Attentats de Barcelone : un Marocain injustement détenu, libéré quatre ans plus tard

11 janvier 2022 - 15h20 - Espagne - Ecrit par : P. A

La justice espagnole vient d’ordonner la restitution à Salh El Karib, le propriétaire d’une téléboutiqueà Ripoll qu’auraient fréquenté les auteurs des attentats de Barcelone, des 15 000 euros et des ordinateurs saisis par la police lors de son arrestation. Le jeune homme a été libéré, sans procès ni condamnation, après avoir passé plus de quatre années en prison.

Salh El Karib avait été arrêté en tant que présumé complice des attentats de Barcelone. Après quatre ans et demi en détention, où il a subi toute l’enquête policière et judiciaire, il n’a jamais été appelé au banc des accusés et n’a pas été condamné, fait savoir El Confidencial. L’Audience nationale a finalement décidé de le libérer et de lui restituer « les 15 000 euros saisis dans le stand Ripoll qu’il tenait » ainsi que les effets récupérés dans l’entreprise et à son domicile où il avait été arrêté en présence de sa femme et de ses enfants.

Les 15 000 euros saisis étaient en coupures de 29 billets de 500 euros et cinq de 100. Quant aux objets saisis, il s’agissait de deux téléphones portables, d’une tablette, des reçus, des cartes prépayées, de deux cartes de crédit, d’un billet de train Lyon-Barcelone, d’un chèque de 50 euros, d’une carte mémoire, etc. Salh El Karib a été tenu au secret pendant la durée maximale de cinq jours prévue par la loi antiterroriste. Il n’avait jamais été arrêté auparavant.

À lire : Un Marocain serait derrière l’attentat de Barcelone

Selon les premiers éléments de l’enquête, le jeune homme aurait fourni des moyens logistiques aux djihadistes pour qu’ils se rendent au Maroc et en Belgique avant les attentats. Les enquêteurs ont pu démontrer que l’entreprise de Salh El Karib achetait des billets de voyage aux auteurs de ces actes terroristes, en échange d’une commission, mais n’était pas membre du réseau criminel et n’était pas au courant de leurs projets terroristes.

Dans sa décision du 27 décembre, l’Audience nationale a demandé à Salh El Karib de donner un numéro de compte sur lequel le montant saisi sera déposé. Mais de sources proches de l’intéressé, ce dernier n’aurait pas de compte bancaire. Le jeune homme d’origine marocaine se remet difficilement de cette mésaventure. Grâce à l’aide de certains compatriotes qui lui prêté 10 000 euros, il a pu rouvrir son commerce, sans matériel et sans la confiance des compagnies de téléphonie. Il attend que les objets saisis lui soient effectivement restitués pour prendre un nouveau départ.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Barcelone - Droits et Justice

Aller plus loin

Fara Chorfi, avocate belgo-marocaine acquittée en Suisse, récupère 60 millions

Fin de cauchemar en Suisse pour l’avocate belge d’origine marocaine, Fara (Farida) Chorfi. Accusée de blanchiment d’argent aggravé, considéré comme un crime dans ce pays, elle...

Attentats de Catalogne : réduction de peine pour deux Marocains

Le tribunal de grande instance de l’Audience nationale a annoncé mercredi la réduction de peine de dix ans de deux des trois condamnés du double attentat qui a fait 16 morts en...

Abdellah El Harif, dirigeant d’Annahj Addimocrati, libéré

Quelques heures après son arrestation dans un hôtel à Tanger dimanche 6 mars 2022, Abdellah El Harif, membre du bureau national du parti d’extrême-gauche d’Annahj Addimocrati, a...

Attentat de Barcelone : un enfant marocain toujours dans un état critique

L’attentat qui a touché la ville de Barcelone jeudi dernier a fait trois blessés du côté marocain, dont un enfant qui se trouve toujours dans un état critique.

Ces articles devraient vous intéresser :

La chanson « Enty » de Sâad Lamjarred devant la justice

Le compositeur Mohamed Rifai a assigné DJ Van en justice à cause de la chanson « Enty » interprétée par Saad Lamjarred en 2014.

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Maroc : un ministre veut des toilettes pour femmes dans les tribunaux

Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, s’est indigné face à l’absence de toilettes pour les femmes dans les tribunaux, ce qui selon lui constitue un « véritable problème » pour les détenues.

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

Maroc : un ancien diplomate accusé de prostitution de mineures risque gros

L’association Matkich Waldi (Touche pas à mon enfant) demande à la justice de condamner à des « peines maximales » un ancien ambassadeur marocain, poursuivi pour prostitution de mineures.

Prison : le Maroc explore les « jour-amendes »

L’introduction du système de jour-amende dans le cadre des peines alternatives pourrait devenir une réalité au Maroc. Une loi devrait être bientôt votée dans ce sens.

Plaintes de MRE : 96 % de satisfaction selon le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire

En 2022, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a traité près de 96 % des doléances présentées par les Marocains résidant à l’étranger (MRE), selon un rapport de l’institution. Sur un total de 527 plaintes déposées, 505 ont été traitées par...

Annulation des accords UE-Maroc : le Polisario jubile

Le Front Polisario a salué la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords de pêche entre l’UE et le Maroc, la considérant comme un « triomphe de la résistance ».

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.