Le baron de la drogue Reda Abakrim arrêté au Maroc après 13 ans de cavale

9 janvier 2021 - 12h20 - Maroc - Ecrit par : G.A

Après 13 ans de cavale, Reda Abakrim, le principal suspect dans l’assassinat de Brahim Hajaji dans la cité de La Coudraie de Poissy a été interpellé le 22 décembre 2020 à Casablanca. Considéré comme un gros bonnet de l’exportation de cannabis du Maroc vers la France, ce sont finalement ses empreintes qui mettront fin à 13 longues années de recherches infructueuses de la police.

Surnommé «  Turbo  », Reda Abakrim a disparu des radars de la police après l’assassinat le 17 juin 2007 à Poissy de Brahim Hajaji. Un règlement de comptes entre trafiquants selon la police qui avait souligné qu’il s’agirait d’une guerre de territoire. Même en fuite, la cour d’assises en juin 2020 a condamné Reda et deux de ses complices à une peine de 21 ans de réclusion criminelle. Ce trafiquant franco-marocain est considéré par les jeunes de sa génération comme un exemple de réussite dans le milieu du trafic de stupéfiants et autres travers de la loi, rapporte Le Parisien.

Âgé de 38 ans, « Turbo » a grandi à La Coudraie.« Son père travaillait comme ouvrier à l’usine Peugeot de la commune. Reda y a été élevé avec ses deux frères et sa sœur, précise un ancien du quartier. Pour protéger ses enfants de l’influence de la cité, le père de famille a acheté une maison aux Mureaux. Mais le jeune Reda avait déjà pris l’allure d’un trafiquant, confie un proche resté sous anonymat. « A 13 ans, il dealait déjà à l’entrée de La Coudraie. Puis, il a fait des passages de résine de cannabis entre l’Espagne et la France. Il était très malin et individualiste. Il voulait réussir et disait qu’à 18 ans, il devait avoir son premier million d’euros en poche. Et il y est arrivé, c’est dingue. Il l’a même fêté ».

Connaissant les ficelles à tirer dans le milieu, «  il a très vite monté les grades pour se hisser au niveau de caïd de La Coudraie  », raconte un ancien policier des stups. « C’est à ce moment-là qu’on l’a surnommé Turbo, parce qu’il était capable de faire sortir une tonne de résine de cannabis du Maroc par jour », confie un informateur des stups. Avant de se faire connaître comme étant un trafiquant à surveiller de près, Reda a fait sa première apparition dans les archives de la police à l’âge de 12 ans pour un incendie, puis pour vol, violence, menace, extorsion. Son casier judiciaire fait mention de six condamnations pour « vol aggravé, outrage et refus d’obtempérer  ». Mais aucune pour infraction à la législation sur les stupéfiants, poursuit le journal.

En 2007, il s’enfuit lorsque l’enquête sur le meurtre de Brahim se rapprochait de lui. Il se réfugie au Maroc et étend les tentacules de son business de drogue vers la France. Alors que les enquêteurs français apprennent aussi qu’il aurait acheté des bateaux pneumatiques pour faire passer sa marchandise sur la mer Méditerranée afin de rejoindre l’Espagne, il s’évapore dans la nature, sous de fausses identités. Malgré sa situation assez délicate, il s’offrait tous les plaisirs que pouvait lui permettre sa position de baron du trafic de drogue. « Au Maroc, il vivait dans une villa avec des gardes du corps. Abakrim se permet une vie sociale, se marie et s’installe à Dubaï où il circule en Rolls-Royce, vivant dans le luxe le plus absolu.

C’est en janvier 2010 que l’enquête sur la disparition de Brahim connaît un rebondissement. Bilel, son ancien lieutenant, sous pression, révèle aux forces de l’ordre l’endroit où Brahim a été enterré. Le corps sera retrouvé en état de décomposition avancée. L’autopsie révèle que le jeune homme a été exécuté de trois balles de calibre 7,65 tirées dans le bassin et dans la tête. Bilel très bavard confie que Mohamed A., Reda Abakrim et Karim B. était avec lui, le jour de l’assassinat de Brahim. Les complices, à l’exception de «  Turbo  », seront arrêtés, mais ils ne donneront pas tous la même version de ce jour où Brahim a été exécuté.

La France attend impatiemment l’extradition de «  Turbo  » afin qu’il réponde des charges qui pèsent contre lui. Mais avec sa nationalité marocaine, le voir en France peut s’avérer impossible, surtout qu’il a été arrêté au Maroc pour usage d’un faux passeport.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Criminalité - Cannabis - Aéroport Mohammed V Casablanca - Caïd - Arrestation

Aller plus loin

Ils utilisent des voitures de location pour distribuer la drogue à Marrakech

Les gendarmes de Berrechid ont réussi à démanteler un réseau de trafic de cocaïne qui louait des voitures pour distribuer de la drogue, à Marrakech, Casablanca, et à interpeller...

Tanger : la police fait échouer une tentative de trafic de drogue par Jet Ski

Un trafiquant de drogue n’a pu convoyer les 90 kilogrammes de Chira qu’il a chargés sur son Jet Ski. Les gardes-frontières postés à Tanger, près de la plage de Malabata,...

Catalogne : 6 frères marocains à la tête d’un réseau de trafic de drogue

Les Mossos de Squadra sont parvenus à mettre hors d’état de nuire un réseau criminel de trafic de cocaïne opérant dans la région de la Catalogne et le sud de France. 15...

Acquittement au Maroc de Reda Abakrim d’un meurtre commis en France

Le franco-marocain Reda Abakrim alias « Turbo » considéré comme un gros bonnet de l’exportation de cannabis du Maroc vers la France a été acquitté par un tribunal de Casablanca...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : une banque ADN pour traquer les criminels

Au Maroc, le ministère de la Justice travaille sur la création d’une banque de données génétiques (ADN) pouvant aider les forces de l’ordre à identifier et à traquer les personnes impliquées dans des affaires de viol, de harcèlement sexuel, d’attentat...

Nord du Maroc : les gangs de retour sur les routes ?

Sur la toile, des activistes appellent les Marocains à faire preuve de vigilance lorsqu’ils circulent sur certaines routes du nord du Maroc.

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

Royal Air Maroc à nouveau critiquée pour la perte de bagages

Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique, s’explique sur les retards observés dans la remise des bagages et la perte des bagages dans les aéroports marocains, surtout l’aéroport Mohammed V de Casablanca.

Des soucis avec les bagages à l’aéroport Mohammed V de Casablanca

L’aéroport Mohammed V de Casablanca, en collaboration avec la Royal Air Maroc (RAM) et l’Office national des aéroports (ONDA), vient de créer une équipe spéciale pour améliorer la gestion des bagages en correspondance.

Maroc : dix nouveaux hôtels en projet par un grand groupe

Le groupe hôtelier espagnol Silken va ouvrir dix hôtels dans les aéroports du Maroc, à commencer par Casablanca. Objectif : accompagner la stratégie touristique nationale en vue de la Coupe du monde 2030.

À l’aéroport de Casablanca, un terminal conçu comme un chef-d’œuvre marocain

L’Office national des aéroports (ONDA) dévoile le design du nouveau terminal en mode hub qui sera construit à l’aéroport Mohammed V de Casablanca. La touche marocaine y est bien présente.

Criminalité au Maroc : les chiffres

Les chiffres officiels de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) montrent les baisses importantes dans toutes les catégories de crimes en 2023.

Maroc : 42 milliards pour des aéroports XXL

Le nombre de passagers aériens au Maroc a fortement augmenté ces dernières années, passant de 7,7 millions en 2005 à 32,5 millions en 2024. Pour accompagner cette croissance, le gouvernement a décidé d’investir 42 milliards de dirhams dans le...

Trafic aérien au Maroc : l’année de tous les records

Les statistiques de l’Office national des Aéroports (ONDA) montrent que le trafic aérien au niveau des aéroports du Maroc a enregistré un record de fréquentation à fin 2024.