« Pour son bien, ne lui donne rien », une campagne contre la mendicité des enfants au Maroc

30 mars 2021 - 10h00 - Maroc - Ecrit par : G.A

« Pour son bien, ne lui donne rien ». C’est le slogan sous lequel l’association Jood a démarré depuis le 10 mars, une campagne de sensibilisation contre la mendicité à laquelle sont livrés les enfants dans les rues, les marchés et les artères des villes du Maroc.

Donner une pièce à un enfant, « c’est un crime » qui détruit définitivement son avenir, affirme Hind Laidi, présidente de JOOD, dans une déclaration à Hespress. « Pour son bien, ne lui donne rien » a été accompagnée du hashtag #Sa_place_est_en_classe. L’association s’insurge contre l’exploitation des enfants à des fins de mendicité professionnelle. Autrefois signe de pauvreté, elle est devenue un fonds de commerce pour certains qui n’hésitent pas à se servir de la vulnérabilité des enfants pour stimuler la pitié.

L’autre chose qui a motivé l’initiative est que les enfants sont drogués à l’aide de médicaments afin de provoquer l’endormissement. On leur apprend à coller les piétons afin de leur soutirer de l’argent. La campagne « Pour son bien, ne lui donne rien » dure jusqu’au 30 avril et doit connaitre le lancement sous peu d’une nouvelle étape pour matérialiser l’engagement de l’association en faveur de la défense des droits des enfants, avec la mise en ligne d’une pétition nationale, « pour que les peines dans les textes de loi soient plus lourdes et contraignantes envers les adultes qui exploitent des enfants dans le cadre de la mendicité professionnelle », explique Hind Laidi.

La pétition sera mise en ligne sur « campagne.jood.ma » et à travers les réseaux sociaux de l’association. La pétition circulera aussi sur WhatsApp, indique la présidente de JOOD. Tout en félicitant l’association, certains internautes ont dénoncé une campagne qui ne propose pas de solutions capables d’aider ces enfants souvent violentés lorsqu’ils ne ramènent pas d’argent à la fin de la journée. Pour Hind Laidi, il faut bien commencer la lutte quelque part. « Le ministère de la Justice fera ce qu’il faut, le ministère de l’Intérieur s’applique à trouver ces personnes et à les pénaliser, le ministère de la Solidarité a mené une grande campagne en 2020, et malgré la crise sanitaire il a pu sauver 142 gamins de ces réseaux-là », rapporte Hespress.

Mais pour elle, les citoyens restent les acteurs clés de cette lutte. « Notre part de responsabilité est encore plus importante en tant que citoyens. Tant que nous donnerons de l’argent à ces enfants, il y aura un marché, et tant qu’il y aura un marché, ces gens-là trouveront toujours des moyens » de recruter encore plus d’enfants.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Pauvreté - Enfant - Mendicité - Ministère de l’Intérieur (Maroc) - Ministère de la Justice et des Libertés

Aller plus loin

Maroc : la mendiante roulait en 4x4 dernier cri

C’est à Ait Aourir, à une dizaine de kilomètres d’Agadir que la mendiante au riche patrimoine a été interpellée vendredi dernier. Roulant en 4x4 flambant neuf, l’arnaqueuse...

Elle se fait passer pour une mendiante pour écrire un livre

L’ancienne adjointe du maire de la Commune d’Evere à Bruxelles, la romancière marocaine Fatiha Saidi, s’est mise dans la peau d’une mendiante, pour les besoins de son livre qui...

Les enfants, victimes collatérales des violences conjugales

Les enfants sont des victimes collatérales des violences conjugales qui dans nombre des cas génèrent de graves répercussions sur leur santé et leur développement psychosocial....

Maroc : une campagne sur la mendicité infantile choque les internautes

L’association Jood, qui vient en aide aux sans-abris, a lancé depuis 10 mars, une campagne de sensibilisation contre la mendicité infantile, devenue sujette à controverse sur...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : du souci pour les exploitants de taxis

Au Maroc, les exploitants de taxis ont l’obligation de déclarer les conducteurs et leurs adjoints auprès des services compétents des préfectures avant le 31 mars 2025, au risque de perdre leur licence.

Au Maroc, des élus fantômes bientôt sanctionnés ?

Du souci pour les « élus fantômes » au sein des conseils communaux au Maroc. La direction générale des collectivités territoriales relevant du ministère de l’Intérieur a instruit les présidents des communes de dresser des listes de présence et de...

Maroc : un magistrat sévèrement sanctionné

Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient d’ordonner la révocation d’un juge exerçant dans un tribunal de première instance, condamné pour corruption. Le magistrat a été pris en flagrant délit, alors qu’il recevait la somme de 500 dirhams de la...

Couples non mariés et hôtels au Maroc : vers la fin des abus ?

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, lance un avertissement aux hôtels qui exigent des documents non autorisés notamment un certificat de mariage des couples marocains.

Mariage des mineurs au Maroc : des chiffres qui font froid dans le dos

Au Maroc, le chemin vers l’éradication du mariage des mineurs reste encore long et parsemé d’embûches. De quoi inquiéter le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qui plaide pour des mesures législatives plus strictes.

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.

Marrakech veut en finir avec la mendicité et les SDF

La ville de Marrakech mène une lutte implacable contre la mendicité professionnelle et le sans-abrisme, qui porte déjà ses fruits. À la manœuvre, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et la brigade touristique.

Maroc : la vente des terres collectives a rapporté gros à l’État

La vente des terres collectives a généré 509 millions de dirhams de recettes au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, soit une hausse significative par rapport à la même période de l’année précédente où elles étaient de 404 millions de dirhams,...

Tourisme au Maroc : une saison estivale en demi-teinte

À l’heure où les Marocains résidant à l’étranger (MRE) retournent dans leurs pays d’accueil, les familles marocaines rejoignent leurs villes de résidence, pour préparer la rentrée scolaire de leurs enfants, les professionnels du tourisme font le bilan...

Mohamed Ihattaren rattrapé par la justice

Selon un média néerlandais, Mohamed Ihattaren aurait des démêlés avec la justice. Le joueur d’origine marocaine serait poursuivi pour agression et tentative d’incitation à la menace.