Au Maroc, les oasis se meurent

17 septembre 2022 - 08h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Nombreuses sont les oasis qui sont en voie de disparition au Maroc à cause des sécheresses qui touchent le royaume. Certains assistent impuissants à la dégradation avancée de ces oasis qui faisaient partie de la route commerciale qui reliait les économies subsahariennes à l’Afrique du Nord et à la Méditerranée, tandis que d’autres tentent de sauver ce qui peut encore l’être.

Il ne reste pratiquement rien dans l’oasis de M’hamid El Ghizlane située dans le sud-est du Maroc. Les palmiers dattiers verts et luxuriants sont morts. La rivière qui traversait l’oasis toute l’année a laissé place à un sol fissuré et desséché. Des gazelles et moutons s’abreuvaient sur ses rives, ombragées par les denses palmeraies, se souvient Halim Sbai, professeur de musique et chef d’orchestre qui a vécu dans cette oasis. Il ne lui reste que des souvenirs. « Les sécheresses sont de plus en plus fréquentes. Les palmiers qui entourent l’oasis meurent les uns après les autres », dit-il.

À lire : L’oasis de Skoura se meurt

Naguère, les habitats oasiens étaient multicouches. Les palmiers dattiers fournissent de l’ombre pour d’autres cultures arables, comme le blé et les légumes, fait savoir The Washington Post. Le bétail paît sur les terres et subvient aux besoins des communautés. « Ce sont des systèmes qui ont résisté à tous les impacts du changement climatique au fil du temps », a déclaré Youssef Brouziyne, représentant de l’International Water Management Institute pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, faisant savoir que les scientifiques étudient les oasis pour comprendre comment rendre d’autres écosystèmes plus résilients. Mais un problème majeur le demeure : manque de pluie, ainsi que les nouveaux systèmes agricoles intensifs qui mettent en péril l’équilibre. « Quand le palmier meurt, l’oasis disparaît », note, de son côté, Aomar Boum, anthropologue à l’Université de Californie à Los Angeles, spécialisé dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

À lire : Maroc : la tranquillité de l’oasis de Figuig menacée

Le pire est envisageable. D’ici 2100, les précipitations annuelles devraient diminuer de 30 % dans les régions sahariennes, qui abritent de nombreuses oasis du pays. « L’assèchement du sol a contribué à la mort d’environ les deux tiers des 14 millions de palmiers dattiers du Maroc au cours du siècle dernier », précise le quotidien américain. Face à ce tableau sombre, les défenseurs de l’environnement ont lancé des initiatives pour restaurer les palmeraies et améliorer l’utilisation de l’eau disponible. À titre d’exemple : dans la ville de Skoura, les apiculteurs travaillent pour protéger l’abeille jaune en voie de disparition, qui est vitale pour la biodiversité unique de la région.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Environnement - Disparition

Aller plus loin

Maroc : la tranquillité de l’oasis de Figuig menacée

Les habitants de Figuig, une oasis historique enclavée aux confins du Maroc et de l’Algérie, font les frais des tensions entre les deux pays. Depuis le mercredi 17 mars, des...

L’oasis de Skoura se meurt

Située dans la région du Haut Atlas, l’oasis de Skoura est en danger à cause des effets du changement climatique, selon des spécialistes. Elle est l’une des rares encore habitée...

Les oasis marocaines en péril

Le Parlement marocain appelle à protéger les oasis de la région de Tata et d’autres régions du pays menacées par les incendies chaque été. Le groupe parlementaire du Parti...

Dakhla, une oasis au confluent de l’Atlantique et du Sahara

La nature a gratifié le Maroc d’une merveille aux larges de l’océan Atlantique. Il s’agit de la ville touristique de Dakhla, véritable oasis entre la Mer et le désert du Sahara.

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc entre dans la course mondiale aux métaux stratégiques

Alors que le monde connaît une forte concurrence en matière de terres rares et de métaux stratégiques, le Maroc apparaît comme un acteur clé.

Maroc : un lac en péril

Le problème de l’assèchement du lac Tamda dans la province d’Azilal préoccupe le député Saïd Atghlast qui a adressé une question écrite à la ministre du Tourisme, de l’artisanat, de l’économie sociale et solidaire à ce sujet.

BMW, Renault et Managem au cœur d’un scandale écologique au Maroc ?

Une enquête dévoile la pollution importante de certains villages marocains où sont déchargés des résidus miniers. BMW, Renault et la Managem, grande entreprise minière marocaine, sont pointés du doigt.

Maroc : des coupures d’eau envisagées

Alors que le Maroc subit actuellement sa sixième année de sécheresse consécutive, le gouvernement envisage de prendre des décisions radicales pour rationaliser l’eau potable.

Un frigo, 100% marocain, écologique et sans électricité

Un réfrigérateur en argile, qui fonctionne sans électricité et peut conserver les aliments pendant 15 jours. C’est l’invention créée il y a quelques années par Rawya Lamhar, une jeune ingénieure marocaine.

Autoroutes du Maroc : un nouveau projet passe mal

Anouar Benazzouz, directeur général de la Société nationale des autoroutes du Maroc, a annoncé le lancement d’un projet de reboisement des abords des autoroutes marocaines.

Déchets de l’Aïd al-Adha : un casse-tête pour les villes marocaines

Au Maroc, la gestion des déchets pendant la période de la célébration de l’Aïd al-adha reste l’un des défis que peinent à relever chaque année les autorités locales.

Maroc : les plages à éviter cet été

Le ministère de la Transition énergétique et du développement durable a récemment publié la liste des plages classées non conformes à la baignade pour la saison estivale qui s’annonce. En tout, 22 plages dont celle de Salé, très fréquentée par les...

Pastèques : le Maroc écrase la concurrence en Europe

Malgré les événements climatiques récurrents, le secteur de la pastèque au Maroc connaît une nette amélioration en termes de qualité et de volume cette saison au point d’écraser la concurrence européenne.

Malgré l’interdiction, les sacs plastiques persistent au Maroc

Malgré une loi qui interdit les sachets plastiques, les déchets continuent de polluer les rues du royaume. Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, appelle à un engagement collectif pour relever ce défi...