Maroc : une campagne sur la mendicité infantile choque les internautes

18 mars 2021 - 18h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

L’association Jood, qui vient en aide aux sans-abris, a lancé depuis 10 mars, une campagne de sensibilisation contre la mendicité infantile, devenue sujette à controverse sur les réseaux sociaux. Les internautes la jugent « choquante » et « maladroite ». L’association quant à elle, assume pleinement.

« Nous sommes convaincus que le seul moyen d’arrêter l’exploitation des enfants pour des fins de mendicité et leur laisser une chance de partir à l’école, dépend de la société civile… donc de nous tous. SVP, ne donnez plus d’argent aux enfants mendiants, ni aux adultes qui exhibent des enfants pour vous émouvoir et vous inciter à donner », indique l’association Jood sur sa page Facebook.

Les internautes n’ont pas apprécié cette action de l’association et n’ont pas manqué de le lui faire savoir. « Maladresse !!! », a tweeté l’un d’eux. « Hé @JOOD_ONG, votre affiche de la mendicité est choquante et surtout mal faite », publie un autre. « Le message est maladroit oui, mais il ne faut pas dénigrer l’excellent travail de l’association Jood qui vient en aide aux SDF au quotidien. », relativise un troisième.

De son côté, l’association assume pleinement le caractère « choquant » de la campagne. « Le seul moyen de faire prendre conscience aux gens de cette réalité, c’est de les choquer. Sans cela, cette campagne n’aurait pas eu un tel impact. », a confié à Médias24, Hind Laïdi, présidente et fondatrice de l’association Jood, ajoutant que la situation est alarmante depuis fort longtemps. « Certains enfants sont loués 150 dirhams la journée. Avec ça, les parents se garantissent une recette d’au moins 4 500 dirhams par mois, et le fait de mendier eux-mêmes avec leurs enfants leur rapporte a minima 350 dirhams par jour. On peut vite grimper à 12 000 dirhams par mois… Ceux qui jugent cette campagne maladroite n’ont probablement pas pris la peine de cliquer sur le lien pour lire les chiffres communiqués par les différentes institutions et organismes marocains et internationaux », explique-t-elle.

Hind Laïdi évoque par ailleurs la question de la réinsertion professionnelle des parents et scolaire des enfants. « Quand on propose un emploi aux parents ou une place à l’école pour leurs enfants, ils refusent. C’est systématique : ceux qui mendient ne veulent que de l’argent », soutient-elle, invitant les citoyens à changer de comportement. « S’ils cessent de donner, ces enfants ne sortiront plus mendier. », a-t-elle assuré.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Enfant - Esclavage moderne - Mendicité

Aller plus loin

Maroc/Enfants de la rue : les grands oubliés en ces temps de pandémie

Ils sont des milliers, ces enfants marocains, sans acte de naissance, sans livret de famille, sans carte d’identité. Ce phénomène qui prend de l’ampleur dans le royaume, laisse...

« Pour son bien, ne lui donne rien », une campagne contre la mendicité des enfants au Maroc

« Pour son bien, ne lui donne rien ». C’est le slogan sous lequel l’association Jood a démarré depuis le 10 mars, une campagne de sensibilisation contre la mendicité à laquelle...

Maroc : elle louait son bébé à un professionnel de la mendicité

Deux individus, une jeune femme et un jeune homme, ont été interpellés samedi et traduits devant le parquet général de Rabat, pour leur implication présumée dans une affaire de...

Maroc : des caméras de surveillance pour lutter contre la mendicité

Le ministère marocain de l’Intérieur a annoncé l’installation de caméras de surveillance dans les principales villes du royaume en vue de lutter contre la mendicité.

Ces articles devraient vous intéresser :

Samira Saïd : la retraite ?

La chanteuse marocaine Samira Saïd, dans une récente déclaration, a fait des confidences sur sa vie privée et professionnelle, révélant ne pas avoir peur de vieillir et avoir pensé à prendre sa retraite.

Des Marocains réduits à l’esclavage dans le Lot-et-Garonne

Vingt travailleurs marocains ont été exploités dans des conditions indignes par une agricultrice du Lot-et-Garonne. Attirés par la promesse d’un contrat de travail et d’une vie meilleure, ils ont déboursé 10 000 euros chacun pour rejoindre la France.

Au Maroc, les hommes font du baby-sitting, et ça ne plaît pas à tout le monde

Outre les femmes, les hommes proposent eux aussi des services de baby-sitting via des applications. De quoi inquiéter bon nombre d’internautes marocains qui s’interrogent sur la protection de l’enfance et la légitimité de ces services.

Un réseau familial marocain démantelé dans le Lot-et-Garonne

Les gendarmes de la Brigade de recherches de Bouliac ont démantelé un réseau d’exploitation d’ouvriers agricoles. Six personnes ont été mises en examen jeudi 12 décembre, dont un couple de Marocains placé en détention provisoire.

Alerte sur les erreurs d’enregistrement des nouveaux-nés au Maroc

L’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) a alerté le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au sujet du non-enregistrement des nouveau-nés à leur lieu de naissance, l’invitant à trouver une solution définitive à ce problème.

Quand la rentrée scolaire pousse les Marocains à l’endettement

L’approche de la rentrée scolaire et la fin des vacances d’été riment souvent avec le recours aux prêts bancaires devant permettre aux parents marocains de subvenir aux besoins de leurs enfants. Et, les banques se livrent une concurrence très forte.

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Un enfant né d’un viol ouvre une brèche dans le droit marocain

Saisie par une jeune maman qui cherche à obtenir une indemnisation pour son fils issu d’un viol, la cour de cassation marocaine a rendu une décision qui va faire date.

Maroc : une école mise en vente avec ses élèves ?

Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.

Maroc : le mariage fastueux de la fille d’un haut dirigeant soulève des polémiques

Le mariage somptueux organisé par le président de la Chambre des conseillers, Naam Miyara, pour sa fille, soulève de vives polémiques. La quatrième personnalité politique du Maroc après le roi, le chef du gouvernement et le président de la Chambre des...