Ces investigations ont été lancées suite à des alertes de la part d’agents immobiliers et de notaires sur des opérations suspectes d’achat de biens immobiliers et de terrains abandonnés de grande valeur dans les provinces de Berrechid et Nouaceur, en périphérie de Casablanca. Selon les mêmes sources, des élus et promoteurs immobiliers achètent ces biens auprès d’héritiers de propriétaires étrangers et de Marocains résidant à l’étranger (MRE) et règlent les transactions à l’étranger, violant ainsi la réglementation en matière de change.
Les contrôleurs de l’Office des changes se concentrent sur une opération d’achat d’un petit lotissement immobilier situé dans une commune relevant de la province de Berrechid, entre l’héritière d’un ressortissant français et un conseiller municipal et promoteur immobilier. La transaction a été entièrement réglée en euros à l’étranger. Un célèbre promoteur immobilier a également acquis un terrain situé dans une zone stratégique d’une commune de la province de Nouaceur, et de l’argent au vendeur depuis l’Espagne.
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Des transferts illicites de fonds vers l’étranger avaient été signalés par des entreprises immobilières concurrentes, précisent les enquêteurs, ajoutant que l’analyse de récents achats immobiliers a révélé que ces montants de ces transactions ont été réglés en France, en Espagne, en Belgique et aux Pays-Bas. Les investigations ont été élargies pour déterminer des liens éventuels avec le blanchiment d’argent, d’autant que la plupart des entreprises visées sont actives dans d’autres secteurs tels que le change, les paiements, les transferts d’argent, le textile et l’habillement.
Les enquêteurs de l’Office des changes, en collaboration avec la Direction générale des impôts, ont passé au peigne fin les déclarations comptables ainsi que les relevés de virements bancaires des entreprises visées et appartenant à des élus et promoteurs immobiliers, découvrant l’existence de montants non déclarés dans le cadre d’achats et de constitution de stocks immobiliers, collectés en devises étrangères à l’étranger, et des déclarations de montants équivalents ou supérieurs aux prix de référence des biens, visant à tromper la vigilance des services de contrôle de l’administration fiscale et de l’autorité de change.