L’émouvant témoignage d’un Marocain homosexuel qui a vécu « l’enfer » depuis l’âge de 10 ans

26 juin 2022 - 21h40 - Espagne - Ecrit par : A.P

Nabil (nom d’emprunt) est un Marocain de 42 ans qui dit avoir été violé par un oncle à l’âge de 10 ans, renié par sa famille, persécuté et emprisonné plus tard au Maroc pour son homosexualité. Il raconte « l’enfer » qu’il a vécu avant de rejoindre l’Espagne.

Nabil a été victime d’abus sexuels de la part de son oncle alors qu’il n’avait que 10 ans. « Il m’a violé et quand ma famille l’a appris, elle s’est retournée contre moi. J’ai été maltraité et chassé de la maison », confie-t-il à Diario de León. Le Marocain s’est retrouvé à la rue à 12 ans et a commencé à fréquenter des homosexuels et finalement, s’est livré à la prostitution pour survivre. Au Maroc, l’homosexualité n’est pas acceptée par la société et est punie par la loi. « Nous sommes constamment battus, humiliés, maltraités… Et quand la police vous prend, c’est pareil. On nous traite de pécheurs », déplore Nabil.

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Arrêté par la police dans la rue à l’âge de 18 ans, il a été jeté en prison parce que dans leur rapport, les agents ont précisé qu’il a été arrêté dans une maison en flagrant délit de prostitution. Un mois plus tard, il est sorti de prison et est retourné dans sa famille qui l’a rejeté. « Ils m’ont insulté et m’ont dit des paroles blessantes comme : Va-t’en, put* de p* ! Tu as terni l’image de la famille devant les voisins… Tu es un misérable p* », se souvient-il. Il a continué à subir des humiliations et autres traitements dégradants de la part des voisins. N’en pouvant plus, il a décidé de quitter Marrakech et de se rendre à Agadir.

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Dans cette ville, il a continué à fréquenter les milieux homosexuels et à pratiquer la prostitution. Il y a même été condamné à six mois de prison pour homosexualité. Libéré, il retourne à la rue. Là, il rencontre celui qui devient son partenaire et ils ont vécu une vie paisible pendant deux ans. Jusqu’au jour où ils découvrent qu’ils sont tous deux positifs au VIH. « Je ne sais pas qui a infecté qui. On avait des relations sans protection », affirme Nabil. Mais son partenaire a commencé à l’accuser, lui reprochant d’avoir « gâché sa vie », et à l’agresser avec des armes blanches. « J’ai commencé à vivre l’enfer. Je me suis enfui et je suis retourné à Marrakech où je n’étais pas le bienvenu », poursuit-il. Rejeté par tous et désespéré, il a tenté de se suicider, mais a été sauvé par un ami qui l’a conduit rapidement à l’hôpital. Une fois rétabli, il est retourné dans la rue.

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Avec les 4 000 euros reçus après le partage de l’héritage par sa famille, il a décidé d’immigrer clandestinement en Espagne. Après six jours de trajet en mer, il est arrivé à Las Palmas dans un état critique, car il ne prenait pas ses antirétroviraux. Il a été admis à l’hôpital où il est resté pendant 20 jours au cours desquels il a fait une demande de protection internationale. Ce qui l’a conduit à Valence où il a passé deux mois et finalement au centre Saint Jean de Dieu à León. « Je suis très heureux en Espagne, même si parfois, je me sens pointé du doigt », assure Nabil qui suit des cours de langue et des formations pour s’insérer dans la vie active.

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