L’un des points de friction actuels entre l’Espagne et le Maroc concerne la réouverture des douanes commerciales de Melilla et l’ouverture d’un bureau de douane à Sebta, conformément à l’accord signé à Rabat en avril. Mais l’installation de ces douanes signifierait pour le Maroc une reconnaissance tacite de l’espagnolité des deux villes autonomes qu’il ne cesse de revendiquer. Conscient de cette réalité, le royaume semble ne pas collaborer pour la réalisation de ces douanes, fait savoir El Mundo, précisant qu’en 15 mois, il n’y a que trois exportations de l’Espagne vers le Maroc et une importation du Maroc vers l’Espagne.
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S’ajoute à cette question en suspens, la récente déclaration du Maroc concernant Ceuta et Melilla qu’il considère comme des « villes marocaines » dans une correspondance à Margaritis Schinas, le vice-président de la Commission européenne pour l’immigration. Le ministère espagnol des Affaires étrangères a adressé une note verbale à l’ambassade du Maroc à Madrid pour condamner fermement ces propos. « Tout diplomate qui connaît le Maroc sait qu’il ne cessera jamais de revendiquer Ceuta et Melilla. Il les revendique de temps en temps, toujours et indépendamment de tout accord », affirme un expert.
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En avril dernier, le président du Sénat marocain, Enaam Mayara, avait déclaré que le royaume finirait par « récupérer » les « villes occupées » sans avoir à « recourir aux armes ». Dans ce contexte de tensions latentes, le Maroc a expulsé samedi deux avocates espagnoles du Sahara. Elles s’étaient rendues à Laâyoune pour une mission d’observation de la situation des droits de l’homme. Aucune réaction officielle du ministère espagnol des Affaires étrangères pour dénoncer cette situation n’a été enregistrée. « Le Maroc est un partenaire compliqué et la relation peut se dégrader avec un simple geste, c’est pourquoi il s’en accommode », explique l’expert.
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Le Maroc attend les résultats des élections anticipées en Espagne pour savoir ce qu’il adviendra de la feuille de route convenue avec Pedro Sanchez qui, dans un souci de bon voisinage, a abandonné la neutralité historique de l’Espagne sur le Sahara. Dans tous les cas, ni le Parti populaire (PP) ni le parti socialiste (PSOE) ne souhaite avoir des relations tendues avec le Maroc. Le président du PP, Alberto Núñez Feijóo, a déclaré qu’il travaillerait à renforcer les relations avec le Maroc et à rétablir celles avec l’Algérie s’il accédait à la Moncloa.