Comment expliquer la flambée des prix de la tomate au Maroc ?

12 décembre 2023 - 14h30 - Economie - Ecrit par : S.A

Hausse des prix, production, exportation, régulation du marché. Au Maroc, d’énormes défis s’imposent à la filière tomate.

La tomate est de plus en plus chère au Maroc. Un kilo de tomate dépasse les 14 dirhams. Dans une déclaration à l’hebdomadaire L’Observateur du Maroc et d’Afrique, Abderrazak Echabbi, secrétaire général de l’association du marché de gros des fruits et légumes, explique que l’exportation de la tomate est à l’origine de cette flambée. Il pointe également la discordance entre l’offre et la demande, notamment due à l’exportation massive vers l’Afrique, mais aussi la non-application de normes de calibre et de qualité sur le continent africain qui « aggrave la situation ».

À lire : La tomate marocaine touchée par un virus

Actuellement, une caisse de tomates au marché de gros coûte 350 dirhams pour 29 ou 30 kg et le prix du kilogramme sortie ferme, se négocie à 12 dirhams, fait savoir le professionnel. « Avant, l’Europe s’approvisionnait en fonction de normes de qualité spécifiques, et malgré cela, l’offre était adéquate. Aujourd’hui, ce qui est consommé localement est la même catégorie exportée, tandis que le reste est destiné à la consommation locale », précise-t-il.

À lire : Tomate française : le combat perdu d’avance face au Maroc (vidéo)

Même si une tomate est vendue à 14 dirhams le kilo, certains vendeurs en sortent perdants en raison de marges bénéficiaires réduites et de charges élevées. « Lorsque la tomate est vendue à 2 dirhams, le coût d’une pièce défectueuse ne dépasse pas les 0,10 centimes, ce qui n’impacte pas significativement la marge de profit. Cependant, jeter une pièce alors que le kilogramme a été acheté à 10 dirhams entraîne des pertes de 1 à 2 dirhams, augmentant ainsi les charges et réduisant la marge bénéficiaire », détaille-t-il, préconisant par ailleurs le gel des exportations.

À lire : Tomate : le Maroc pourrait à terme dépasser les Pays-Bas

Pour le président de la Fédération Interprofessionnelle Marocaine de la Production et de l’Exportation de Fruits et Légumes, Lahoucine Aderdour, il y a lieu de relever les défis de la production. « Le secteur a été durement touché par un virus affectant certaines fermes à Agadir, en plus des conditions climatiques défavorables. Cette combinaison a entraîné une réduction significative de la production, impactant directement l’approvisionnement sur le marché », fait-il savoir. Aux yeux d’Aderdour, le gel des exportations ne garantit pas une baisse de prix. Selon lui, les tomates exportées ne correspondent pas à celles demandées localement, en particulier pour les tomates cerises, qui sont largement exportées. Et d’insister : « si les autres variétés sont rares sur le marché, cela n’est pas directement lié à l’exportation ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Agriculture - Prix - Alimentation

Aller plus loin

Maroc : les tomates, encore plus chères

Après une courte période de stabilité, le prix de la tomate a enregistré une nouvelle hausse au Maroc, atteignant jusqu’à 14 dirhams environ le kilo dans certaines villes comme...

Des agriculteurs marocains détruisent leurs récoltes de légumes

Des agriculteurs dans la région de Doukkala ont procédé à la destruction d’une partie de leurs récoltes de légumes, notamment de tomates, en raison de la baisse de la demande.

Tomate française : le combat perdu d’avance face au Maroc (vidéo)

Les producteurs de tomates en France traversent une période d’anxiété, confrontés à une concurrence accrue des produits importés. Plus de 40 % des tomates consommées dans le...

Tomate : le Maroc pourrait à terme dépasser les Pays-Bas

Environ 20 % des producteurs néerlandais de tomate ont arrêté de travailler en hiver en raison de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine. Une situation qui...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : appels à interdire la culture de la pastèque

Au Maroc, les défenseurs de l’environnement appellent à l’interdiction totale de la culture de la pastèque, très gourmande en eau.

Les dattes algériennes dangereuses pour la santé ?

L’inquiétude enfle quant à la qualité des dattes algériennes importées au Maroc. Dr. Hassan Chtibi, président de l’Association de protection du consommateur, alerte sur les risques sanitaires liés à la consommation de ce produit prisé par les Marocains.

L’Aïd al-Adha 2025 au Maroc en péril

Au Maroc, le cheptel local a été fortement impacté par sept années de sécheresse au point où la célébration de l’Aïd al-adha 2025 est menacée.

L’avocat marocain séduit l’Europe

La sécheresse et la saturation des marchés européens sont loin de produire un impact négatif sur les exportations marocaines d’avocat. Celles-ci ont, pour la première fois, enregistré un record historique.

Maroc : les exportations de pastèques en chute libre

Les exportations marocaines de pastèques ont connu une baisse record au cours des dix premiers mois de 2024, atteignant seulement 113 500 tonnes, soit le niveau le plus bas depuis 2017. La sécheresse persistante et les restrictions de culture dans...

L’export d’oranges marocaines menacé

La filière des agrumes au Maroc est confrontée à d’énormes difficultés liées à la baisse de production du fait de la rareté des précipitations, ce qui affecte sa présence sur les marchés internationaux.

Casablanca : des champs irrigués aux eaux usées

Les éléments de la Gendarmerie royale de la préfecture de Nouaceur relevant de la région de Casablanca-Settat ont procédé dimanche à la saisie des pompes à eaux illégalement installées par certains agriculteurs pour irriguer leurs terres agricoles avec...

L’avocat : l’or vert qui assoiffe le Maroc

La culture de l’avocat nécessite une importante quantité d’eau. Au Maroc, des voix s’élèvent pour appeler à l’interdiction de cette culture, en cette période de sécheresse sévère et de stress hydrique.

Aïd Al-Adha au Maroc : alerte sur les viandes vertes

Redoutant le verdissement des viandes à cause des fortes températures au Maroc et les maladies qui pourraient en découler, des experts appellent les consommateurs à la vigilance lors de la célébration de l’Aïd al-Adha.

Alerte au miel « aphrodisiaque » en vente au Maroc

Du « miel aphrodisiaque » ou du « miel de virilité » inonde le marché marocain et inquiète le Syndicat des professionnels de l’apiculture au Maroc.