacances d’été ou de raisons familiales, ou ont l’intention de s’installer définitivement à l’étranger, fait savoir Assabah, ajoutant qu’un élu, récemment destitué dans la province de Nouaceur, aurait quitté le pays vers les États-Unis sous couvert d’accompagner son fils pour finaliser son inscription universitaire. D’autres conseillers et cadres communaux se sont envolés vers l’Espagne, justifiant leur départ tantôt par des vacances d’été, tantôt par un besoin de soins médicaux dans des cliniques de la péninsule. Informés de leur présence sur la liste d’élus qui seront destitués très prochainement, d’autres auraient pris aussi la fuite. Parmi eux, un président de commune relevant de la province de Médiouna.

À lire : Des hauts responsables marocains privés de vacances

Par ces actes, ces élus et fonctionnaires tentent d’échapper à la justice marocaine. Outre les sanctions administratives, ils risquent d’écoper des peines de prison. Ils seraient impliqués dans des affaires corruption et de malversations financières. Il y a également des violations graves relevant de la gestion des finances locales, avec un accent particulier sur la manipulation de la taxe sur les terrains non bâtis, les irrégularités dans la délivrance des autorisations commerciales, industrielles et professionnelles, des falsifications de documents d’urbanisme, en collusion avec des promoteurs immobiliers influents, pour contourner les règles en vigueur et des marchés publics attribués à des entreprises privées récurrentes dans les listes des adjudicataires, dans des conditions jugées opaques. Sans oublier des irrégularités touchant les recettes fiscales, des contrats de travaux publics suspects, ainsi que des projets d’aménagement où les sociétés chargées de la réalisation « ont été sommées de justifier l’origine des matériaux et des équipements utilisés. »

À lire : Maroc : de hauts responsables sanctionnés

Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur a donné carte blanche à l’Agence judiciaire du Royaume pour qu’elle transmette les dossiers des présidents destitués des tribunaux administratifs vers les parquets des Cours d’appel. Ces derniers ont chargé leurs sections spécialisées de la police judiciaire financière et économique d’approfondir les investigations.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Corruption - Espagne - États-Unis - Droits et Justice

Aller plus loin

Maroc : des élus en prison pour corruption

Le parquet de la Cour d’appel de Kénitra a ordonné le placement en détention de cinq conseillers communaux, accusés de corruption dans le cadre de l’élection prochaine du...

Un scandale de corruption qui éclabousse plusieurs régions au Maroc

En raison de leur complicité avec des promoteurs immobiliers, des fonctionnaires officiant pour le compte des services de l’urbanisme de plusieurs préfectures relevant des...

Juges et avocats condamnés au Maroc pour corruption

La cour d’appel de Rabat a condamné à diverses peines les 16 personnes dont des magistrats, des avocats, des hommes d’affaires et des fonctionnaires, accusées de corruption dans...

Maroc : un élu pris en flagrant délit de corruption

Les éléments de la Gendarmerie royale de Casablanca ont arrêté vendredi en flagrant délit de corruption un élu local du parti de l’Istiqlal, membre du conseil communal de Ben...

Ces articles devraient vous intéresser :

Interdiction du burkini : revers pour des maires français

Le tribunal administratif de Nice a donné raison à la Ligue des droits de l’Homme (LDH) qui a contesté deux arrêtés municipaux interdisant le port du burkini pendant l’été 2025.

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

Hassan Iquioussen vs Gérald Darmanin : la justice se prononce aujourd’hui

Le tribunal administratif de Paris examine l’arrêté d’expulsion de Hassan Iquioussen, pris par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en juillet 2022. Cette audience déterminante permettra de statuer sur la possibilité de l’imam de revenir en...

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Maroc : les chiffres alarmants sur la corruption des députés

Sur les 30 députés à la Chambre des représentants poursuivis ou condamnés pour des faits de corruption, de détournement de fonds publics ou d’abus de pouvoir, 16 proviennent de la majorité (RNI, PAM et l’Istiqlal). C’est le constat fait par Jeune Afrique.

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.