Photo : Francisco Sarrio Volpi - El Diario
Dans un entretien à Diario.es, Abdellah Taia revient en détail sur sa dernière œuvre littéraire, publiée en France l’année dernière et traduite en espagnol. L’auteur marocain évoque les trois événements qui ont marqué la vie de sa mère, Barka Aliali, et qui d’une certaine manière, ont également forgé sa personnalité. Protagoniste du roman, sous le nom de Malika, la mère s’indigne du rôle des femmes rurales marocaines, de leur extrême pauvreté et de l’inégalité entre les sexes. Son fils la décrit comme « une combattante, une guerrière ».
« Malika est ma mère. Bien qu’un livre suive une structure, il ne m’empêche pas non plus de modifier les éléments autobiographiques pour que l’histoire de ma mère ait un sens. Même s’ils l’appellent un roman, pour moi, tout est réel… “Vivre à ta lumière” est bien plus qu’un livre sur l’histoire de ma mère. C’est une histoire écrite par elle-même. L’encyclopédie de sa vie est en moi », confie Abdellah Taia, ajoutant que sa mère « était bien plus qu’une victime du colonialisme. C’était une femme courageuse avec beaucoup de rage ».
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L’écrivain se dit rempli de « honte et de repentir » pour n’avoir pas accordé une attention méritée à sa mère de son vivant. « Au Maroc, nous avons tendance à nous souvenir de notre famille et de nos amis les plus proches lorsqu’ils sont partis. Quand ils sont morts. Cette colère en moi m’a aussi aidé à réaliser qu’elle était une femme révolutionnaire, qu’elle n’a jamais demandé d’aide et qu’elle a toujours pu répondre à mes besoins et à ceux de tous mes frères ».
Parlant de la situation des femmes marocaines de nos jours, Abdellah Taia estime que rien n’a changé. « Au quotidien, la Marocaine ne se sent pas inférieure, même si elle l’est vraiment aux yeux des autres », explique le premier auteur marocain à déclarer ouvertement son homosexualité dans son livre « Homosexualité expliquée à ma mère ». Le Marocain dit continuer à faire face aux difficultés en tant qu’homosexuel dans un pays comme le Maroc. Selon lui, seule la jeune génération peut changer les choses et non les lois qui « continuent de susciter des discours de haine et d’homophobie ».