Maroc : l’amnistie fiscale 2024 a rapporté gros à l’État

5 janvier 2025 - 13h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

L’amnistie fiscale de 2024 au Maroc a rapporté plus de 100 milliards de dirhams. Un montant record qui reste à confirmer par les sources officielles.

Encore appelée « régularisation volontaire », l’amnistie fiscale visait à permettre aux contribuables marocains de se mettre en règle vis-à-vis du fisc. Au terme de la période d’un an qu’a duré l’opération, plus de 100 milliards de dirhams ont été déclarés à la date du 1ᵉʳ janvier 2025. Un montant record qui dépasse toutes les attentes, l’État marocain s’étant fixé un objectif de 5 milliards de dirhams. À l’arrivée, les résultats de l’amnistie fiscale 2024 font vingt fois ceux de l’édition de 2020.

L’opération a connu un franc succès en raison de l’engagement des banques marocaines qui ont mis en avant les avantages de cette régularisation pour leurs clients, les assurant par ailleurs de « la discrétion » de l’opération qui, selon le gouvernement marocain, vise à « lutter contre la fraude fiscale ». Les 100 milliards de dirhams déclarés sont répartis comme suit : 60 milliards en liquide déposés auprès des banques et 40 milliards sous forme d’acquisitions immobilières ou d’apports en comptes courants d’associés. Ce montant représente le quart de l’argent liquide en circulation au Maroc, estimé à quelque 430 milliards de dirhams par la banque centrale.

À lire : 100 milliards de dirhams : l’amnistie fiscale bat tous les records au Maroc

Les 100 milliards de dirhams déclarés se justifient par l’accumulation de l’argent liquide depuis 2020, expliquent des experts financiers interrogés par Le Monde, soulignant que ces fonds proviennent des aides financières dont avaient bénéficié plus de 4 millions de familles lors de la pandémie du Covid-19. D’après l’économiste Lhoucine Bilad, ce montant record s’explique aussi par la mise en place en 2021 de la contribution professionnelle unique, laquelle a favorisé une forte bancarisation, l’inflation et le renforcement des contrôles fiscaux.

De nombreux internautes ont réagi à ce montant record enregistré par l’amnistie fiscale 2024, évoquant un « capitalisme marocain » et reprochant aux Marocains de thésauriser au lieu d’investir. Pour d’autres, cette opération a révélé l’ampleur de la fraude fiscale au Maroc et vient confirmer, selon l’économiste Mehdi Lahlou, que la contrepartie du paiement de l’impôt, notamment « l’investissement public dans l’école et la santé », n’est pas assurée par l’État.

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