Les MRE d’Arabie Saoudite se disent exclus par le Maroc

18 juillet 2020 - 09h30 - Maroc - Ecrit par : I.L

Alors qu’il représente un soulagement pour plusieurs Marocains, l’ouverture des frontières a tout l’air d’une mauvaise nouvelle pour les MRE d’Arabie Saoudite. En attente de rapatriement depuis plusieurs mois, ils doivent désormais payer pour espérer un retour au pays.

Le gouvernement a déployé plusieurs vols en direction des pays où sont bloqués certains Marocains à l’étranger. Pendant un mois, cette opération a été une réussite. Elle aura permis au Royaume de rapatrier 10 700 personnes sur les 32 000 bloquées à l’étranger, selon la ministre déléguée Nezha El Ouafi le 6 juillet dernier en commission parlementaire. Quelques semaines après le lancement de cette opération, les MRE d’Arabie saoudite estiment avoir été oubliés par le gouvernement, rapporte le journal Libération.

Pour El Hassan Rabiae, journaliste marocain à Riyad, plusieurs MRE sont désormais inscrits sur la liste retenue par l’État marocain pour procéder à leur rapatriement. Avec l’ouverture partielle de la frontière, beaucoup vont devoir payer leur propre transport. «  Le hic, c’est que les prix des billets d’avion ont presque triplé. Un aller simple coûte actuellement entre 5 000 et 6 000 riyals saoudiens alors qu’auparavant, un aller-retour ne dépassait pas, en haute saison, 3500 riyals. A cela, il faut ajouter le coût du test PCR (1 450 riyals). Ces frais devraient être multipliés par trois ou quatre vu qu’un grand nombre de MRE sont mariés et ont des enfants  ».

 Poursuivant ses explications, il ajoute que plusieurs de ces MRE en Arabie saoudite vivent dans la précarité en raison de la longue période de confinement. À ce titre, les ouvriers et employés qui ont été les premières victimes de la crise liée au Covid-19 ont dû rompre leur contrat de travail et s’acquitter d’un visa «  exit définitif  » exigé par les services consulaires marocains. Ce faisant, beaucoup ont été obligés de rompre leurs contrats de travail et d’être ainsi privés des indemnités de départ ou de leur salaire  ».

Malgré tous ces sacrifices et la difficulté de la situation, ajoutées à la faim et au manque de logement, le gouvernement n’a déployé aucun avion pour les rapatrier au pays. Dans ces conditions, ils estiment qu’ils sont des exclus, des laissés-pour-compte ou des citoyens de seconde zone.

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