66 % des enfants marocains âgés de 10 ans ne savent pas lire

31 octobre 2020 - 23h00 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Dans un récent rapport, la Banque Mondiale a relevé la crise sévère que traverse l’école marocaine en soulignant notamment que 66 % des enfants du royaume âgés de 10 ans n’étaient pas capables de lire et comprendre un texte simple. Ce rapport qui compare également les performances du Maroc à celles de la moyenne régionale du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, met clairement à nu les tares qui entravent le plein épanouissement de l’école marocaine.

L’école marocaine présente de grandes lacunes qu’il est urgent de combler, d’après la Banque mondiale. Dans un rapport intitulé « Maroc : Pour un système éducatif performant au sortir de la Covid-19  », l’institution internationale relève qu’en 2018, les années de scolarité des élèves marocains corrigées en fonction des acquis étaient estimées à 6,2 années. Quant à la durée effective de la scolarité au Maroc, elle était en moyenne inférieure de 4,4 ans au nombre d’années réelles. En se fondant sur ce constat, la BM affirme que « ces chiffres reflètent la crise des apprentissages que traverse le pays, tout comme plusieurs autres pays dans le monde, et l’urgence de résorber les lacunes du système éducatif, afin d’équiper chaque élève des compétences fondamentales nécessaires pour s’insérer à l’âge adulte dans la société et l’économie marocaines ».

À cet effet, le rapport a notamment évoqué les réformes engagées par le gouvernement dans le cadre de sa Vision stratégique pour l’éducation 2015-2030, notamment l’adoption en 2019 de la loi-cadre 51.17. La BM n’a pas manqué de souligner son appui au royaume à travers un prêt de 500 millions de dollars, justement dans le cadre du programme d’appui au secteur de l’éducation. Cette subvention vient accompagner les efforts des autorités en s’attachant plus particulièrement à améliorer les acquis scolaires et la gouvernance du secteur. Cependant aujourd’hui, la BM fait le constat selon lequel le contexte actuel de la crise sanitaire, a fragilisé les avancées du Maroc en matière d’éducation. Elle en veut pour preuves, "les mesures de confinement, qui ont conduit à la fermeture des établissements scolaires et entraîné la perte d’au moins trois mois d’apprentissage chez environ 900 000 enfants d’âge préscolaire, 8 millions d’élèves du primaire et du secondaire, et un million d’étudiants du supérieur".

Évoquant les mesures rapides prises par le ministère de l’Éducation pour réduire au minimum les pertes d’apprentissage pendant la crise, le rapport a néanmoins relevé que ces “trois mois de fermeture des écoles et les coups portés à l’économie, l’apprentissage effectif d’un élève pourrait diminuer de 6,2 à 5,9 ans et l’apprentissage annuel moyen par élève de 2 %”. Toutes choses susceptibles de creuser davantage les inégalités face à l’éducation. Pour éviter au système éducatif du royaume de sombrer, la BM lui recommande, en dépit du contexte de « contraintes budgétaire  », de préserver les dépenses d’éducation, pour limiter la transmission de la pauvreté d’une génération à l’autre. Le pays devra également mettre l’accent sur les objectifs de sa Vision 2015-2030 et tirer les leçons de la crise du coronavirus pour accélérer les réformes.

Par ailleurs, la BM propose plusieurs autres stratégies, dont entre autres, l’apprentissage en présentiel, si possible, pour maintenir les écoles ouvertes, dans la mesure du possible et dans le respect de règles sanitaires strictes, afin de donner aux élèves les meilleures chances d’apprentissage et de combler les lacunes. Mais également, des campagnes de sensibilisation, pour prévenir le décrochage scolaire, le renforcement des capacités des enseignants, le développement des partenariats public-privé (PPP) plus solides, afin d’améliorer l’accès à une éducation de qualité pour tous.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Banque mondiale - Enquête - Ministère de l’Education nationale - Coronavirus au Maroc (Covid-19)

Aller plus loin

Maroc : l’anglais ne remplacera pas le français dans les écoles

Le ministère de l’Éducation nationale a apporté un démenti formel suite aux informations selon lesquelles l’anglais sera désormais la deuxième langue d’enseignement au cycle...

Maroc : une campagne sur la mendicité infantile choque les internautes

L’association Jood, qui vient en aide aux sans-abris, a lancé depuis 10 mars, une campagne de sensibilisation contre la mendicité infantile, devenue sujette à controverse sur...

Fermeture d’écoles : le collectif des parents traîne le gouvernement en justice pour « abus de pouvoir »

La décision du gouvernement de fermer toutes les écoles de Casablanca et celles des zones à risques dans les autres régions, n’est pas du gout du Collectif des Parents en...

Maroc : 200 000 élèves ont quitté le privé pour le public

Le taux des élèves dans les établissements d’enseignement privés a chuté lors de cette rentrée scolaire. A cause de la pandémie, plus de 200 000 élèves ont quitté les...

Ces articles devraient vous intéresser :

Au Maroc, 20% des entreprises de transport touristique mettent la clé sous le paillasson

Les entreprises de transport touristique n’ont pas pu se refaire une bonne santé financière après la crise sanitaire liée au Covid-19 qui a touché de plein fouet le secteur. Conséquence : près de 20 % d’entre elles se voient contraintes de mettre la...

Covid-19 au Maroc : la deuxième vague Omicron terminée

Au Maroc, la deuxième vague Omicron est terminée. Ceci après deux semaines consécutives de niveau de vigilance « vert faible » de la circulation du Covid-19 et le début de la phase post-vague ou la quatrième période intermédiaire.

L’apprentissage de l’anglais dans l’enseignement supérieur, une priorité pour le Maroc

Le Maroc accorde une place de choix à l’apprentissage de l’anglais dans l’enseignement supérieur. Une réforme est en cours.

Maroc : la fumée de la chicha empoisonne l’école

Touria Afif, membre du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), a interpellé le ministre de l’Intérieur et celui de l’Éducation nationale sur la prolifération des cafés à chicha à proximité des écoles au Maroc et plus...

Les recommandations de la banque mondiale au Maroc

La banque mondiale a formulé quelques recommandations consignées dans son dernier rapport sur le climat et le développement (CCDR) du Maroc.

Investissement privé au Maroc : la banque mondiale sonne l’alarme

L’investissement privé est en chute libre au Maroc. C’est du moins ce que révèle la banque mondiale dans son nouveau rapport de suivi de l’économie marocaine.

Maroc : l’état d’urgence sanitaire prolongé jusqu’au 31 décembre

Le gouvernement vient d’annoncer, une nouvelle fois, la prorogation de l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national.

Le prince Moulay Rachid a contracté le Covid-19

Ayant contracté le Covid-19, le prince Moulay Rachid n’a pas pu accompagner le roi Mohammed VI, vendredi 14 octobre 2022, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la deuxième année législative de la onzième législature.

Maroc : l’Amazigh reconnue officiellement comme une langue de travail

Les autorités marocaines ont procédé mardi au lancement officiel des procédures qui vont permettre l’intégration de l’Amazigh dans les administrations publiques. La cérémonie a été présidée par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch.

Au Maroc, les agences de voyage retrouvent le sourire

Après deux ans de perturbations en raison de la crise de Covid-19, les agences de voyages marocaines retrouvent le sourire, tant les réservations de voyages explosent.