Eden Ghali, jeune belgo-marocain transgenre, partage son histoire

28 avril 2022 - 19h00 - Belgique - Ecrit par : S.A

Fille à la naissance, Eden Ghali, 27ans, est devenue un jeune transgenre belgo-marocain, militant des droits humains et fondateur de Moroccan Transmen Community. Il raconte son histoire.

Toute sa vie, Eden Ghali avait ressenti la détresse de devoir affirmer sa féminité. Il a toujours eu l’impression d’être un garçon dans un corps de fille. « J’avais l’impression d’être obligé d’être dans le corps de quelqu’un d’autre », raconte-t-il à openDemocracy. Il ressentait un mal-être et souffrait de dépression. « Dans mon travail, mes collègues et amis m’ont accepté tel que je suis, mais ma dépression est venue du Maroc et des gens qui vivent au Maroc », confie celui qui vit en Belgique depuis huit ans.

À lire : Au Royaume-Uni, un homosexuel marocain défend les droits LGBT et BAME

Au Maroc, il ne fait pas bon être homosexuel ou transgenre. Eden a vu en Belgique une terre, où il peut vivre en toute liberté et assumer sa véritable nature. C’est à Louvain-la-Neuve, la plus grande université francophone du pays, qu’il a vu pour la première fois des personnes trans marcher fièrement et en toute sécurité. Il y a alors eu comme un déclic en lui. Il a commencé à faire des recherches sur la transition. Avant, il pensait que « c’était un rêve » qu’il ne « réaliserait jamais ».

À lire : Malaga : des homosexuels marocains agressés parce qu’ils faisaient « honte »

Un autre fait le marque et le pousse à s’engager dans une transition. En mars 2020, lors du premier confinement, la mère d’Eden a répété un commentaire négatif d’un membre de la famille sur son apparence. Ils ont dit qu’il avait les cheveux courts, qu’il ne portait pas de jupes et qu’il avait fait honte à la famille. « C’est là que j’ai dit à ma mère : ‘Je suis transgenre’. » Les commentaires sur son apparence ont fait empirer sa dépression. « J’avais deux choix : commencer ma transition ou me suicider », se souvient-il. Il a décidé d’entamer la transition – un processus soigneusement suivi par des médecins privés belges.

À lire : Un migrant marocain, homosexuel, demande l’asile à Ceuta

En parallèle, il crée la Communauté transgenre marocaine sur Instagram et devient militant des droits humains. « Je ne veux pas que les enfants transgenres ressentent la même chose que moi quand j’étais enfant. » Eden a partagé sa transition étape par étape, de ses premières injections de testostérone en décembre 2020 à sa double mastectomie en août dernier. Il a partagé à la fois les défis des traitements hormonaux et chirurgicaux qu’il subissait, et la joie de se rapprocher physiquement de l’homme qu’il a toujours su qu’il était. Pour le jeune transgenre belgo-marocain, exister visiblement et fièrement en tant qu’homme trans est un acte de résistance en soi.

À lire : Quand Casablanca était la cité des transexuels

Mais il ne sera pas reconnu comme tel au Maroc. Chose qui l’attriste profondément. « Je suis vraiment très triste parce que je suis un homme en Belgique. Mais au Maroc, son nom de fille et son sexe féminin figurent toujours sur ses papiers (d’identité). Il risque la prison s’il retourne dans le royaume. Eden affirme qu’il connaît des personnes trans qui ont été arrêtées en vertu de l’article 489 du Code pénal – s’applique aux actes homosexuels-, même si l’orientation sexuelle n’est pas directement liée à l’identité de genre.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Belgique - Homosexualité Maroc

Aller plus loin

Une Marocaine, grand-tante à 25 ans, fait le buzz

Syria Bouker, une jeune marocaine de 25 ans, raconte dans une vidéo diffusée sur TikTok comment elle est devenue la grand-tante d’une adolescente de 16 ans. L’histoire est...

Un Marocain, homosexuel, demande l’asile politique en Bosnie

Un Marocain homosexuel a quitté le royaume, en quête d’un asile politique dans un pays européen. Expulsé d’Italie, il s’est retrouvé en Bosnie où il espère pouvoir obtenir gain...

Lilia, Marocaine et transgenre : Combat pour la reconnaissance

Lilia (nom d’emprunt) est un homme « épanoui » en tant que femme. Âgée de 36 ans, la Parisienne d’origine marocaine, référente en milieu hospitalier, est une personne...

Quand Casablanca était la cité des transexuels

Casablanca n’est pas que la ville réputée pour être la plus grande maison close à ciel ouvert du monde à l’époque coloniale, c’est aussi le lieu où les opérations transgenres...

Ces articles devraient vous intéresser :

« Comment sortir du monde ? », le premier roman poignant de Marouane Bakhti

« Comment sortir du monde ? » C’est le titre du tout premier roman du Franco-marocain Marouane Bakhti, paru aux Nouvelles Éditions du réveil en mars 2023. Il y raconte la vie, telle qu’elle vient, dans une famille biculturelle. Un récit éblouissant.

Maroc : une série télévisée accusée de faire l’apologie de l’homosexualité

La série « 2 wjoh » (deux visages) aborde-t-elle l’homosexualité ? C’est en tout cas ce que semblent dénoncer de nombreux internautes sur les réseaux sociaux après la diffusion d’un extrait du teaser de la série qui sera diffusée tous les jours à 19h45...

« Deux hommes ou deux femmes ne peuvent pas décider de passer leur vie ensemble au Maroc »

Dans son film Le bleu du caftan, la cinéaste marocaine Maryam Touzani aborde plusieurs sujets notamment l’homosexualité au Maroc, où les homosexuels vivent souvent cachés, dans la peur d’être découverts, et parfois dans la honte.

Des conseils pour les LGBT désireux de se rendre au Maroc

Habituée des voyages, une lesbienne prodigue des conseils sécurité aux membres de la communauté LGBT désireux de voyager au Maroc et dans d’autres pays comme la Russie.

Le Maroc s’inquiète de « l’influence croissante des homosexuels »

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice et secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), s’est exprimé une fois de plus sur l’homosexualité. Au Maroc, les pratiques homosexuelles restent punies par la loi.

Écoles françaises au Maroc : polémique sur l’homosexualité

Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement primaire et des Sports, s’est exprimé sur l’adoption par des institutions éducatives étrangères au Maroc de programmes promouvant l’homosexualité.