Un Marocain, homosexuel, demande l’asile politique en Bosnie
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Fille à la naissance, Eden Ghali, 27ans, est devenue un jeune transgenre belgo-marocain, militant des droits humains et fondateur de Moroccan Transmen Community. Il raconte son histoire.
Toute sa vie, Eden Ghali avait ressenti la détresse de devoir affirmer sa féminité. Il a toujours eu l’impression d’être un garçon dans un corps de fille. « J’avais l’impression d’être obligé d’être dans le corps de quelqu’un d’autre », raconte-t-il à openDemocracy. Il ressentait un mal-être et souffrait de dépression. « Dans mon travail, mes collègues et amis m’ont accepté tel que je suis, mais ma dépression est venue du Maroc et des gens qui vivent au Maroc », confie celui qui vit en Belgique depuis huit ans.
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Au Maroc, il ne fait pas bon être homosexuel ou transgenre. Eden a vu en Belgique une terre, où il peut vivre en toute liberté et assumer sa véritable nature. C’est à Louvain-la-Neuve, la plus grande université francophone du pays, qu’il a vu pour la première fois des personnes trans marcher fièrement et en toute sécurité. Il y a alors eu comme un déclic en lui. Il a commencé à faire des recherches sur la transition. Avant, il pensait que « c’était un rêve » qu’il ne « réaliserait jamais ».
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Un autre fait le marque et le pousse à s’engager dans une transition. En mars 2020, lors du premier confinement, la mère d’Eden a répété un commentaire négatif d’un membre de la famille sur son apparence. Ils ont dit qu’il avait les cheveux courts, qu’il ne portait pas de jupes et qu’il avait fait honte à la famille. « C’est là que j’ai dit à ma mère : ‘Je suis transgenre’. » Les commentaires sur son apparence ont fait empirer sa dépression. « J’avais deux choix : commencer ma transition ou me suicider », se souvient-il. Il a décidé d’entamer la transition – un processus soigneusement suivi par des médecins privés belges.
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En parallèle, il crée la Communauté transgenre marocaine sur Instagram et devient militant des droits humains. « Je ne veux pas que les enfants transgenres ressentent la même chose que moi quand j’étais enfant. » Eden a partagé sa transition étape par étape, de ses premières injections de testostérone en décembre 2020 à sa double mastectomie en août dernier. Il a partagé à la fois les défis des traitements hormonaux et chirurgicaux qu’il subissait, et la joie de se rapprocher physiquement de l’homme qu’il a toujours su qu’il était. Pour le jeune transgenre belgo-marocain, exister visiblement et fièrement en tant qu’homme trans est un acte de résistance en soi.
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Mais il ne sera pas reconnu comme tel au Maroc. Chose qui l’attriste profondément. « Je suis vraiment très triste parce que je suis un homme en Belgique. Mais au Maroc, son nom de fille et son sexe féminin figurent toujours sur ses papiers (d’identité). Il risque la prison s’il retourne dans le royaume. Eden affirme qu’il connaît des personnes trans qui ont été arrêtées en vertu de l’article 489 du Code pénal – s’applique aux actes homosexuels-, même si l’orientation sexuelle n’est pas directement liée à l’identité de genre.
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