À Marrakech, chevaux, ânes de trait et familles en souffrance

10 août 2020 - 21h30 - Maroc - Ecrit par : S.A

La crise sanitaire liée au coronavirus a produit un impact négatif sur des centaines de chevaux et d’ânes de trait marocains de Marrakech tributaire de l’industrie touristique.

Ces chevaux de trait ont pour activité principale de conduire les calèches de touristes. Depuis l’apparition du Covid-19 et l’entrée en vigueur de l’état d’urgence sanitaire voire son énième prolongation (jusqu’au 10 septembre), l’interdiction de déplacements de et vers huit villes du royaume dont Marrakech, il n’y a plus d’activité pour ces animaux. Or, de milliers de personnes vivent du travail des chevaux.

À Marrakech, un seul attelage fait vivre quatre à cinq familles, dont les propriétaires, les chauffeurs et les garçons d’écurie, déclare au journal Le Monde le cocher Abdeljalil Belghaoute. "Si vous avez un magasin, vous pouvez le fermer. Si vous vendez des marchandises, vous les stockez. Mais imaginez avoir… des chevaux qui ont besoin de manger, de boire et de recevoir des soins médicaux", se lamente Abdeljalil Nouidi. La situation devient difficile à gérer pour lui et ses trois autres frères qui s’investissent dans cette activité depuis deux décennies.

Les frères Nouidi ont l’habitude d’emmener les touristes en excursions en calèche. Cette année, ils traversent une période de vaches maigres. En juillet, ils ont dû vendre sept de leurs animaux. Y compris Cocotte, la favorite d’Abdenabi Nouidi, son propriétaire. "Ce n’est pas quelque chose que je peux facilement me pardonner", confie-t-il. Il avait promis à ce cheval de trait de le garder pour toujours.

Afin d’aider les propriétaires, la Société pour la protection des animaux à l’étranger, SPANA a fourni les soins de base aux chevaux dès le déclenchement de la crise sanitaire au Maroc. De même, il a fourni trois mois de nourriture à près de 600 chevaux de la ville ocre et de la ville voisine d’Aït Ourir pendant la fermeture du pays. "Il est rapidement devenu clair pour nous, lorsque le confinement a été imposé, que de nombreux animaux de Marrakech auraient besoin de notre aide ou seraient confrontés à une issue désastreuse", déclare Hassan Lamrini, vétérinaire en chef du centre SPANA de Marrakech.

Toujours est-il que la situation épidémiologique du pays ne rassure guère. Au Maroc, le bilan officiel Covid-19 (9 août) fait état de 33 237 cas de contamination, 23 347 guérisons et 498 décès. "Plus longtemps cela durera, plus les chevaux et les familles auront du mal à survivre, fait remarquer Abdeljalil Belghaoute. Nous sommes vraiment effrayés par la gravité de la situation".

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