Booder : de l’hôpital Necker à la scène

« Si je fais tout ça, c’est pour combattre cette maladie qui est le regret ! Je suis un vrai touche-à-tout ! Si je suis monté sur scène, c’est pour aller ensuite vers le cinéma, j’y ai d’ailleurs pris goût. Tout s’est passé dans un ordre chronologique, un ordre naturel », confie Booder dans une interview au Pays d’Auge lors de l’ouverture du festival Estuaire d’en Rire mardi 9 septembre 2025. L’humoriste a en effet eu des soucis de santé étant jeune. Enfant, il avait quitté son Maroc natal pour la France où il s’est fait soigner. Il a été hospitalisé à Necker pendant six ans avec « des allers-retours ». Il avait eu de graves problèmes pulmonaires (asthme sévère et bronchiolite) quelques mois seulement après sa naissance au Maroc.

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L’art, plus précisément, l’humour, est devenu son exutoire. « Pour moi, l’humour a toujours été une échappatoire, un moyen de désamorcer les situations compliquées. Avec le sourire et une vanne bien placée, sans être insolent, on évite le conflit. C’est aussi plus facile maintenant, avec ma notoriété, car quand on me rencontre, en principe, on a toujours le sourire. Quand j’étais jeune, c’était mon arme de destruction massive, cela m’a permis de m’imposer dans ma classe, d’être aimé de tout le monde, même des professeurs alors que je risquais parfois des renvois ou des mauvaises notes…, raconte-t-il. C’était pareil pour le harcèlement scolaire : j’ai eu la chance d’être né avec de la repartie, donc les gens craignaient mes répliques en rafale ! C’était l’arroseur arrosé ! »

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Mardi, Booder a ouvert le Festival Estuaire d’en Rire avec son spectacle Ah… l’école ! D’où l’inspiration est-elle venue ? « La toute première motivation vient de mon fils. J’écris beaucoup la nuit, dans mon salon, dans le noir, avec la télé allumée. Je me mets dans l’ambiance. Mon fils est venu me voir en pleine nuit, m’a vu griffonner. Je lui ai dit que je cherchais des idées et il m’a répondu :“et bien, bon courage, j’espère que tu ne vas pas encore te mettre en scène dans l’autodérision ! On a compris, pas encore des vannes sur toi !” », raconte-t-il.

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Il ajoute : « Ça a produit un choc dans ma tête. Peut-être que le fait de me moquer de moi dans mon spectacle le dérange, lui qui a 14 ans maintenant. Il fallait donc que je parle d’autre chose, de choses qui le touchent lui. J’ai jeté les quatre feuilles déjà écrites et je suis tombé sur un article à propos d’une jeune fille avec des problèmes de harcèlement scolaire. C’est pourtant très difficile d’en parler, il fallait donc commencer par beaucoup de choses très drôles et finir sur ce problème, une sonnette d’alarme. » L’humoriste dit avoir alors choisi d’écrire un texte un peu poétique, car il ne conçoit pas de faire de l’humour pour de l’humour.

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Il poursuit : « Attention, je ne suis pas un donneur de leçons, mais je fais état de choses que je vois dans les faits divers, que je vis quand je vais dans les hôpitaux pour voir les enfants. Et c’est très grave parce qu’il faut bien savoir qu’en France, c’est le harcelé qui doit changer d’école, pas le harceleur ! C’est une double peine ! »